Le blog de Thailsacien

La vie quotidienne d'une famille thailsacienne

5 Décembre – Je suis zému (la suite !!)

Le 1er décembre, date de mon dernier billet, c’était la fête des pères à l’école. Aujourd’hui, 5 décembre, c’est le jour de la vraie fête des pères, Wan Pôô Heng Chat (le jour du père de la nation) en thaï, anniversaire de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej.

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Cette fête majeure du calendrier thaïlandais, société résolument paternaliste, n’est pourtant pas aussi ancienne qu’il n’y paraît puisqu’elle n’a été instaurée qu’au début des années 80, soit il y a 30 ans à peine, dans le cadre d’une campagne de revalorisation de la monarchie menée à l’initiative du premier ministre de l’époque, Prem Tinsulanonda. Depuis, chaque année, les organisateurs successifs redoublent d’imagination et de créativité pour faire de cette journée une véritable éloge du monarque actuel et, plus largement, de l’institution royale thaïlandaise en général.

La Thaïlande est en effet une monarchie, constitutionnelle certes, mais surtout monarchique et tout voyageur de passage pourra très facilement constater à quel point les Thaïlandais aiment et respectent leur Roi. Il s’agit là d’une admiration qui peut parfois sembler démesurée, voire béatement naïve, mais qui n’en demeure pas moins des plus sincères et même sans les campagnes de propagande soigneusement orchestrées par les royalistes, je peux sans hésitation affirmer que le respect et l’amour du peuple Thaïlandais pour son souverain sont authentiques et je ne sais pas s’il existe au monde un autre chef d’état qui jouit d’une aussi grande popularité.

Le paradoxe ici est que la Thaïlande possède aussi l’une des lois les plus répressives au monde pour ce qui est des “crimes de lèse-majesté”. Je ne m’étendrai bien évidemment pas ici, pour des raisons évidentes, sur le bien-fondé de cette loi ni sur son utilisation catastrophiquement abusive au cours des récentes années avec pour résultat de faire plus de tort que de bien à l’institution qu’elle est supposée préserver des bassesses politiciennes. Un exemple récent est celui de ce sexagénaire condamné à 20 ans de prison pour 4 SMS jugés insultants (personne ne les a vu !) alors que des meurtriers ayant avoué leur crime peuvent sortir librement (et en souriant !!) de prison tout simplement en payant une caution.

Donc, en ce jour de la fête des pères, j’aurai tout abord une pensée émue pour tous ces “papas” qui sont en prison en Thaïlande – et aussi ailleurs dans le monde – tout simplement parce qu’ils ont osé exprimer leur opinion et que cette opinion a déplu à ceux qui tiennent le fusil. Quand à mon opinion personnelle à ce sujet, j’ai pour habitude de citer une phrase de l’un de mes maîtres à penser, le Docteur Isaac Asimov, qui dans l’un de ces ouvrages écrivait que si la démocratie consiste à enfermer 500 technocrates dans un hémicycle pour qu’ils débattent pendant des semaines avant d’arriver à une décision qu’un monarque clairvoyant aurait pu prendre en 10 minutes, alors rien ne vaut un BON roi ! (les majuscules sont volontaires)

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Un autre pensée émue sera pour notre ami Luchaye, professeur à l’école de Ban Huoi Haeng, qui a perdu son papa récemment dans des circonstances dramatiques. Je ne voulais tout d’abord pas en parler, mais après accord des principaux intéressés il s’agit ici aussi d’une forme d’hommage rendu aux papas qui ont été arrachés à leurs familles par des accidents de la vie ou, comme ici, par des faits de guerre.

Luchai fait partie de l’ethnie des Lahu, des chasseurs-cueilleurs qui vivent depuis des siècles dans les montagnes du Nord de la Thaïlande. Cette tradition de chasse et de cueillette est toujours très vivante et tous les montagnards, même les plus jeunes, connaissent la forêt comme leur poche. Le père de Luchaye et deux autres hommes du village étaient ainsi récemment sur les traces d’un gibier et ont eu la terrible malchance de croiser la route d’un groupe de gardes-frontière, des jeunes recrues manquant d’expérience et non originaires de la région qui ont paniqué en voyant ces trois montagnards ne parlant même pas leur langue et ont ouvert le feu sans sommation. Bilan : 2 morts, un blessé grave (les 3 montagnards chasseurs).

Version officielle parue dans la presse : les gardes-frontière ont tué des trafiquants de drogue.
L’armée a quand même reconnu une part de responsabilité et a donné 5000 Bahts (120 Euros) de dédommagement à la famille de chaque victime. Le prix du silence.

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Ma troisième pensée émue (désolé si je casse l’ambiance !!) sera pour les papas de l’état Shan dont les enfants ignorent ce qu’ils sont devenus. Les scénarios se répètent, toujours avec la même cruauté invraisemblable que l’on croit sortie d’un mauvais film : l’armée birmane, le SPDC, arrive un matin au village en accusant les habitants d’aider les rebelles. Ils emmènent les hommes valides, violent les femmes qui n’ont pas réussi à fuir et se servent des enfants comme d’esclaves pour leur quotidien. Sur les 850 élèves de l’école de Loi Tai Laeng auxquels j’ai encore rendu visite récemment, 250 sont orphelins et ne savent pas où est leur papa.

Mais une lueur d’espoir vient cependant de s’allumer et semble bien vouloir persister. Des accords ont récemment été conclus entre les dirigeants Shans et le gouvernement “civil” birman et, comme me le disait l’un de mes contacts, c’est maintenant que la VRAIE partie de football commence, avec des spectateurs !!

