Le blog de Thailsacien

La vie quotidienne d'une famille thailsacienne

27 Décembre – La semaine du Père-Noël

L’absence d’activités sur ce blog n’est pas synonyme d’absence d’activité dans la vraie vie et même si le chambardement organisationnelle provoqué par les inondations ne m’a pas laissé le temps de préparer des calendriers et cartes de vœux comme l’année dernière (rappelez-vous), les fonds restants, complétés par quelques dons spontanés dont je remercie les auteurs, ont été suffisants pour faire parvenir une bonne centaine de coupe-vents et 50 duvets à nos amis Shans, en plus du chargement “de Noël” dont je vais vous parler maintenant.

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La dernière semaine de l’année civile étant aussi une semaine de congé pour les filles, nous avions chargé le “traîneau du Père-Noël” de 250 duvets supplémentaires que nous sommes allés apporter nous-mêmes auprès de l’école de Pang Tong, un établissement qui accueille 250 élèves majoritairement Karens, près de la petite ville de Khun Yuam, à mi-chemin entre Mae Hong Son et Mae Sariang (ça, c’est pour vous aider à chercher sur Google Maps).

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Cela fait presque un an que nous avions eu connaissance de cet établissement dont le directeur est un ami de Monsieur Pimook. Si cette école semble à priori mieux équipée et aussi moins isolée que celle de Ban Huoi Haeng, elle “centralise” une bonne vingtaine de villages montagnards de la région et beaucoup d’élèves viennent ici pour leur cycle secondaire, après avoir reçu un enseignement primaire plus ou moins complet, dans une petite école de village pour les plus chanceux, au temple pour beaucoup d’autres.

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Le village de Pang Tong se trouve au milieu de paysages vallonnés superbes où les conditions climatiques de moyenne altitude (entre 700 et 1200 mètres) permettent une agriculture à la fois relativement diversifiée et différente de ce qui se pratique dans la plaine. Les conditions d’accès ne sont cependant pas des plus faciles : il nous a fallu aujourd’hui plus de 6 heures pour parcourir les 200 km depuis Chiang Mai !!

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Cette région est aussi très connue pour ses fleurs jaunes : les “Bua Tong”, dont la floraison a lieu chaque année en novembre et qui donne lieu à quelques semaines d’activité touristique intense, majoritairement des citadins de Bangkok et de Chiang Mai. Les collines retrouvent ensuite leur quiétude que l’on aurait presque envie de qualifier de bucolique, sauf que les conditions de vie des populations majoritairement Karens, avec quelques communautés Hmongs, ne sont pas vraiment des plus poétiques.

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Certains élèves ne disposent, en effet, que d’une seule paire de chaussures pour l’année et l’école compte une petite centaine de pensionnaires qui dorment sous des abris assemblés de bric et de broc et se lavent dans ce que nous avions initialement pris pour des abreuvoirs à bétail lors de notre premier passage ici, en octobre dernier.

En pratique, le directeur assure là aussi une fonction qui va bien au-delà de son rôle d’administrateur d’établissement scolaire et remplit une véritable mission d’assistance sociale auprès des populations et surtout de leurs enfants qu’il essaie le plus possible d’encourager à poursuivre leurs études au-delà des 9 années d’école obligatoire. Une tâche qui n’est pas toujours facile, car les familles ont besoin de bras pour les champs et qui ont encore souvent du mal à comprendre l’utilité des études parce que “les livres ne se mangent pas”.

Autre difficulté dont il nous avait parlé : certaines différences culturelles entre les Karens, qui représentent l’écrasante majorité, et les Hmongs dont une petite dizaine seulement fréquente son établissement. Ils habitent au village de Mae U-Khor, à 5 km environ de l’école (1 heure de marche), mais ne peuvent rester dormir sur place parce qu’aucun adulte Hmong n’est présent pendant la nuit. Plutôt que de laisser ces enfants se débrouiller seuls, avec le risque de les voir abandonner l’école, le directeur s’est débrouillé pour trouver les fonds nécessaires et a organisé une navette qui assure le transport quotidien. Un budget mensuel moyen de 4000 Bahts (100 Euros), soit 400 Baths par élève, qui est totalement hors de portée des populations agricoles montagnardes dont le revenu moyen est de 60 Bahts (1,50 Euro) par jour !!

