24 Novembre – Journée paperasse
Celui qui réside à l’étranger jouit de l’agréable privilège de pouvoir comparer l’efficacité de deux administrations : celle de son pays d’origine, par l’intermédiaire de son Consulat (et non pas de l’Ambassade !!), et bien sûr celle de son pays d’accueil par l’intermédiaire de tout un tas de services divers et variés tels que l’immigration et les impôts, pour ne citer que les principaux. Il peut même arriver qu’il faille solliciter ces deux administrations pour une seule et même démarche, ce qui est le cas pour le permis de conduire, principal sujet de ce billet.
Je devais, en effet, renouveler mon permis de conduire arrivé à échéance et l’exercice du jour consistait, dans un premier temps, à me rendre au Consulat de France de Bangkok pour y récupérer un Certificat de résidence (demandé par courriel 10 jours à l’avance et confirmé par les services dudit Consulat), et ensuite à affronter les looooooongues files d’attente et les formulaires rédigés dans un anglais incertain du Bureau des transports, l’organisme chargé de la délivrance et du renouvèlement du permis de conduire.
En effet, la durée de validité du permis de conduire thaïlandais est de 5 ans, après quoi il faut demander son renouvèlement et présenter à cet effet un certain nombre de documents (en théorie seulement 4, mais on ne sait jamais…).
J’avais téléphoné quelques jours avant pour me faire confirmer la liste des documents à produire, mais connaissant la variabilité fantaisiste des réponses obtenues, lesquelles dépendent très souvent de l’heure à laquelle sont posées les questions, du nombre de piments dans le Tom Yam, de la forme des nuages et de tout un tas d’autres facteurs qui nous sont totalement inaccessibles à nous, ignares d’occidentaux, j’ai toujours l’habitude de prévoir dans ma sacoche le “papier manquant” que je manque pas de sortir (cliquez pour voir de quoi il s’agit !!) lorsque j’estime que le fonctionnaire en face de moi a suffisamment d’humour, ce qui est souvent le cas avec les administrations thaïlandaise qui pratiquent la culture du “sanook”.
Parmi les documents à produire, il y a un Certificat de résidence délivré par le Consulat. C’était donc l’objet de ma première démarche du jour, à savoir récupérer ce certificat que j’avais demandé au Consulat par courriel une dizaine de jours avant, ce même Consulat qui avait confirmé par retour que ledit certificat serait prêt à l’accueil.
Après presque 2 heures d’embouteillages, je me présente enfin à l’accueil du Consulat et là surprise : pas de certificat !!
Le petit local d’accueil était plein à craquer, enfants sur les genoux des adultes, plusieurs personnes debout et la secrétaire – qui gardait un calme olympien impressionnant au milieu du chaos ambiant – tentait désespérément de jongler entre les pannes informatiques, les documents supposés prêts qui ne l’étaient pas, les rendez-vous non notés et tout un tas d’autres petits incidents qui semblaient découler directement de la fameuse Loi de Murphy et qui n’avaient rien, mais absolument RIEN à voir avec le dosage du piment dans le Som Tam. Après presque 2 heures d’attente et un petit haussement de ton (il faut parfois !), j’ai finalement obtenu le précieux document en ayant découvert que la nouvelle équipe du Consulat était encore en phase de rodage et que quelques semaines de pratique ne seraient pas superflue pour atteindre l’efficacité à laquelle nous avait habitué l’équipe précédente (il y a renouvèlement tous les 3-4 ans environ).
Ce billet est aussi une bonne occasion pour indiquer/rappeler les formalités à remplir pour obtenir ce que tout conducteur de véhicule doit obligatoirement posséder s’il vit en Thaïlande plus de 3 mois par an (limite de validité du permis international).
Permis de conduire thaïlandais
Avant Après
Il existe un permis distinct par catégorie de véhicule : automobile, motocyclette, camion, transport en commun, etc. Pour un étranger qui possède déjà un permis dans son pays d’origine, il peut obtenir le permis thaï par équivalence en présentant son permis international, en plus d’autres documents. Ce premier permis est un permis dit provisoire qui est valable un an, après quoi on se voit délivrer un permis définitif valable 5 ans et donc à renouveler tous les 5 ans.