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Toujours dans l’optimisme, le budget nécessaire aux 10 jours intenses passés récemment en montagne était exclusivement d’origine personnel – j’étais en vacance Rire – et un solde précédent, auquel sont venus se rajouter quelques dons récents reçus notamment par l’intermédiaire ce ce blog, nous a permis d’acheter 300 couvertures ainsi que 100 vestes coupe-vent avec doublure que nous allons faire parvenir très prochainement à ceux qui en auront besoin en prévision d’un hiver qui s’annonce de nouveau particulièrement froid.

Alors si vous aussi vous souhaitez participer et, dans une certaine mesure, rendre hommage aux papas présents ou absents, peut-être en offrant une couverture (ou même plusieurs !!) à leur progéniture, faites un don (cliquez ci-contre ou sur le bouton “Faire un don” dans la colonne de droite). Les projets ne manquent pas : encore des couvertures, mais aussi une cuisine et une cantine dignes de ce nom pour l’école de Ban Huoi Haeng.

Mais ça, ce sera pour un prochain billet…

5 décembre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Célébrations, Les Shans, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

16 Novembre – Des nouvelles du front

ou plutôt du mont et des dons !!

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Cela fait en effet près d’un mois que nous sommes rentrés de notre dernier voyage en montagne, mais entre les routes coupées, les affaires de notre maison de Bangkok à mettre en lieu sûr et l’organisation de notre vie de “réfugiés” à Nakhon Pathom, j’avoue que je n’avais pas vraiment le temps de mettre un semblant d’ordre dans la pléthore d’idées, de projets et autres émotions qui agitent mon esprit, comme à chaque fois depuis plus de 5 ans maintenant que nous venons dans cette région (voir ci-dessus, l’onglet “Nos projets”).

Nous avions donc passé 10 jours intenses (c’était d’ailleurs le titre d’un billet écrit sur le vif), mais aussi quelques jours avant et quelques jours après à constater la progression et l’aboutissement des projets en cours auprès de l’école de Ban Huoi Haeng, que mes lecteurs réguliers commencent à bien connaître, et d’une autre école qui nous avait été recommandée et que nous suivions “à distance” depuis quelques mois : l’école de Pang Tong, dans la région de Khun Yuam, quelque part entre Mae Hong Son et Mae Sariang. Monsieur Pimook connaît son directeur, un homme qui est lui aussi admirablement dévoué à sa tâche et qui a volontairement choisi de faire sa carrière au milieu des populations Karens dont les enfants constituent la majorité des effectifs de son établissement.

Mais commençons par l’école de Ban Huoi Haeng, étape incontournable de chacun de nos voyages en montagne et dont nous avons pu suivre l’évolution au cours des dernières années. Lors de nos tous premiers contacts, entre 2006 et 2008, nous avions le sentiment d’être les seuls à apporter une aide, aussi modeste soit-elle, à ce qui est tout de même un établissement scolaire officiel de l’éducation nationale. Les conditions d’accès étaient très difficiles – en moyenne 1H30 de piste défoncée jusqu’au village le plus proche – et il n’était pas rare que le village reste inaccessible plusieurs jours pendant les fortes pluies de mousson.

Fin 2008, nous avions alors participé à la construction d’un dortoir, équipé ce même dortoir, installé des panneaux solaires, etc. (vous pourrez retrouver le détail de nos différents projets dans l’onglet du même nom en haut de cette page). Nous avions l’habitude de passer en moyenne 2 fois par an et Mr Pimook, le directeur, ainsi que les autres professeurs savaient que notre engagement avec leur école était sur le long terme. La seule autre “intervention” extérieure que nous avions pu constater à ce moment était la construction d’une route et d’un pont, ce qui facilitait considérablement l’accès au village, mais aussi les communications entre ce même village et la vallée et ainsi le “monde extérieur”.

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Début 2009, j’étais présent le jour de la rentrée des classes et j’ai constaté que plusieurs élèves d’autres écoles des environs étaient venus à Ban Huoi Haeng pour s’y faire inscrire. Il semblait, en effet, que les quelques actions que nous avions menées, auxquelles il fallait ajouter l’admirable engagement de Monsieur Pimook et de son équipe d’enseignants, avaient donné à cette école une certaine notoriété et en avaient fait l’école de référence de la région.

Un an plus tard, nous avions eu l’agréable surprise d’apprendre qu’une autre ONG, suisse, s’était intéressée à l’école de Ban Huoi Haeng et avait elle aussi financé la construction d’un dortoir. Parallèlement à cela, Mr Pimook nous disait qu’il recevait occasionnellement la visite de l’une ou l’autre personnalité locale ou nationale qui avait entendu parler de cette école pas comme les autres mais qui restait pourtant tellement démunie en comparaison des établissements de même catégorie près des grandes villes.

Aujourd’hui, l’école de Ban Huoi Haeng possède la lumière pendant la nuit, l’eau courante (un véritable luxe), des installations confortables pour l’hébergement des 80 enfants qui restent dormir sur place 10 mois sur 12, des salles de classe toute neuves (à l’exception de 2 – bureaucratie oblige !!) et l’école vient d’être sélectionnée parmi plusieurs autres établissements de la province pour devenir un centre d’enseignement de l’informatique avec, à la clé, la dotation d’un équipement complet et – cerise sur le gâteau – l’installation d’une mini centrale solaire qui fournira de l’électricité en permanence.

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Il semblerait donc qu’il existe un phénomène d’émulation non seulement auprès d’autres ONG (les suisses sont revenus entre temps pour installer un groupe de purification pour produire de l’eau potable), mais aussi auprès des autorités de tutelle qui se sont finalement réveillées (enfin pas trop vite, hein !!) et que l’idée de Pimook d’afficher partout les noms – étrangers – des donateurs commence à porter ses fruits.