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Alors s’il vous reste quelques “fonds de tirelire” après avoir joué le Père-Noël auprès de vos familles et de vos proches, peut-être aurez-vous vous aussi envie de participer à un cadeau bien plus précieux pour certains enfants que la plus sophistiquée des consoles de jeu et qui semble pourtant d’une banalité affligeante à beaucoup de petits occidentaux : l’éducation !!

Pour ce faire, il vous suffit de cliquer sur le lien “Faire un don” en haut à droite de cette page (ou alors de me contacter en laissant un commentaire, je vous indiquerai alors comment procéder pour bénéficier d’un abattement fiscal).

Le paiement est totalement sécurisé et l’intégralité des dons reçus, et même plus, bénéficie directement à ceux qui en ont réellement besoin.

27 décembre 2011 Posted by | Les écoles | Laisser un commentaire

5 Décembre – Je suis zému (la suite !!)

Le 1er décembre, date de mon dernier billet, c’était la fête des pères à l’école. Aujourd’hui, 5 décembre, c’est le jour de la vraie fête des pères, Wan Pôô Heng Chat (le jour du père de la nation) en thaï, anniversaire de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej.

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Cette fête majeure du calendrier thaïlandais, société résolument paternaliste, n’est pourtant pas aussi ancienne qu’il n’y paraît puisqu’elle n’a été instaurée qu’au début des années 80, soit il y a 30 ans à peine, dans le cadre d’une campagne de revalorisation de la monarchie menée à l’initiative du premier ministre de l’époque, Prem Tinsulanonda. Depuis, chaque année, les organisateurs successifs redoublent d’imagination et de créativité pour faire de cette journée une véritable éloge du monarque actuel et, plus largement, de l’institution royale thaïlandaise en général.

La Thaïlande est en effet une monarchie, constitutionnelle certes, mais surtout monarchique et tout voyageur de passage pourra très facilement constater à quel point les Thaïlandais aiment et respectent leur Roi. Il s’agit là d’une admiration qui peut parfois sembler démesurée, voire béatement naïve, mais qui n’en demeure pas moins des plus sincères et même sans les campagnes de propagande soigneusement orchestrées par les royalistes, je peux sans hésitation affirmer que le respect et l’amour du peuple Thaïlandais pour son souverain sont authentiques et je ne sais pas s’il existe au monde un autre chef d’état qui jouit d’une aussi grande popularité.

Le paradoxe ici est que la Thaïlande possède aussi l’une des lois les plus répressives au monde pour ce qui est des “crimes de lèse-majesté”. Je ne m’étendrai bien évidemment pas ici, pour des raisons évidentes, sur le bien-fondé de cette loi ni sur son utilisation catastrophiquement abusive au cours des récentes années avec pour résultat de faire plus de tort que de bien à l’institution qu’elle est supposée préserver des bassesses politiciennes. Un exemple récent est celui de ce sexagénaire condamné à 20 ans de prison pour 4 SMS jugés insultants (personne ne les a vu !) alors que des meurtriers ayant avoué leur crime peuvent sortir librement (et en souriant !!) de prison tout simplement en payant une caution.

Donc, en ce jour de la fête des pères, j’aurai tout abord une pensée émue pour tous ces “papas” qui sont en prison en Thaïlande – et aussi ailleurs dans le monde – tout simplement parce qu’ils ont osé exprimer leur opinion et que cette opinion a déplu à ceux qui tiennent le fusil. Quand à mon opinion personnelle à ce sujet, j’ai pour habitude de citer une phrase de l’un de mes maîtres à penser, le Docteur Isaac Asimov, qui dans l’un de ces ouvrages écrivait que si la démocratie consiste à enfermer 500 technocrates dans un hémicycle pour qu’ils débattent pendant des semaines avant d’arriver à une décision qu’un monarque clairvoyant aurait pu prendre en 10 minutes, alors rien ne vaut un BON roi ! (les majuscules sont volontaires)

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Un autre pensée émue sera pour notre ami Luchaye, professeur à l’école de Ban Huoi Haeng, qui a perdu son papa récemment dans des circonstances dramatiques. Je ne voulais tout d’abord pas en parler, mais après accord des principaux intéressés il s’agit ici aussi d’une forme d’hommage rendu aux papas qui ont été arrachés à leurs familles par des accidents de la vie ou, comme ici, par des faits de guerre.