Le permis provisoire est valable EXACTEMENT un an (pas un an – 1 jour et pas un an + 1 jour !!). À l’époque, je voulais le renouveler quelques jours à l’avance mais on me l’avait refusé : il faut venir le jour même.
– Et si on vient le lendemain ?
– Alors il n’est plus valable et il faut recommencer toutes les démarches (implacable logique bureaucratique !).
Le permis définitif, par contre, est valable jusqu’à la date d’anniversaire de son détenteur 5 ans plus tard. Mon “ancien” permis de 5 ans datant du 9 mars 2006, il était donc valable jusqu’au 18 novembre 2011. Contrairement au permis provisoire, le permis définitif peut être renouvelé jusqu’à 3 mois à l’avance de la date d’échéance et le fait de venir quelques jours en retard (pas trop quand même !!) n’oblige pas l’intéressé à recommencer toutes les démarches, surtout pendant une période d’inondations catastrophiques accompagnées de son cortège de routes coupées.
Les pièces à produire sont :
– L’ancien permis
– Une copie du passeport (présenter l’original)
– Une copie du visa longue durée (les visas de courte durée n’ont droit qu’au permis provisoire)
– Une attestation de résidence (délivrée par le Consulat) ou, le cas échéant, une copie du Work Permit
– Pas de photo (ah bon ? pas de photo ? – ben non, elle est prise sur place. Il faut donc venir coiffé )
Il faut ensuite passer une petite série de tests (vision des couleurs, réflexes, etc.), assister à une projection d’une heure sur la sécurité routière (sans commentaire…) et on ressort avec un permis tout neuf au format carte de crédit (ci-dessus les deux modèles de permis “5 ans”).
3 Juillet – Élections en Thaïlande
Voila plusieurs semaines que la campagne électorale a été lancée et que des affiches ont commencé à garnir les murs. Chaque liste compte 6 membres qui déploient des trésors d’imagination pour séduire leurs électeurs potentiels. Entre ceux qui proposent une journée “free style” au cours de laquelle l’uniforme sera facultatif, ceux qui souhaitent plus de diversité dans les repas de la cantine ou d’autres encore qui voudraient des sacs à roulettes pour tout le monde, qui saura réunir la majorité des votes parmi les 250 électeurs de 6 à 18 ans ?
Réponse en fin de semaine prochaine !!
Vous l’aurez compris, il s’agit ici des élections du comité des élèves de l’école des filles qui se déroulent en parallèle avec les “vraies” élections pour lesquelles plus de 40 millions de Thaïlandais sont appelés aujourd’hui aux urnes.
Un scrutin sous très haute surveillance en raison du contexte particulier et des vives tensions qui existent au sein d’une population encore peu habituée aux règles du jeu démocratique et du débat contradictoire (il n’y a pas eu de rencontre télévisée entre les deux principaux candidats).
Il s’agit aujourd’hui d’élections dites générales au cours desquelles la population élit ses représentants au parlement. Le parlement se compose de 500 membres : 375 issus des 375 circonscriptions et 125 appartenant au parti majoritaire. Le parlement devra ensuite élire un premier ministre qui aura la charge de former un gouvernement.
Le vote est obligatoire en Thaïlande : celui ou celle qui ne vote pas ne peut pas se présenter à un emploi dans la fonction publique et ne peut pas être élu, pas même maire d’un village. Il n’y a pas de carte d’électeur : les gens votent au bureau rattaché à leur domicile officiel sur présentation de leur carte nationale d’identité et après vérification de l’inscription de leur nom sur la liste électorale. Il s’agit d’un vote à bulletin secret où les électeurs cochent la case correspondant à leur choix sur un bulletin qu’ils déposent ensuite dans l’urne.
Le scrutin se déroule en un seul tour au cours duquel les électeurs doivent exprimer deux votes : un premier pour élire leur député (les 375 sièges associés aux 375 circonscriptions et qui représentent environ 170 000 personnes chacun) et un deuxième pour élire leur parti préférentiel (les 125 sièges restants). En pratique, il n’est donc pas impossible que quelqu’un vote pour un député d’un parti donné du fait de ses réalisations passées dans la circonscription concernée et choisisse ensuite un autre parti politique qu’il souhaite voir majoritaire au parlement.