En attendant, un autre projet est sur le point d’aboutir et d’autres sont à l’étude. Mais ça, je vous en parlerai dans un prochain billet.

16 novembre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

23 Octobre – 10 jours intenses

Je vous parlais de “silence radio” et de “l’autre côté du miroir” dans mon dernier billet, nous voilà de retour !!

Mais avant d’aller plus loin, j’ose espérer qu’entre la naissance de Sarkozy junior et la mort de Kadhafi les médias français ont réussi à trouver un peu de place pour parler des inondations catastrophiques qui touchent la Thaïlande depuis plusieurs semaines et qui sont maintenant sur le point d’envahir Bangkok.

Voici un site d’information fiable et régulièrement mis à jour (en anglais) : http://www.thaitravelblogs.com/

En français, il y le très intéressant blog de Michèle qui livre une vision un peu plus analytique des évènements et de certains débordements politiques : http://michjuly.typepad.com/blog/

Pour les d’informations en français, il y a le site du Gavroche qui semble être mis à jour régulièrement http://www.gavroche-thailande.com/ ou encore le site Thailande-Info http://www.thailande-infos.net/ qui a mis en place une Veille informative.

Pour notre part, l’école des filles ayant décalé la rentrée d’au moins une semaine et moi-même ayant (une prémonition ?) emmené avec moi tout ce qu’il faut pour travailler à peu près normalement, nous avons décidé de rester une semaine de plus à Chiang Mai. Non pas que notre maison de Bangkok soit touchée – elle se trouve dans l’un des quartiers épargnés pour l’instant – mais la circulation dans la capitale est encore plus chaotique qu’à l’accoutumée (ce qui n’est pas peu dire !!) et les rayons des supermarchés ont été vidés de tout ce qui se mange et peut se stocker. Inutile donc d’aller “camper” dans un quartier où l’électricité risque d’être coupée, nous retournerons vers le centre du pays en fin de semaine, avec pour option de nous installer quelques jours dans notre maison de Nakhon Pathom si l’école n’est toujours pas ouverte la semaine prochaine.

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Réflexion personnelle : quelque part je me dis que nous avons quand même une chance insolente, j’irais presque jusqu’à dire indécente. Des milliers de personnes autour de nous ont tout – mais alors TOUT – perdu (il y a très peu d’assurance habitation en Thaïlande). Nous venons une nouvelle fois de passer 10 jours avec des gens dont certains ont vu leurs parents assassinés sous leurs yeux et qui survivent plus qu’ils ne vivent dans un pays sous occupation birmane. Nous avons visité des écoles où les enfants viennent en pension pour 5 mois avec une seule paire de chaussures et dont les directeurs doivent se débrouiller pour leur trouver un repas chaque matin et chaque soir.

Une chance qui nous motive d’autant plus à poursuivre nos actions, car je me dis que si des gens comme nous, qui n’ont après tout rien de bien exceptionnel, ont accès à tout ce que la société moderne et la technologie peuvent offrir, c’est pour pouvoir le partager et essayer d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Ce que je souhaite dans l’immédiat, c’est de réussir à disposer d’assez de temps pour pouvoir poursuivre notre collecte de fonds, car les besoins sont vraiment immenses.

Bon, assez de bavardages, voici quelques photos des 10 derniers jours passés “de l’autre côté du miroir”.

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Après une mousson exceptionnellement longue et abondante, il vaut mieux être bien équipé pour parcourir les 10 km de piste qui mènent à notre destination.

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Lever de soleil magnifique sur les montagnes du Pays Shan à 1400 mètres d’altitude.

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La prochaine fois, promis, je lui apporte un cure-dents.

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Mon ami le Docteur Pilou en plein examen. La présence d’un “vrai” médecin, surtout occidental, passe rarement inaperçue et plusieurs patients en profitent pour se soumettre à un examen plus approfondi. Il va sans dire que le concept de tirer au flanc est inexistant ici et que personne n’essaie de se faire mettre en arrêt maladie pour aller à la pêche !!

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Les équipes paramédicales parcourent le pays Shan pour apporter des médicaments et prodiguer les premiers soins aux populations démunies de tout. Ils suivent un programme de formation de 6 mois, puis repartent dans la jungle et reviennent l’année suivante pour 6 nouveaux mois de formation. J’ai volontairement masqué leurs visages, il faut qu’ils restent incognito car seules les autorités birmanes sont <officiellement> autorisées à fournir des médicaments aux populations.

Ici, le Docteur Pilou en pleine démonstration de l’examen initial d’un patient.

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Déjeuner quotidien avec un autre médecin – américain – arrivé 2 jours après nous. Retraité, il a choisi de consacrer son temps aux populations réfugiées. Il est à Loi Tai Laeng pour 2 mois, à droite son épouse qui l’accompagne et la jeune femme à sa gauche est une prof d’anglais qui a volontairement choisi d’enseigner 6 mois en pays Shan !!

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Les étudiants sont avides de connaissances et chaque livre est pour eux un véritable trésor. Petit bémol : prolifération de livres sur “Jésus” distribués à tous vents par des missionnaires de passage. J’ai joué au candide et ai demandé s’ils avaient aussi des livres sur Mahomet, Shiva, Bouddha, etc.

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Plus loin à l’intérieur du pays Shan, une succession de petites vallées extraordinairement fertiles où poussent fruits et légumes en abondance, à condition d’avoir suffisamment d’eau…

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Je n’ai pas réussi à savoir comment se dit “Schnaps” en Shan !!

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De jeunes moines près de l’école. La fraîcheur des lieux explique les robes doublées.

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Une population extraordinairement accueillante et toujours souriante, malgré tout ce qu’elle a pu subir.

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C’est peut-être banal, mais ne dit-on pas qu’après la pluie vient le beau temps ?