Luchai fait partie de l’ethnie des Lahu, des chasseurs-cueilleurs qui vivent depuis des siècles dans les montagnes du Nord de la Thaïlande. Cette tradition de chasse et de cueillette est toujours très vivante et tous les montagnards, même les plus jeunes, connaissent la forêt comme leur poche. Le père de Luchaye et deux autres hommes du village étaient ainsi récemment sur les traces d’un gibier et ont eu la terrible malchance de croiser la route d’un groupe de gardes-frontière, des jeunes recrues manquant d’expérience et non originaires de la région qui ont paniqué en voyant ces trois montagnards ne parlant même pas leur langue et ont ouvert le feu sans sommation. Bilan : 2 morts, un blessé grave (les 3 montagnards chasseurs).

Version officielle parue dans la presse : les gardes-frontière ont tué des trafiquants de drogue.
L’armée a quand même reconnu une part de responsabilité et a donné 5000 Bahts (120 Euros) de dédommagement à la famille de chaque victime. Le prix du silence.

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Ma troisième pensée émue (désolé si je casse l’ambiance !!) sera pour les papas de l’état Shan dont les enfants ignorent ce qu’ils sont devenus. Les scénarios se répètent, toujours avec la même cruauté invraisemblable que l’on croit sortie d’un mauvais film : l’armée birmane, le SPDC, arrive un matin au village en accusant les habitants d’aider les rebelles. Ils emmènent les hommes valides, violent les femmes qui n’ont pas réussi à fuir et se servent des enfants comme d’esclaves pour leur quotidien. Sur les 850 élèves de l’école de Loi Tai Laeng auxquels j’ai encore rendu visite récemment, 250 sont orphelins et ne savent pas où est leur papa.

Mais une lueur d’espoir vient cependant de s’allumer et semble bien vouloir persister. Des accords ont récemment été conclus entre les dirigeants Shans et le gouvernement “civil” birman et, comme me le disait l’un de mes contacts, c’est maintenant que la VRAIE partie de football commence, avec des spectateurs !!

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Toujours dans l’optimisme, le budget nécessaire aux 10 jours intenses passés récemment en montagne était exclusivement d’origine personnel – j’étais en vacance Rire – et un solde précédent, auquel sont venus se rajouter quelques dons récents reçus notamment par l’intermédiaire ce ce blog, nous a permis d’acheter 300 couvertures ainsi que 100 vestes coupe-vent avec doublure que nous allons faire parvenir très prochainement à ceux qui en auront besoin en prévision d’un hiver qui s’annonce de nouveau particulièrement froid.

Alors si vous aussi vous souhaitez participer et, dans une certaine mesure, rendre hommage aux papas présents ou absents, peut-être en offrant une couverture (ou même plusieurs !!) à leur progéniture, faites un don (cliquez ci-contre ou sur le bouton “Faire un don” dans la colonne de droite). Les projets ne manquent pas : encore des couvertures, mais aussi une cuisine et une cantine dignes de ce nom pour l’école de Ban Huoi Haeng.

Mais ça, ce sera pour un prochain billet…

5 décembre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Célébrations, Les Shans, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

1er décembre – Je suis zému

La fête des pères en Thaïlande est célébrée tous les ans le 5 décembre, jour de l’anniversaire de sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej qui fêtera cette année ses 84 ans, soit sept cycles complets de 12 ans.

Des festivités sont organisées un peu partout dans le pays et toutes les écoles ont inclus dans leur emploi du temps une journée “spéciale papas” au cours de laquelle les élèves présentent des spectacles divers et variés aux papas qui ont réussi à se libérer pour l’occasion. Il faut dire que les circonstances disons… exceptionnellement aquatiques !! de cette année ont contraint la grande majorité des écoles de Bangkok à décaler la reprise du deuxième semestre et l’établissement que fréquentent de nos filles fait même figure de privilégié puisque les cours avaient repris ce lundi, le 28 novembre, alors que certains ne pourront pas rouvrir leurs portes avant début janvier.

Ce décalage de 4 semaines pour ce qui nous concerne a également donné lieu à une révision du calendrier scolaire pour le reste de l’année avec une réduction en conséquence des activités annexes dont fait notamment partie la “journée des papas”. Les élèves qui présentaient un spectacle n’ont ainsi eu que 3 jours pour se préparer (mais ils/elles se sont bien débrouillés quand même !!) et la journée elle-même a été limitée aux 3 premières heures de la matinée, pause café comprise.

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Mais l’ambiance était à la joie et à la bonne humeur, tous les professeurs étaient présents et très heureux eux aussi d’avoir pu reprendre “une activité normale” et j’ai été agréablement surpris par le grand nombre de papas qui avaient fait le déplacement en ce jour de milieu de semaine, d’autant plus que beaucoup d’entre eux n’ont pas la chance comme nous d’habiter à 5 minutes à pieds (ou 20 minutes en voiture !!) de l’école.