Nous sommes, ou plus exactement Pong est allée voter à Ban Luang, là où nous avons notre maison, l’occasion aussi de voir quelques amis. L’ambiance était sérieuse mais restait détendue dans ce milieu rural où tout le monde se connaît et où certains taquinaient leurs voisins en lui demandant, en levant l’index, s’il/elle avait bien voté. Le tableau ci-dessous se trouve à l’entrée du bureau de vote et affiche les candidats de la circonscription ainsi que la liste des électeurs.
Le bureau de vote est tenu par les élus locaux, avec la présence du policier du village et de quelques observateurs extérieurs. Chaque électeur présente sa carte d’identité, on vérifie si son nom est bien inscrit sur la liste qu’il/elle émarge alors, avant de recevoir les deux bulletins de vote prépliés qu’il/elle emporte ensuite dans l’isoloir pour cocher sur chacun la case correspondant à son choix. Le bulletin est ensuite replié à l’original puis déposé dans une urne scellée. Le décompte a lieu à partir de 15H00, heure de la fermeture officielle des bureaux.
Je crois qu’il y a plus de 40 partis qui se présentent à ces élections, dont deux qui occupent nettement le devant de la scène : les démocrates représentés par l’actuel premier ministre, à tendance plutôt conservatrice et très proches de l’aristocratie traditionnelle et de la bureaucratie, et le Pue Thai représenté par une femme qui n’est autre que la sœur de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawat (que j’avais présenté succinctement dans le contexte des violences d’il y a deux ans), à tendance nettement réformatrice (un peu trop aux yeux de certains !!). Les autres partis en liste ne représentent qu’un faible pourcentage des voies, mais peuvent chercher des alliances juteuses avec l’un des deux gros qui n’obtiendrait pas la majorité des sièges, ce qui s’est notamment passé avec le gouvernement démocrate actuel.
Ces petits partis rivalisent eux aussi d’imagination pour attirer les électeurs indécis, l’un d’eux propose 100 000 Bahts de remise à quiconque achète une voiture neuve, l’autre annonce clairement que quel que soit le résultat il veut rester dans l’opposition. Un groupe appelle également au vote nul, considérant que toute la classe politique est corrompue (il n’a pas tout à fait tort, mais le vote nul est compté comme… nul !).
Parmi les deux gros, l’un a articulé l’essentiel de sa campagne autour d’un argument imparable : “votez pour nous parce que les autres sont méchants”. L’autre, bien qu’inexpérimentée en politique (ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose !!) a présenté un programme avec des objectifs concrets qui, si elle suit la ligne de son frère, devraient tous être réalisés.
Attendons maintenant les résultats officiels…
23 Juin – Lettre de Nicolas Sarkozy
Fin de la semaine dernière, coup de téléphone de l’Ambassade de France à Bangkok :
– Bonjour, pourriez-vous venir prochainement avec votre épouse ?
Rendez-vous est alors fixé ce mercredi 22 juin vers 11H45 (vendredi ça n’allait pas et jeudredi non plus !!).
Nous voici donc rendus au bord du Chao Praya,
Avec une heure d’avance comme il se doit,
Ce qui nous laisse assez de temps pour déguster,
En face de l’ambassade, un succulent café.
Ouaaaah !! C’est de moi ? C’est sorti spontanément !!
Bon, la suite…
Nous avions beau faire durer le café en discutant avec notre voisin de table, un thaï qui travaille pour une agence de visas qui a cru constater que les visas pour l’Europe sont de plus en plus difficiles à obtenir pour les asiatiques alors que les “islams” (je cite !) peuvent l’avoir très facilement, pour ensuite flâner entre les bâtiments de l’ancien poste de douane de la fin du XIXème siècle qui sert régulièrement de décor pour des séances de photographie et qui fait aujourd’hui encore office de logements de fonction pour les membres de la police fluviale (cliquez sur la photo), la vitesse relative d’écoulement du temps, comme souvent dans des cas similaires, restait désespérément inversement proportionnelle à l’importance de l’information que nous allions recevoir à l’Ambassade.
En effet, mon épouse était convoquée pour recevoir une lettre du président de la République Française !!
Il s’agissait en fait de l’aboutissement de plusieurs mois de démarches et d’une demande que nous avions déposée en octobre de l’année dernière avec pour résultat aujourd’hui que Pong a officiellement acquis la nationalité française.