23 octobre 2011 Posted by | Les Shans, Loi Tai Laeng, Voyages | 5 commentaires

18 Septembre – Bientôt le 24 !!

Un titre plutôt insolite, je vous l’accorde, voire même déroutant pour ceux qui attendent la suite de mes billets sur l’éducation en Thaïlande (Rappel : Partie 1Partie 2). Qu’ils se rassurent, le troisième sera bientôt publié.

Pour l’instant, parlons du 24 !!

Affiche24Il s’agit bien évidemment du 24 septembre, date à laquelle se tiendra un évènement majeur dont tout le Kochersberg parle depuis des semaines et dont l’information commence maintenant à se répandre dans le Pays de Hanau, en Outre-Forêt et même dans les régions de l’extrême Sud de l’Alsace (vous savez, après Sélestat !!).

C’est en effet à cette date que mon ami le Docteur Pilou tiendra une nouvelle conférence – projection sur le thème de la Birmanie, les deux facettes du miroir.

Il vous présentera dans un premier temps une série de photos des endroits ouverts au tourisme et mis en scène par la junte pour soigner son image auprès du monde extérieur. Il vous fera ensuite passer “de l’autre côté du miroir” et vous fera partager quelques-unes de ses missions auprès de la résistance armée Shan (pour en savoir plus : http://www.freeshan.org).

Adresse du jour : Centre culturel, Rue de la Zorn, 67270 Schwindratzheim
Carte pour y accéder : http://g.co/maps/p28v

En attendant, et pour vous mettre dans l’ambiance, voici une série de 3 vidéos que j’ai découvertes récemment sur le Web et qui donnent une petite idée de ce que peut être l’Absurdistan. Prenez le temps de les regarder, c’est édifiant et autrement plus intéressant que Loana dans le pré !!

 

 

18 septembre 2011 Posted by | Les Shans, Loi Tai Laeng | 2 commentaires

14 Juillet – Encore une goutte…

Une goutte d’eau, bien évidemment, et même plusieurs puisque je vous propose aujourd’hui de découvrir la suite de notre dernier projet dont j’avais commencé la présentation dans mon billet du 6 juillet.

Nous en étions donc restés sur des images des plus explicites de ce qui est le quotidien alimentaire des 800 élèves du plus important établissement scolaire d’un pays ayant une surface approximativement égale à un quart de la France (ça, c’est juste pour rappeler quelques fondamentaux !!). En complément, voici d’autres photos des dortoirs, très spacieux, et de la salle de bain “écologique” à ciel ouvert avec murs végétaux, un peu à l’image de celles qui sont proposées par certains hôtels de luxe ayant fait du retour à la nature un argument commercial à l’attention d’une clientèle en quête de tout ce qui est “green” (vert).

Imaginez ce qui se passe lorsque tout le monde fait la queue pour aller se brosser les dents !!

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À titre d’information, le budget disponible pour l’alimentation quotidienne est de l’ordre de 20 000 Bahts (environ 480 Euros) par jour pour l’ensemble de l’école, soit environ 0,60 Euro par jour et par élève.
Il va sans dire qu’il n’y a généralement pas beaucoup de reste dans les assiettes !!

Voilà plusieurs années déjà que les responsables essaient de développer certaines cultures dans les vallées voisines, mais la population de ce qui est maintenant devenu une véritable ville ne cesse de croître, et avec elle les besoins en tous genres, notamment alimentaires. De plus, situation de protection stratégique oblige, l’école et la petite ville qui l’entoure sont installées sur des crêtes montagneuses dont le relief ne favorise pas vraiment l’irrigation, même s’il existe çà et là plusieurs sources.

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Des pans de montagne entiers ont donc été déboisés et préparés en vue d’étendre les surfaces cultivées, chaque zone ayant été affectée à un secteurs spécifique : hôpital, école, population civile, etc. Le projet qui nous intéresse plus particulièrement et pour lequel nous sommes intervenus concerne l’irrigation des flancs de colline qui entourent une ébauche de potager, fruit de l’initiative du directeur de l’école à qui ont été attribués plusieurs hectares de jungle.

Celui-ci a, dans un premier temps, réalisé quelques essais de plantation pour finalement sélectionner une série de fruits et légumes ayant donné des résultats prometteurs et qu’il souhaite à présent cultiver à grande échelle avec le secret espoir de réussir à en produire suffisamment pour tous les élèves de l’école, et même plus.

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Principal problème : l’irrigation.

Si plusieurs sources sont présentes sur les collines qui entourent cette petite vallée encaissée, leur débit est relativement irrégulier et l’eau qui s’en écoule obéit bien évidemment aux lois fondamentales de la physique, à savoir rechercher le chemin le plus court vers le bas. Et comme il se doit, ledit chemin le plus court vers le bas passe à des centaines de mètres de l’endroit où le terrain a pu être aménagé et donc à plusieurs centaines de mètres des futures plantations où l’eau sera nécessaire.

Il existe cependant un avantage : la position de ces sources. Elles sont toutes plus hautes que la vallée elle-même, mais aussi plus hautes que les collines qui l’entourent. Le projet consiste donc à créer un petit bassin de retenue depuis lequel sera posé un tuyau qui servira à remplir une série de réservoirs placés à des endroits appropriés au sommet des flancs de montagne qui ont été déboisés. L’irrigation contrôlée s’effectuera ensuite à partir de ces réservoirs tout simplement en utilisant la même énergie que celle qui a servi à les remplir : la gravité !!