En plus de préparer chants et spectacles, il avait aussi été demandé à chaque élève de confectionner lui/elle-même une carte de vœux pour la fête des pères. Et là, je dois avouer que j’ai été bluffé par l’ingéniosité de Naomi, notre cadette, qui non seulement a rédigé un texte un peu plus élaboré que les expressions pleines de sentiments, je n’en doute, pas, mais banalement protocolaires du genre “I Love You Dad”, mais a aussi fait spontanément l’effort de l’écrire en français (cliquez pour agrandir).

 

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Je rappelle qu’à part quelques heures à l’Alliance française il y a quelques années, aucune de nos filles n’a jamais suivi de cours de français et je suis le seul francophone régulièrement présent dans leur entourage. Bon, c’est vrai que Google Translator aide pas mal, mais encore faut-il en avoir envie. Après tout, à quoi bon faire l’effort de parler/écrire dans une langue qu’une seule personne de son entourage pratique ?

J’en suis encore tout zému.

P.S. Pour l’année prochaine, je vais essayer l’alsacien. Il existe là aussi des dictionnaires en ligne.

1 décembre 2011 Posted by | Célébrations, Histoire et tradition, L'école des filles | 2 commentaires

27 Novembre – Journée d’examens

C’était programmé depuis presque 2 mois : ce weekend nous avons effectué un aller/retour Bangkok <=> Chiang Mai pour les tests d’évaluation de la future école des filles : l’école Varee.

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Départ vendredi après-midi, retour sur Bangkok samedi dans la soirée. Un hôtel près de l’école pour pouvoir y être assez tôt, une voiture de location pour l’autonomie de mouvement : simplicité – efficacité pour un déplacement qui se voulait avant tout utilitaire sans vraiment de place pour le tourisme.

Pour ça, nous reviendrons à la fin de l’année !!

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Comme indiqué au début, nous avions programmé ce voyage depuis presque deux mois déjà, juste après l’inscription des filles dans leur nouvel établissement début octobre. À ce moment, personne, mais alors PERSONNE ne se doutait que les inondations qui ont affecté – et qui affectent toujours – Bangkok prendraient des proportions aussi catastrophiques et dureraient aussi longtemps. Nous supposions donc que le deuxième semestre aurait déjà recommencé, que les filles auraient cours le vendredi après-midi et avions par conséquent réservé un vol après de Nok Air, une compagnie qui dessert de Don Muang, l’ancien aéroport près duquel nous habitons.

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L’eau ayant transformé les pistes de ce terrain historique en une gigantesque piscine, tous les vols ont été transférés au nouvel aéroport, Suwarnapoom, à près de 40 km de notre domicile. Mais comme la rentrée du deuxième semestre n’aura lieu que demain, lundi 28 novembre, l’heure de trajet supplémentaire imposée par les embouteillages de Bangkok pour atteindre notre nouveau point de départ n’était pas très gênante.

Arrivée à Chiang Mai, nous nous rendons au guichet de la compagnie de location de voitures. Ce guichet, ainsi que ceux d’autres compagnies de location, se trouve directement à côté d’une porte qui reste ouverte constamment et qui débouche sur un parking exclusivement réservé aux véhicules de location (cette précision est importante pour la suite !!). Le temps de récupérer les clés, de faire le tour du véhicule, Pong et les filles s’étaient attablées pour prendre un goûter. Les formalités terminées, je vais pour les rejoindre et récupérer les sacs quand soudain le gardien de la porte me barre le passage. Ce même gardien qui m’a vu sortir 1 minute plus tôt avec l’employé de la société de location me fait comprendre par des gestes (il ne veut/sait pas parler !!) qu’il faut que je refasse tout le tour de l’aérogare pour rentrer par l’avant. Il me montre d’ailleurs une petite pancarte visible uniquement à l’extérieur (aucune indication à l’intérieur !!) sur laquelle figure “No Entry”.

Je rappelle que nous sommes toujours dans une zone exclusivement réservée aux véhicules de location de l’aéroport !! Mais bon. Le règlement c’est le règlement et ceux qui “pondent” (pas qui élaborent) les règlements sont rarement ceux qui les font appliquer dans la vraie vie !!