Elle a ainsi reçu un dossier complet dans lequel se trouve cette fameuse lettre du Président de la République (cliquez pour agrandir !), un courrier dans lequel il évoque les droits inhérents à citoyenneté, mais aussi les devoirs qui en découlent.
En effet, si on entend très souvent, à mon avis trop souvent, les gens de tous bords revendiquer leurs droits, je n’ai pas souvenir avoir vu un seul manifestant, aussi légitime que puisse être la cause de son mécontentement, évoquer ses devoirs. Je vous invite à lire à ce sujet le billet “J’ai le droit” sur le blog de mon cousin Marc.
Le dossier contenait également un certificat de nationalité française ainsi qu’une copie de la constitution de la Vème République, un petit guide de la citoyenneté et quelques strophes de la Marseillaise (vous savez, l’hymne national français qui a été composé en Alsace !!).
Mais revenons à présent à la procédure de naturalisation dans le cadre d’un mariage, une démarche qui devrait certainement intéresser plusieurs de mes lecteurs qui sont dans notre cas.
Avant d’aller plus loin il me semble très important de casser certaines légendes urbaines et de préciser un aspect crucial de la législation thaïlandaise : aucun article du code thaïlandais de la nationalité n’interdit à un citoyen thaïlandais de posséder une autre nationalité ni n’impose de renoncer à sa citoyenneté thaïlandaise pour pouvoir conserver et/ou acquérir une autre nationalité !!
Mais comme le précise le guide que nous avons reçu : à l’extérieur du territoire national, le droit qui s’applique est celui de la protection diplomatique, sauf pour les doubles nationaux dans le pays de leur autre nationalité. En clair, Pong ne pourra se prévaloir de sa nationalité française qu’à l’extérieur de la Thaïlande, ce qui me semble tout à fait logique.
La procédure en elle-même n’est pas très compliquée, il s’agit de réunir un certain nombre de documents relatifs à l’état civil (acte de mariage, actes de naissance des époux, mais aussi des enfants et des parents afin de prouver la nationalité française du conjoint). Pour ceux qui résident à l’étranger, la demande peut être déposée après 5 ans de mariage (contre 4 ans en France) en produisant également tous les justificatifs de vie commune appropriés (compte commun, avis d’imposition, etc.). Les personnels de l’Ambassade sont très professionnels et apportent une aide précieuse dans l’établissement du dossier.
Une fois le dossier complet, il faut le déposer à l’Ambassade et c’est la date de dépôt du dossier qui est retenue comme date de déclaration de la nationalité française par la demanderesse / le demandeur. Un rendez-vous est alors pris pour une évaluation de la connaissance de la langue française. Je dois avouer que c’est ce point qui nous inquiétait le plus, car nous vivons en Thaïlande depuis presque 7 ans et que les occasions de pratiquer la langue de Serge sont plutôt rares. De plus, même pendant les 5 années en France, nous avions toujours gardé l’habitude de dialoguer en anglais qui était aussi la langue de travail de Pong au moment où je l’ai connue alors qu’elle travaillait pour une société…. française !!
Mais ce test n’est pas éliminatoire et si les connaissances sont jugées insuffisantes au moment du premier entretien, un deuxième rendez-vous est fixé quelques mois plus tard. Pour notre part, Pong avait suivi des cours intensifs de français pendant notre séjour à Chiang Mai et les progrès réalisés ont été appréciés à leur juste valeur par la personne de l’Ambassade chargée de faire passer les entretiens.
Le dossier est ensuite transmis au Ministère de l’intérieur et la décision est rendue dans un délai d’un an à compter de la date de dépôt de la déclaration (dans notre cas, nous l’avions déposée en octobre et nous avons eu la réponse en juin, soit 8 mois plus tard).
Résultat : il faudra trimballer 7 passeports pendant notre prochain voyage !!
10 Mars – Peinture, impôts et rat
Un titre “en vrac”, un peu à l’image de notre journée multitâches consacrée à régler différentes affaires avant notre départ. Nous sommes en effet à une semaine de notre prochain voyage chez nos amis montagnards (je vous en dirai plus à ce sujet dans un prochain billet et j’en profite en passant pour remercier celui qui m’a fait parvenir un colis de médicaments – 1 semaine seulement par la poste depuis la France !!) et il va sans dire que notre emploi du temps est plus que serré.