Le projet a été élaboré avec l’aide des villageois de Ban Huoi Haeng (notre projet de l’année dernière) qui ont été très heureux de partager leur expérience. Le budget total a été de 140 000 Bahts (environ 3500 Euros), nettement inférieur à celui de Ban Huoi Haeng pour deux raisons : d’une part parce qu’il ne fallait que 1000 mètres de tuyaux (contre 4000 à Ban Huoi Haeng) et d’autre part parce qu’ici, la main d’œuvre est gratuite puisque composée essentiellement de militaires de l’armée Shan qui réaliseront les travaux pendant leurs périodes de permission.

Les travaux sont en cours, même pendant la mousson actuelle, et avec un peu de chance les premiers légumes devraient être arrivés à maturité pour mon prochain voyage en pays Shan programmé en octobre prochain.

D’ici là, d’autres volailles seront vraisemblablement venues compléter l’ébauche de basse-cour et LE cochon devrait partager son enclos avec quelques congénères.

 

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14 juillet 2011 Posted by | Les Shans, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

6 Juillet – Un tour en montagne

Voici plusieurs mois que j’en parle, il a été évoqué çà et là au détour de mes billets, il est maintenant sur le point d’aboutir et j’irais même jusqu’à dire qu’il a abouti puisque les matériaux ont été livrés à leur destination il y presque 2 semaines.

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Je veux bien entendu parler de notre nouveau projet EAU qu’il me semble à présent opportun de décrire plus en détail, notamment en exposant le contexte.

Mais je souhaite avant de continuer, au nom des 800 élèves (dont 300 orphelins) et de tous les autres bénéficiaires de cette nouvelle réalisation, adresser mes plus sincères remerciements à nos généreux donateurs pour la confiance qu’ils nous ont une nouvelle fois accordée, certains étant à nos côtés depuis le début de cette aventure en octobre 2006 (cliquez sur l’onglet “Nos Projet” en haut de cette page pour un récapitulatif de nos principaux accomplissements).

Alors, de quoi s’agit-il exactement ?

Ce nouveau projet, conçu sur le modèle désormais éprouvé de Ban Huoi Haeng que nous avions réalisé l’année dernière (cliquez ICI pour le descriptif au format PDF), a pour principal objectif d’assurer l’irrigation régulière d’un ensemble de cultures maraichères à flanc de montagne, cultures maraichères dont les produits viendront compléter et – assurément – améliorer le quotidien des 800 élèves de l’école de Loi Tai Laeng, capitale non officielle de l’état Shan. Les Shans sont l’une des minorités ethniques persécutées par la junte militaire birmane et ont ceci de particulier qu’ils sont très proches des Thaïlandais, aussi bien du point de vue culturel que linguistique. Le terme Shan est en fait une déformation birmane du nom “Siam”, ancien nom de la Thaïlande, et les Shans se nomment eux-mêmes “Tai Yai” (les Thaïs hauts). Si vous souhaitez en savoir plus sur cette ethnie trop peu connue mais dont la population compte tout de même plusieurs millions de personnes, je vous invite à consulter mon autre blog http://www.freeshan.org/.

Entrés en résistance depuis plus de 50 ans, les Shans ont bâti leur quartier général près de la frontière Thaïlandaise, dans la même région que les écoles de Ban Huoi Haeng et de Tam Lod avec qui nous sommes en contact régulier. Près de la moitié des enfants de l’école de Ban Huoi Haeng sont d’ailleurs des Shans réfugiés en Thaïlande et le village de Tam Lod est à dominante Shan. Ces populations ont vu leurs écoles et leurs villages brûlés par le SPDC (les militaires birmans) et essaient tant bien que mal de recréer ici, près de la frontière et avec le soutien non officiel mais bien réel de la Thaïlande, un semblant de vie normale en accordant une importance toute particulière à l’éducation et à la santé. L’école accueille ainsi plus de 800 élèves, de 5 à 18 ans, les meilleurs ayant ensuite la possibilité d’aller poursuivre leurs études en Thaïlande. Ces élèves sont en réalité des réfugiés dans leur propre pays (des “IDP” – Internally Displaced People selon la désignation officielle de l’ONU), tout comme les milliers de personnes civiles présentes sur ce site, et il faut bien évidemment les héberger et les nourrir !!

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Les Shans sont extrêmement dépendants de la Thaïlande pour leur approvisionnement et les pistes de montagne qui mènent aux marchés les plus proches sont particulièrement difficiles, voire impraticables en certaines saisons. Par temps sec, il faut près de 2 heures pour parcourir les 30 km jusqu’à la petite ville thaïlandaise la plus proche dont le marché hebdomadaire est la principale source d’approvisionnement en nourriture des 10 000 personnes présentes sur le site de Loi Tai Laeng. Il va sans dire que la quête de solutions visant à l’auto-suffisance alimentaire est incessante, et le projet d’irrigation que nous avons contribué à mener à bien s’inscrit parfaitement dans cette politique globale des responsables Shans.

Voilà pour le contexte général.

Je vous parlerai plus précisément du projet lui-même dans un projet billet, en attendant je vous invite à découvrir ci-dessous ce qui peut être le quotidien de la cantine scolaire de Loi Tai Laeng (ça, c’est pour ceux qui se plaignent régulièrement de la rareté des feuilles de laitue dans la salade de limaces servie à leur propre cantine scolaire !!) :

 

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6 juillet 2011 Posted by | Les Shans, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

21 Mai – DSK remplace Ben Laden

J’imagine les points d’interrogation qui apparaissent au-dessus de la tête des habitués de ce blog à la lecture de ce titre pour le moins…. abracadabrantesque !!

La raison est toute simple : se servir des mots-clés parmi ceux les plus fréquemment tapés dans les moteurs de recherche, actualité oblige, pour faire découvrir ce blog à un maximum de nouveaux lecteurs et multiplier ainsi les chances d’aboutissement de notre actuel projet EAU.