J’appelle donc Pong qui était toujours attablée avec les filles à quelques mètres de là, elle vient me rejoindre … Stop !!! … trop tard. Elle aussi a franchi la ligne invisible gardée par l’inflexible et zélé cerbère qui réussit quand même à prononcer 3 mots en Thaï au milieu desquels je crois reconnaître “X-Ray”. Restent les filles – avec notre sac – toujours à l’intérieur. Nous les appelons, elles approchent avec le sac pas trop lourd mais quand même, je vais pour les aider à porter le sac sur les 10 derniers mètres, mais rien à faire : le porteur de béret est déterminé à remplir sa mission jusqu’au bout. On lui a dit “No Entry”, il applique “No Entry”. D’ailleurs la tête ça sert à tenir le béret, pas à réfléchir !!

Le lendemain, lorsque nous rapportons la voiture, l’employé de la société de location nous explique que ce règlement totalement absurde les gêne eux aussi et qu’ils s’en sont déjà plusieurs fois plaint auprès de la direction de l’aéroport. Ben oui : eux aussi, ils sortent avec un client et sont obligés de refaire tout le tour en passant par les contrôles aux rayons X pour revenir sur leur lieu de travail !! Côté positif (il y en a toujours un) : c’est bon pour la ligne, car ça leur fait faire 300 m de marche à pied à chaque fois.

Il a d’ailleurs profité de notre “incident” pour signaler une nouvelle fois la totale irrationalité de ce règlement, et au moment de nous faire signer les papiers de décharge après la remise du véhicule (nous étions à l’intérieur et lui à l’extérieur), il s’est même amusé à pousser jusqu’au bout la carte de l’absurdité en tenant le document tout juste à la limite de la porte – toujours grande ouverte – et en me demandant suffisamment fort pour que le gardien l’entende de ne pas sortir la main trop loin pour signer (dés fois qu’il lui viendrait à l’idée de demander à ma main de refaire le tour…).

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Côté scolarité, les filles attendent à présent la confirmation (j’espère !!) de leur admission vers la mi-décembre et elles sont toutes les deux revenues enchantées de la demi-journée passée dans leur future école qu’elles sont impatientes de rejoindre.

 

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27 novembre 2011 Posted by | L'école des filles, Vie quotidienne | Laisser un commentaire

20 Novembre – Un engagement qui séduit

Suite de mon billet du 16 novembre au sujet de notre récent séjour en montagne.
Il va sans dire que la parenthèse du 18 concernant le pastis n’avait absolument rien à voir avec nos actions auprès des minorités ethniques !!

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Ci-dessus l’une des salles de classe que nous avions financées en 2009 et 2010

C’est donc devenu une habitude : nous essayons chaque année de mener à bien au moins un projet principal avec l’école de Ban Huoi Haeng, en plus de différentes petites actions annexes auprès d’autres écoles de la région et aussi auprès des Shans, ces cousins des Thaïlandais qui sont du mauvais côté de la frontière. Monsieur Pimook, le directeur de Ban Huoi Haeng, est plus que jamais engagé dans sa mission à la fois pédagogique et sociale auprès des 125 élèves de son établissement, un engagement qui n’est assurément pas étranger au phénomène d’émulation auquel nous pouvons assister depuis 2 ans environ sous la forme d’autres interventions, notamment d’une ONG suisse et des autorités locales (ben oui, quand même !!).

Un engagement doublé d’une honnêteté à toute épreuve qui a également séduit et surtout convaincu tous les visiteurs, sans exception, souvent des donateurs, à qui nous avons eu le plaisir de faire découvrir ‘pour de vrai’ les conditions assurément peu ordinaires dans lesquelles ces enfants de 4 à 15 étudient avec une motivation exemplaire et aussi dans lesquelles les enseignants, extraordinairement dévoués, doivent assurer leurs cours.

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Parmi ces visiteurs, il y a eu, fin décembre 2009, un groupe relativement conséquent duquel faisaient partie plusieurs “jeunes” du Rotary-Club, ou plus exactement du Club Interact de Brumath – Strasbourg Campagne. Ayant été immergés dans les projets humanitaires dès leur plus jeune âge, la participation à ce type d’action fait depuis toujours partie de leur quotidien et ils organisent chaque année, pendant la période estivale, une journée de festivités dont les bénéfices sont consacrés à certains projets choisis. Leur grande expérience du terrain, combinée ici à leur impression personnelle, leur permet d’avoir une vision relativement objective de la situation, un regard extérieur que nous apprécions toujours et qui nous conforte dans notre manière de mener les projets et, surtout, de gérer les fonds qui nous sont confiés.