Je ne m’attarderai pas sur le “rituel annuel” et vous invite à consulter mon billet de l’année dernière à ce sujet >ICI<. À part le maillot porté par l’inspectrice et quelques subtilités toujours aussi insondables au niveau des déductions possibles, il n’existe pas beaucoup de différences d’une année sur l’autre et l’objet de notre visite d’aujourd’hui était tout simplement le paiement. Cette action, à savoir la remise d’un chèque, ne devrait en principe prendre que quelques secondes, le temps de vérifier le montant et d’imprimer le reçu correspondant, mais elle est bien évidemment précédée et suivie de tout ce qui fait le charme de la Thaïlande en général et du bureau des impôts de Don Tum en particulier : la “Thaï-itude” (que les anglophones appellent “Thai-ness”). Pour résumer, je dirais que tout doit se passer avec le sourire, dans une ambiance détendue et “sanouk”, et c’est dans ce contexte que nous avons passé environ 3/4 d’heure à discuter de choses et d’autres autour d’un café servi spontanément par l’une des secrétaires et d’une assiette de fruits apportée par une autre secrétaire d’un bureau voisin. Du coup je ne me souviens même plus à quel moment je leur ai donné mon chèque, mais je suis bien reparti avec un reçu !!
Direction ensuite la maison pour vérifier les travaux de peinture qui devraient être presque terminés. Tuan, notre “homme à tout faire” depuis plus de 6 ans, réalise un travail admirable et, très important, il comprend très bien tout ce qu’on lui demande.
Ceux qui vivent depuis quelques temps en Thaïlande et qui ont “osé” l’aventure de la construction savent en effet combien il est parfois difficile de se faire comprendre de la main d’oeuvre locale, notamment dans le bâtiment, et pas seulement pour des problèmes de langue. Les anecdotes dans ce domaine sont souvent cocasses et sont majoritairement le résultat de malentendus culturels.
Un exemple qui me vient spontanément à l’esprit est celui d’un ami qui voulait prendre des douches chaudes. La salle d’eau de sa maison avait déjà une douche froide (quand même 20 °C en moyenne !!), il a donc acheté un chauffe-eau instantané comme on en trouve un peu partout ici et a demandé à ce qu’on lui pose. Résultat : il s’est retrouvé avec une salle d’eau à deux douches : la douche froide d’origine qui n’avait pas bougé et une deuxième douche avec chauffe-eau instantané sur le mur d’en face !!
Ben oui : il avait oublié de préciser qu’il voulait une douche chaude À LA PLACE de l’autre. Et comme les Thaïlandais font généralement EXACTEMENT ce qu’on leur demande, il faut bien réfléchir avant de leur formuler ses instructions !!
Nous sommes ensuite allés rendre visite aux parents de Pong qui étaient en train de préparer le déjeuner. Au menu : du rat des champs fraîchement tué dont je vous laisse admirer la préparation par mon beau-père. D’abord cuisson à petit feu pour enlever les poils, ensuite vidage et grillade recto-verso au barbecue. Une viande qui ressemble à celle du lapin, mais plus fin. Ici, personne ne mange de lapin qui est considéré comme un animal domestique au même titre que les chiens et les chats en France.
Les cuisses ont été servies grillées et le reste de la viande hachée menue avec piments, échalotes et herbes diverses. J’ai oublié de noter la recette, mais je peux me renseigner si vous le souhaitez !!
3 Juillet – 1 an de plus
Suite du « rituel annuel » évoqué il y a un mois environ avec aujourd’hui la perception du tampon qui m’autorise à séjourner un an de plus en Thaïlande.
Anecdote : la page de mon passeport sur laquelle a été apposé le tampon d’extension représente le pont de Normandie. En me le rendant l’officier d’immigration me l’a montré en souriant : “Souay (Joli)”.
C’est vrai que l’on pourrait s’y tromper, à la différence que le pont Rama VII à Bangkok n’a qu’un seul pilier.
3 Juin – Les visas en Thaïlande
Dans la série des rituels annuels, après la journée des impôts (rappelez-vous), voici la journée d’extension du visa. Je suis en effet un “immigré” et dois donc me soumettre aux règles et lois qui concernent la catégorie de population dont je fais partie. Mon extension de visa actuelle se terminant le 23 juin, nous nous sommes rendus ce matin dans les locaux ultra-modernes où sont regroupés plusieurs services gouvernementaux au nord de la capitale.