Alors avant d’aller plus loin, si vous venez ici pour la première fois suite à une recherche sur “DSK” ou sur “Ben Laden” ou encore sur “FMI”, je vous souhaite la bienvenue. J’espère que vous me pardonnerez ce petit subterfuge “Googlien” et que vous consacrerez quelques instants de votre précieux temps à la lecture de ce billet. Et qui sait, peut-être serez-vous vous aussi intéressé et/ou séduit par les différentes actions et les nombreux projets que nous menons depuis plusieurs années auprès des minorités ethniques du Nord-Ouest de la Thaïlande et aurez envie de participer activement ?

Pour en savoir un peu plus, je vous invite à cliquer sur l’onglet “Nos Projets” en haut à droite de cette page.

Nous menons actuellement un nouveau projet EAU dont les bénéficiaires seront principalement les 800 élèves de l’école des réfugiés Shans de Loi Tai Laeng (pour en savoir un peu plus sur les Shans et leur histoire : http://www.freeshan.org).

Le budget nécessaire est de 3500 Euros et aujourd’hui, samedi 21 mai, nous avons déjà réuni plus de 2000 Euros !!

Le samedi 21 mai est la date anniversaire de la résistance des Shans contre l’envahisseur birmans et la date butoir pour réunir la somme nécessaire à la réalisation de ce projet est elle aussi une date qui est elle aussi hautement symbolique pour tout français : le 18 juin !!

Vous souhaitez participer activement en cliquant sur le lien <Faire un don> à droite, paiement totalement sécurisé.

Pour vous donner une petite idée de ce que peut être la vie, ou plutôt la survie des Shans sous le régime d’occupation birman, je vous invite à lire ce nouveau témoignage qui m’a été remis récemment par une jeune fille de la petite ville de Wiang Haeng, au nord de Chiang Mai. Nous avons participé financièrement à l’organisation d’une classe verte pendant les vacances scolaires en avril dernier, c’est à dire les “grandes vacances”. Ces enfants ont maintenant la chance de fréquenter une école publique thaïlandaise et suivent pendant les vacances d’été des cours de culture et de langue Shan afin de préserver leurs traditions malgré tous les efforts de “birmanisation” engagés par la junte :

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Le rêve d’une enfant migrante (texte traduit de l’anglais)

Nous vous souhaitons la bienvenue à l’école de Wiang Heng et vous remercions d’être venus nous rendre visite, vous-même et votre famille.

J’ai été volontaire parmi tous les élèves pour vous lire ce texte que nous avons préparé pendant nos cours d’été. Nous sommes tous des enfants Shans (ou Tai Yai) réfugiés de l’état Shan (Birmanie). Lorsque je vivais dans l’état Shan, j’étais une fille de la campagne et j’habitais un petit village très loin de la ville. Il n’y avait pas d’école et je n’avais aucune chance de recevoir une éducation.

Le 27 mai 2003, mon père a été tué par les militaires birmans. J’étais alors âgée de 5 ans. Les soldats du SPDC (armée birmane) sont venus dans notre village pendant la nuit après avoir combattu contre la SSA (Shan State Army). Tous les hommes du village ont été faits prisonniers, dont mon frère et mon père, et environ 20 femmes et enfants, dont moi, ont réussi à fuir dans la jungle. Mon frère a réussi à s’échapper de la prison du SPDC après plusieurs semaines et il est vivant. Il nous a dit que le SPDC avait tué presque tous les hommes du village en les accusant d’aider la SSA et ont jeté leurs corps dans la rivière Num Tiang. Le 1er juillet de la même année, les soldats sont revenus pour forcer les villageois à quitter leurs maisons et les emmener dans la ville de Khun Hiang. Ils ont ensuite brûlé toutes les maisons du village.

Plusieurs personnes du village qui ne voulaient pas aller en ville ont quand même réussi à s’enfuir. Nous avons marché plusieurs semaines dans la jungle et nous sommes finalement arrivés en Thaïlande. Ici, nous sommes considérés comme des migrants, pas comme des réfugiés. Nous (les enfants) pouvons aller à l’école thaïlandaise, mais très peu peuvent continuer au-delà du collège par manque d’argent.

C’est la première fois cette année que nous avons une classe verte pendant les vacances d’été. Cela faisait très longtemps que nous l’attendions et nous sommes tous très heureux de pouvoir apprendre ainsi notre culture et notre langue. Dans notre pays, ce n’est pas possible car le SPDC a brûlé beaucoup d’écoles et nous interdit d’apprendre notre culture.

Ici, nous pouvons apprendre librement, aller à l’école librement et nous vous sommes très reconnaissants d’avoir aidé notre professeur, Monsieur Kwangkham, dans l’organisation de cette classe verte. Nous vous remercions aussi pour les équipements de sport que vous nous avez apportés et nous espérons que nous vous reverrons l’année prochaine.

Note : les grandes vacances scolaires en Thaïlande vont de mi-mars à mi-mai et cette classe verte avait été organisée à l’initiative de mon ami Kwangkham du 8 avril au 8 mai.

21 mai 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Divers, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

12 Mai – Patience …

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Un peu à la bourre en ce moment, mais avec un nouveau projet EAU sous le coude, sur le modèle désormais exemplaire de celui qui avait été réalisé l’année dernière >Fichier PDF<.

Je dispose maintenant de toutes les informations : le budget de ce nouveau projet n’est que de 3500 Euros (contre 5500 pour le précédent) et il contribuera à améliorer le quotidien de 800 enfants et adolescents, tous des réfugiés de l’état Shan qui ont fuit la répression de la junte birmane.

Objectif : réunir les fonds avant la mi-juin pour pouvoir acheminer les matériels nécessaires avant que ne commencent les grosses pluies de mousson qui rendront les pistes impraticables.