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L’un des projets qu’ils avaient choisi de financer cette année est une coopérative scolaire pour l’école de Ban Huoi Haeng. Il s’agissait d’un projet indépendant du reste de l’école, au coût peu élevé, facile à maîtriser et dont l’aboutissement pourrait contribuer à améliorer considérablement le quotidien à la fois des élèves et des professeurs, puisque le petit village montagnard dans lequel se trouve l’école ne compte aucun, mais alors AUCUN magasin et qu’il faut parcourir 10 à 15 km d’une bande bitumée sinueuse pour acheter ne serait-ce qu’un crayon !!

L’idée était donc de créer ce que l’on trouve dans l’immense majorité des écoles du pays : une boutique où les élèves pourront se procurer des articles scolaires, mais aussi quelques friandises ainsi que du savon, du dentifrice, etc. pour les pensionnaires. Cette boutique sera gérée à la manière d’une coopérative, c’est-à-dire sans véritable but lucratif à part le petit bénéfice qui servira à l’entretien des locaux et qui permettra aussi de faire face aux inévitables augmentations de prix. Le Club Rotary Interact a ainsi envoyé les fonds nécessaires, soit 1500 Euros, directement sur le compte de l’école et nous avons pu constater lors de notre récent passage que Monsieur Pimook et son équipe, comme à leur habitude, avaient su utiliser au mieux le budget disponible.

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Les travaux n’étaient pas encore totalement terminés au moment de notre passage début octobre (c’était pendant les congés !), mais le local est prêt sous la forme d’une extension ajoutée à l’une des salles de classe que nous avions financées et les informations récentes me laissent penser que les premières marchandises devraient faire leur apparition très prochainement. Connaissant les habitudes thaïlandaises, je suppose qu’ils demanderont conseil auprès d’un moine ou d’un shaman local qui choisira la date la plus propice pour l’ouverture officielle.

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Monsieur Pimook a confié l’encadrement de ce projet à celui que l’on peut considérer comme son bras droit : Monsieur Lutchay, professeur à l’école depuis plusieurs années et lui-même originaire d’un village Lahu rouge de la région. Un choix qui est loin d’être anodin, car la future gestion de cette coopérative sera ainsi confiée à quelqu’un qui connaît parfaitement les particularités de la culture locale où les notions de vie en communauté et d’entraide entre villageois ont encore toute leur place. Habitant dans la vallée, il y descend en moyenne trois fois par semaine et pourra assurer l’approvisionnement en marchandises. Il prévoit même d’acheter plusieurs grandes glacières dans lesquelles il pourra conserver notamment des “Yakool”, ces yaourts à boire genre Actimel en flacons de 10 ml qui sont distribués à toutes les sorties d’école du pays, ainsi que d’autres produits qui doivent être tenus au frais et auxquels seuls quelques enfants privilégiés avaient accès jusqu’à présent (essayez d’imaginer un été sans manger une glace !!).

Un projet une nouvelle fois rondement mené dont l’aboutissement ouvre la voie au prochain : l’aménagement d’une cuisine digne de ce nom.

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Mais ça, ce sera l’objet d’un prochain billet. Pour l’instant, je vous laisse imaginer au vu de la photo ci-dessus les conditions “exemplaires” dans lesquelles sont préparés les 3 repas quotidiens des 80 pensionnaires, auxquels viennent s’ajouter 45 déjeuners des élèves qui ont la chance de pouvoir regagner leurs foyers tous les soirs mais qui restent tout de même manger à l’école.

20 novembre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng | Laisser un commentaire

16 Novembre – Des nouvelles du front

ou plutôt du mont et des dons !!

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Cela fait en effet près d’un mois que nous sommes rentrés de notre dernier voyage en montagne, mais entre les routes coupées, les affaires de notre maison de Bangkok à mettre en lieu sûr et l’organisation de notre vie de “réfugiés” à Nakhon Pathom, j’avoue que je n’avais pas vraiment le temps de mettre un semblant d’ordre dans la pléthore d’idées, de projets et autres émotions qui agitent mon esprit, comme à chaque fois depuis plus de 5 ans maintenant que nous venons dans cette région (voir ci-dessus, l’onglet “Nos projets”).