Je réside en Thaïlande sous couvert d’un visa appelé “non-immigrant”, qui m’a été délivré par l’ambassade de Thaïlande en France avant notre départ en 2004. Ce visa doit être prolongé tous les ans auprès des services d’immigration en présentant différentes pièces justificatives dont la teneur peut varier en fonction de critères totalement impalpables et imprévisibles tels que la coupe de cheveux de l’officier d’immigration, l’heure à laquelle on se présente, le goût du Som Tam servi à la cantine locale ou encore la forme des nuages.
Et comme il n’y avait pas de nuage ce matin, le nombre de variables aléatoires était réduit et les chances de présenter un dossier complet plus élevées… enfin en théorie !!
Il s’agit quand même de ma 7ème extension et je commence à connaître les différents documents à produire. J’avais donc pris le soin de tout préparer, en me souvenant des petits détails de dernière minute qui s’étaient rajoutés l’année dernière, et en définitive seule la photocopie d’une page de mon passeport manquait.
Les années précédentes, dans les anciens locaux de l’hypercentre de Bangkok, il nous fallait patienter en moyenne 4 à 5 heures avant d’être reçus. Dans les nouveaux locaux et grâce à la réorganisation des services de l’immigration (qui sont ici un “service” au sens propre du terme), nous avions tout terminé en une heure à peine, photocopie manquante incluse.
Je profite de cette occasion pour faire un petit rappel sur les différents types de visa proposés ainsi que les conditions d’entrée et de séjour en Thaïlande.
Les touristes
Si vous venez de l’un des 41 pays (dont la France) qui bénéficient d’une exemption de visa, vous pouvez entrer en Thaïlande sans visa et y rester pour une durée maximale de 30 jours. Au-delà, il vous faudra faire établir un visa de tourisme auprès d’une ambassade de Thaïlande à l’étranger avant de venir.
Les visas de long séjour (maximum 1 an)
Il en existe plusieurs (professionnel, étudiant, retraité, soutien de famille, etc.) et les conditions d’attribution sont très variables, et pas seulement en fonction de la forme des nuages !!
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter la page consacrée à cet effet du site franco-thai : LES VISAS THAÏLANDAIS
Il existe également un site anglophone très complet à ce sujet : Thaivisa.
Mais les règles évoluant sans cesse, il est vivement recommandé de bien se renseigner avant de déposer une demande pour l’un ou l’autre visa, en n’oubliant pas le critère “forme des nuages” !!
Anecdote :
Pour une extension de visa au motif “Thai Wife”, il faut impérativement que les deux époux soient présents. J’avais lu il y a quelques temps l’anecdote d’un type qui s’était présenté seul, son épouse ne pouvant se libérer ce jour là. L’officier d’immigration, en étudiant son dossier, lui a demander son certificat de divorce.
?? Pardon ??
Ben oui, vous demandez une extension pour motif soutien de famille et votre épouse n’est pas avec vous, c’est donc que vous avez divorcé !
Le gag du jour :
Parce qu’une journée ne serait pas vraiment complète sans.
Alors que nous avions presque fini, Pong sursaute soudainement :
“Mon Dieu (ou Bouddha !!), j’ai oublié des oeufs durs sur le gaz !!”.
Bon, au bout d’une heure ils doivent effectivement être bien durs.
Elle appelle le moto-taxi du quartier qui nous rend souvent des petits services et lui demande d’aller vérifier, en passant par derrière, et de fermer si nécessaire la bouteille de gaz à l’extérieur.
Il rappelle 10 minutes plus tard pour dire qu’effectivement tout le quartier pouvant sentir que quelque chose était en train de brûler sur le feu et qu’il a fermé la bouteille.
Retour à la maison, rien de particulier à part le fond de la casserole tapissé d’une mélasse noire qui ferait le bonheur de tout étudiant en chimie en quête d’une idée originale pour ses travaux pratiques d’analyse.
Nous aurions donc pu en rester là…
MAIS !!! N’oubliez pas le facteur “forme des nuages” !!
Un peu plus tard, Pong rallume le gaz et, au bout de quelques instants, se souvient qu’elle n’avait pas rouvert la bouteille que le moto-taxi était supposé avoir fermé, la flamme ne devrait donc pas s’allumer.