Si vous souhaitez participer activement en faisant un don, il vous suffit de cliquer sur le lien à droite.

Je rédigerai un descriptif complet très prochainement. En attendant, je vous invite aussi à découvrir ce que pourrait être le résultat >ICI<.

12 mai 2011 Posted by | Divers, Loi Tai Laeng | 2 commentaires

3 Avril – Arrêt obligatoire

J’y faisais allusion dans certains de mes billets précédents, ils sont omniprésents sur les routes que nous empruntons pour rendre visite aux montagnards et se reconnaissent généralement par leur couleur majoritairement kaki assortie d’une barrière rouge et blanche en travers de la route, je veux bien évidemment parler des points de contrôle de l’armée thaïlandaise.

Voyage nord (292)

La province de Mae Hong Son où nous intervenons s’étend le long de la frontière entre la Thaïlande et l’un des pays les plus fermés de la planète : la Birmanie (ou Myanmar, comme l’appelle la junte militaire au pouvoir).

mapCette frontière est plus ou moins bien matérialisée par des cours d’eau et des crêtes de montagnes, souvent au milieu d’une jungle épaisse, ce qui la rend difficilement contrôlable. Elle représente pour de nombreuses populations opprimées l’objectif à atteindre – et à franchir – pour trouver un semblant de liberté et son tracé est parsemé de villages de réfugiés, certains accueillant plusieurs milliers d’habitants. Mais elle est aussi depuis de nombreuses décennies le théâtre de trafics en tous genres : narcotiques, armes, animaux de contrebande, bois précieux, etc. sans oublier les êtres humains !!

Ces postes de contrôle militaires, certains permanents, d’autres mobiles, semblent donc parfaitement justifiés au vu de la situation et il faut souvent y présenter une pièce d’identité et indiquer sa destination. Sur les pistes de montagne et les routes qui se terminent en cul-de-sac ou mènent “de l’autre côté”, ils notent également les noms de toutes les personnes présentes dans le véhicule, le numéro d’immatriculation et demandent l’heure (ou le jour) du retour.

Salawin (5)

Comme d’autres, j’avais lu des récits et articles racontant des rencontres avec des “militaires corrompus” demandant un droit de passage aux volontaires individuels et aux organisations humanitaires (je ne citerai aucun nom pour éviter toute polémique) souhaitant se rendre auprès des réfugiés. À cela venaient se rajouter les histoires de certains voyageurs et autres aventuriers en mal de reconnaissance qui ont entendu parler de quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a vu un jour quelqu’un se faire rançonner par les militaires. Un peu l’histoire l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’éléphant blanc (il n’y a pas d’ours en Thaïlande !!).

Je n’ai pas la prétention d’affirmer qu’il s’agit ici de pure fiction, certaines des situations décrites sont peut-être bien réelles, mais en plus de quatre ans et des dizaines de passages à ces points de contrôle nous n’avons JAMAIS eu à verser le moindre droit de passage, bien au contraire.

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Je me souviens de l’un de nos premiers passages par l’un de ces postes, il y a presque 5 ans. La route entre Tam Lod et Ban Huoi Haeng n’existait pas encore et il fallait environ 1H30 en 4×4 pour parcourir les 10 km de piste défoncée. Au retour, nous avions bifurqué vers Yapanae et Mae Lana, un village Shan où recommençait une bande asphaltée qui rejoignait la route principale menant à Mae Hong Son (voici la carte Google pour vous donner une idée de l’endroit, le point bleu représente Ban Huoi Haeng et nous avions rejoint la route 1226 par les pistes). Peu après Mae Lana, surprise, nous nous trouvons nez à nez avec un barrage militaire !!

Je crois que le planton qui nous a vu arriver n’a jamais vraiment compris comment nous étions arrivés jusque là, d’autant plus que nous n’étions pas répertoriés dans son registre et que nous étions supposés passer par son poste de contrôle avant de nous aventurer dans ce qu’il nous a décrit comme étant une zone dangereuse. Mais il nous a finalement laissé passer – avec le sourire !! – lorsqu’il a appris l’objet de notre voyage, à savoir apporter des fournitures scolaires à une école isolée.

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2 autres expériences vécues :

  • Chiang Rai 2 (52)Route vers Doi Tai Laeng, état Shan, voiture chargée de fournitures scolaires et de matériel médical. Des militaires thaïlandais un peu hésitants au début en apprenant notre destination, qui observent notre cargaison avec suspicion, puis qui deviennent tout sourire et nous saluent d’un énergique ‘”Thank You!!” après avoir obtenu l’autorisation de nous laisser passer auprès de leurs chefs.
  • Point non officiel de passage de frontière au nord du village de Ban Rak Thai pour rejoindre le village de réfugiés de Kong Mung Mong, dans l’état Shan. Là aussi voiture chargée de fournitures scolaires et de médicaments avec en prime un médecin français à bord. Le chef de poste nous accompagne et discute avec mon épouse. En repartant le deuxième jour, elle veut lui donner 500 THB (12 Euros) pour lui et ses hommes, mais il refuse et va jusqu’à nous rattraper pour nous les rendre.

Deux anecdotes parfaitement représentatives des contacts toujours extrêmement conviviaux et coopératifs que nous avons eu avec les militaires thaïlandais en poste à ces points de contrôles depuis plus de 4 ans. J’ignore si esprit de coopération est spécifique à cette région, mais nous avons cette fois encore pu ressentir la même impression de solidarité et de compassion de la part des hommes en uniforme envers leurs “cousins du mauvais côté de la frontière”.

Une réalité du terrain qui pourra aussi contribuer à rassurer nos donateurs quant à l’usage des fonds qu’ils nous confient : il n’existe aucun prélèvement “imprévu” entre eux et les bénéficiaires de leur générosité, un sujet (l’usage et la gestion des fonds) qui fera d’ailleurs l’objet d’un prochain billet.