Nous avions donc passé 10 jours intenses (c’était d’ailleurs le titre d’un billet écrit sur le vif), mais aussi quelques jours avant et quelques jours après à constater la progression et l’aboutissement des projets en cours auprès de l’école de Ban Huoi Haeng, que mes lecteurs réguliers commencent à bien connaître, et d’une autre école qui nous avait été recommandée et que nous suivions “à distance” depuis quelques mois : l’école de Pang Tong, dans la région de Khun Yuam, quelque part entre Mae Hong Son et Mae Sariang. Monsieur Pimook connaît son directeur, un homme qui est lui aussi admirablement dévoué à sa tâche et qui a volontairement choisi de faire sa carrière au milieu des populations Karens dont les enfants constituent la majorité des effectifs de son établissement.

Mais commençons par l’école de Ban Huoi Haeng, étape incontournable de chacun de nos voyages en montagne et dont nous avons pu suivre l’évolution au cours des dernières années. Lors de nos tous premiers contacts, entre 2006 et 2008, nous avions le sentiment d’être les seuls à apporter une aide, aussi modeste soit-elle, à ce qui est tout de même un établissement scolaire officiel de l’éducation nationale. Les conditions d’accès étaient très difficiles – en moyenne 1H30 de piste défoncée jusqu’au village le plus proche – et il n’était pas rare que le village reste inaccessible plusieurs jours pendant les fortes pluies de mousson.

Fin 2008, nous avions alors participé à la construction d’un dortoir, équipé ce même dortoir, installé des panneaux solaires, etc. (vous pourrez retrouver le détail de nos différents projets dans l’onglet du même nom en haut de cette page). Nous avions l’habitude de passer en moyenne 2 fois par an et Mr Pimook, le directeur, ainsi que les autres professeurs savaient que notre engagement avec leur école était sur le long terme. La seule autre “intervention” extérieure que nous avions pu constater à ce moment était la construction d’une route et d’un pont, ce qui facilitait considérablement l’accès au village, mais aussi les communications entre ce même village et la vallée et ainsi le “monde extérieur”.

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Début 2009, j’étais présent le jour de la rentrée des classes et j’ai constaté que plusieurs élèves d’autres écoles des environs étaient venus à Ban Huoi Haeng pour s’y faire inscrire. Il semblait, en effet, que les quelques actions que nous avions menées, auxquelles il fallait ajouter l’admirable engagement de Monsieur Pimook et de son équipe d’enseignants, avaient donné à cette école une certaine notoriété et en avaient fait l’école de référence de la région.

Un an plus tard, nous avions eu l’agréable surprise d’apprendre qu’une autre ONG, suisse, s’était intéressée à l’école de Ban Huoi Haeng et avait elle aussi financé la construction d’un dortoir. Parallèlement à cela, Mr Pimook nous disait qu’il recevait occasionnellement la visite de l’une ou l’autre personnalité locale ou nationale qui avait entendu parler de cette école pas comme les autres mais qui restait pourtant tellement démunie en comparaison des établissements de même catégorie près des grandes villes.

Aujourd’hui, l’école de Ban Huoi Haeng possède la lumière pendant la nuit, l’eau courante (un véritable luxe), des installations confortables pour l’hébergement des 80 enfants qui restent dormir sur place 10 mois sur 12, des salles de classe toute neuves (à l’exception de 2 – bureaucratie oblige !!) et l’école vient d’être sélectionnée parmi plusieurs autres établissements de la province pour devenir un centre d’enseignement de l’informatique avec, à la clé, la dotation d’un équipement complet et – cerise sur le gâteau – l’installation d’une mini centrale solaire qui fournira de l’électricité en permanence.

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Il semblerait donc qu’il existe un phénomène d’émulation non seulement auprès d’autres ONG (les suisses sont revenus entre temps pour installer un groupe de purification pour produire de l’eau potable), mais aussi auprès des autorités de tutelle qui se sont finalement réveillées (enfin pas trop vite, hein !!) et que l’idée de Pimook d’afficher partout les noms – étrangers – des donateurs commence à porter ses fruits.

En attendant, un autre projet est sur le point d’aboutir et d’autres sont à l’étude. Mais ça, je vous en parlerai dans un prochain billet.

16 novembre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Loi Tai Laeng | Laisser un commentaire

23 Octobre – 10 jours intenses

Je vous parlais de “silence radio” et de “l’autre côté du miroir” dans mon dernier billet, nous voilà de retour !!

Mais avant d’aller plus loin, j’ose espérer qu’entre la naissance de Sarkozy junior et la mort de Kadhafi les médias français ont réussi à trouver un peu de place pour parler des inondations catastrophiques qui touchent la Thaïlande depuis plusieurs semaines et qui sont maintenant sur le point d’envahir Bangkok.