En réalité, n’avait pas fermé la bouteille, mais ouverte à fond !!
Ben oui, essayez donc d’expliquer “sens des aiguilles d’une montre” à quelqu’un qui ne porte que des montres à affichage numérique !!
26 Février – Rituel annuel
Si les mois de février et de mars marquent chaque année le début des grandes vacances scolaires, le début de la saison chaude et aussi le passage à l’heure d’été Européenne qui réduit d’une heure le décalage horaire avec la Thaïlande, il existe un autre phénomène qui se produit tous les ans à la même période : la déclaration de revenus !!
Inscrit auprès du fisc thaïlandais depuis mon expatriation en 2004, je commence à être rôdé à la procédure locale et c’est donc en toute confiance que nous nous sommes rendus au bureau du Revenue Department en ayant préalablement complété (en partie seulement) le formulaire PND 90 ci-dessous.
Oui, comme vous pouvez le voir, j’ai l’immense privilège de recevoir chaque année de la part de l’administration fiscale un formulaire à mon nom sur lequel je dois reporter mes revenus. Cette courte expérience m’a permis de vérifier ce que j’aurais tendance à qualifier de lapalissade, à savoir que les administrations en général, et l’administration fiscale en particulier, ont pour préoccupation essentielle de rester les plus impénétrables possible aux yeux de leurs administrés (ben oui, quoi, il ne manquerait plus que les administrés se mettent à comprendre !!). L’une de leurs méthodes de prédilection pour arriver à ces fins consiste à édicter des règles dont l’unique motivation semble être la justification du salaire de celui ou celle qui l’a pondue. En résumé : “Je viens d’être nommé chef et maintenant les choses vont changer !!”. Il va sans dire que plus la règle est opaque et indéchiffrable pour le commun des mortels, plus le chef se sent valorisé dans sa course pour atteindre l’étagère immédiatement supérieure.
Ceci est l’une des raisons pour lesquelles je ne remplis jamais ma déclaration de revenus en entier, mais préfère toujours aller rencontrer mon inspectrice des impôts en personne. C’est elle qui avait procédé à mon inscription au moment de mon expatriation et j’ai remarqué qu’elle possède une qualité rare : la remise en question. En effet, contrairement à beaucoup de fonctionnaires enfermés dans les certitudes inhérentes à l’environnement poussiéreux de leur bureau gris, elle n’hésite pas prendre son téléphone pour se renseigner ou demander un complément d’information lorsqu’elle a un doute sur l’une ou l’autre règle. Et comme lesdites règles changent chaque année, nous passons en moyenne 2 heures à compléter la quatrième page du formulaire, celle où l’on reporte toutes les déductions et autres abattements généreusement accordés.
Cette inspectrice (qui était au départ simple employée fiscale) est en poste depuis longtemps et elle est à son tour devenue “chef” (ou sur le point de le devenir) du bureau local. C’est elle aussi qui nous avait accompagné pour soutenir ma bonne fois auprès de la direction générale des impôts au moment de mon redressement fiscal il y a 2 ans.
La description ci-dessus de la situation, un peu sarcastique je j’avoue, est largement compensée par l’amabilité et la “thaï-itude” des fonctionnaires du bureau de Don Tum auquel je suis rattaché. La photo ci-dessus illustre parfaitement l’état d’esprit local que j’apprécie tant. Imaginez, en France, votre inspecteur des impôts qui porte un T-shirt “j’aime les contribuables”.
Nous avons donc passé près de deux heures à bien examiner tous les détails de ma déclaration, deux heures ponctuées de quelques coups de téléphones pour constater que, comme chaque année, certaines règles avaient changé. Mais peu importe, nous savons que tout est fait conformément auxdites règles et, après cette partie formalités, nous sommes allés déjeuner avec deux autres fonctionnaires du bureau. Et là, je vous demande de vous asseoir et de poser votre tasse de café pour éviter tout accident fâcheux : c’est mon inspectrice des impôts qui nous a invité !!
Oui, vous avez bien lu !! Non seulement elle s’évertue à rechercher toutes les astuces possibles et imaginables pour que je paie moins d’impôts, mais en plus elle nous invite à déjeuner. Il faut que j’avoue que cela devient presque un plaisir de payer ses impôts dans ces conditions !!