3 avril 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Les Shans, Loi Tai Laeng, Voyages | Laisser un commentaire

26 Mars – La semaine en vrac…

…et en images (cliquez sur les photos pour les agrandir).

_DSC2093Dimanche 20 :

Arrivée au Cavelodge, les filles trépignaient d’impatience depuis plusieurs jours à l’idée de retrouver leur lieu de vacance favori ainsi que leurs amis Homsin et Chocolate (le petit garçon sur la photo), Tam et Doy (les chiens qui cachent les chaussures), les fourmis dans le lit, le Nam Plik Oup (euh… non, ça c’est pour moi !), le swimming hole (il faut venir sur place pour comprendre)…

Enfin bref, toute l’atmosphère et la convivialité de ce lieu très particulier, je dirais presque unique, qui a su conserver le même esprit depuis sa création, en 1984.

_DSC2103Lundi 21 : Dans la grotte

Cave en anglais, Tam en thaïlandais, d’où le nom du village : Tam Lod.

Il s’agit en fait d’un enchaînement de 3 grottes dont la dernière contient ce qui peut s’apparenter à des sarcophages dans lesquels, au moment de leur découverte, reposaient des corps momifiés. Ces derniers se trouvent maintenant à l’abri dans un musée et les “cercueils” en bois dur (tek ?), âgés de plus de 2500 ans, ont été laissés sur place.

Au coucher du soleil, la sortie de la grotte devient le théâtre d’un ballet aérien présenté par les hirondelles et les chauves souris, les habitants de ce lieu.

_DSC2174Mardi 22 : À l’école de Ban Huoi Haeng

Le sujet de mon billet précédent et un lieu incontournable à chaque fois que nous passons dans la région.

Nous sommes toujours autant sous le charme de cette école de montagne et de son directeur décidément pas comme les autres dont le dévouement et l’engagement ne sont plus à prouver. De nouveaux projets, petits et grands, sont en cours ou accomplis à chacune de nos visites et l’amélioration globale des conditions de vie et d’éducation des enfants dont nous avons été les témoins depuis plus de 4 ans ne peut que nous encourager à poursuivre sur la même voie.

Je viens d’ailleurs de créer sur ce blog une nouvelle page “Projets” (cliquez sur l’onglet correspondant en haut de la page) sur laquelle je dresse un récapitulatif des différents projets menés depuis fin 2006 et à partir de laquelle vous pouvez télécharger le récit détaillé de certains d’entre eux.

_DSC2342Mercredi 23 : Sortie Kayak

Départ au petit matin, une heure de route et on nous “lâche” sur un pont sous lequel passe une rivière (pour le kayak, c’est plus pratique qu’une voie ferrée…).

Au total, 5 heures à pagayer, à se laisser entraîner par le courant, parfois à essayer de rattraper le bateau après être tombé dans l’eau entre rochers et troncs d’arbre, le tout au milieu d’une nature somptueuse dans un cours d’eau au niveau relativement bas en cette saison. Pause déjeuner à proximité d’un centre d’étude sur les gibbons, une espèce protégée qui a ici la chance de vivre dans un environnement relativement préservé et classé “réserve naturelle”. Cette réserve compte également de nombreuses grottes dont la majorité ont été découvertes et explorées par John, le fondateur du Cavelodge qui a même servi de guide à une équipe de la BBC venue tourner un documentaire sur les poissons aveugles pour leur série “Planète Terre” (je viens de me commander un exemplaire).

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Une expédition en famille, puisque seul un couple d’australiens, des amis de John, nous accompagnaient et que nos guides étaient l’épouse et le fils de John ainsi que deux de ses beaux-frères.

Jeudi 24 et vendredi 25 : Visite chez les Shans

Un voyage très particulier qui nous entraîne de l’autre côté de la frontière sur un territoire à l’accès très règlementé et qui est théoriquement interdit aux étrangers. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter mon autre blog consacré aux Shans (freeshan) ou encore les quelques billets de celui-ci en sélectionnant la catégorie “Les Shans”.

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Un voyage très particulier puisque cette fois-ci, nous y sommes allés en famille !!

En effet, Pong, mon épouse, avait eu plusieurs fois l’occasion de discuter au téléphone avec nos différents contacts et voulait se rendre compte par elle-même des conditions de vie, ou plutôt de survie, de ses “cousins du mauvais côté de la frontière”.

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L’occasion aussi de déposer des médicaments à l’hôpital (ou plutôt la clinique, voir ici le témoignage) et, à l’école, le fruit de notre collecte de livres. Une expérience fabuleusement enrichissante aussi pour les filles qui ont de plus en plus conscience de la chance qu’elles ont de pouvoir bénéficier d’une éducation de qualité dans un environnement pacifique.

Accessoirement, nous avons aussi vécu la curieuse expérience d’un tremblement de terre à 1400 mètres d’altitude, heureusement sans victimes ni dégâts là où nous étions.

Pour mes lecteurs qui vivent en Alsace et qui souhaitent en savoir un peu plus, je vous invite à venir assister à la conférence qui sera donnée le 13 avril prochain à Brumath par mon ami le Docteur Olland (cliquez ICI pour télécharger la brochure au format PDF).

Samedi 26 : Repos au Cavelodge

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Après une semaine très riche en évènements et en émotions, journée détente en compagnie d’un phylium, ou phasme feuille.

Très prochainement, l’histoire de l’eau à Ban Huoi Haeng…

Restez à l’écoute (stay tuned, comme disent les anglophones).

26 mars 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Les Shans, Loi Tai Laeng, Voyages | 2 commentaires