Voici un site d’information fiable et régulièrement mis à jour (en anglais) : http://www.thaitravelblogs.com/

En français, il y le très intéressant blog de Michèle qui livre une vision un peu plus analytique des évènements et de certains débordements politiques : http://michjuly.typepad.com/blog/

Pour les d’informations en français, il y a le site du Gavroche qui semble être mis à jour régulièrement http://www.gavroche-thailande.com/ ou encore le site Thailande-Info http://www.thailande-infos.net/ qui a mis en place une Veille informative.

Pour notre part, l’école des filles ayant décalé la rentrée d’au moins une semaine et moi-même ayant (une prémonition ?) emmené avec moi tout ce qu’il faut pour travailler à peu près normalement, nous avons décidé de rester une semaine de plus à Chiang Mai. Non pas que notre maison de Bangkok soit touchée – elle se trouve dans l’un des quartiers épargnés pour l’instant – mais la circulation dans la capitale est encore plus chaotique qu’à l’accoutumée (ce qui n’est pas peu dire !!) et les rayons des supermarchés ont été vidés de tout ce qui se mange et peut se stocker. Inutile donc d’aller “camper” dans un quartier où l’électricité risque d’être coupée, nous retournerons vers le centre du pays en fin de semaine, avec pour option de nous installer quelques jours dans notre maison de Nakhon Pathom si l’école n’est toujours pas ouverte la semaine prochaine.

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Réflexion personnelle : quelque part je me dis que nous avons quand même une chance insolente, j’irais presque jusqu’à dire indécente. Des milliers de personnes autour de nous ont tout – mais alors TOUT – perdu (il y a très peu d’assurance habitation en Thaïlande). Nous venons une nouvelle fois de passer 10 jours avec des gens dont certains ont vu leurs parents assassinés sous leurs yeux et qui survivent plus qu’ils ne vivent dans un pays sous occupation birmane. Nous avons visité des écoles où les enfants viennent en pension pour 5 mois avec une seule paire de chaussures et dont les directeurs doivent se débrouiller pour leur trouver un repas chaque matin et chaque soir.

Une chance qui nous motive d’autant plus à poursuivre nos actions, car je me dis que si des gens comme nous, qui n’ont après tout rien de bien exceptionnel, ont accès à tout ce que la société moderne et la technologie peuvent offrir, c’est pour pouvoir le partager et essayer d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Ce que je souhaite dans l’immédiat, c’est de réussir à disposer d’assez de temps pour pouvoir poursuivre notre collecte de fonds, car les besoins sont vraiment immenses.

Bon, assez de bavardages, voici quelques photos des 10 derniers jours passés “de l’autre côté du miroir”.

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Après une mousson exceptionnellement longue et abondante, il vaut mieux être bien équipé pour parcourir les 10 km de piste qui mènent à notre destination.

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Lever de soleil magnifique sur les montagnes du Pays Shan à 1400 mètres d’altitude.

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La prochaine fois, promis, je lui apporte un cure-dents.

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Mon ami le Docteur Pilou en plein examen. La présence d’un “vrai” médecin, surtout occidental, passe rarement inaperçue et plusieurs patients en profitent pour se soumettre à un examen plus approfondi. Il va sans dire que le concept de tirer au flanc est inexistant ici et que personne n’essaie de se faire mettre en arrêt maladie pour aller à la pêche !!

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Les équipes paramédicales parcourent le pays Shan pour apporter des médicaments et prodiguer les premiers soins aux populations démunies de tout. Ils suivent un programme de formation de 6 mois, puis repartent dans la jungle et reviennent l’année suivante pour 6 nouveaux mois de formation. J’ai volontairement masqué leurs visages, il faut qu’ils restent incognito car seules les autorités birmanes sont <officiellement> autorisées à fournir des médicaments aux populations.

Ici, le Docteur Pilou en pleine démonstration de l’examen initial d’un patient.

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Déjeuner quotidien avec un autre médecin – américain – arrivé 2 jours après nous. Retraité, il a choisi de consacrer son temps aux populations réfugiées. Il est à Loi Tai Laeng pour 2 mois, à droite son épouse qui l’accompagne et la jeune femme à sa gauche est une prof d’anglais qui a volontairement choisi d’enseigner 6 mois en pays Shan !!

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Les étudiants sont avides de connaissances et chaque livre est pour eux un véritable trésor. Petit bémol : prolifération de livres sur “Jésus” distribués à tous vents par des missionnaires de passage. J’ai joué au candide et ai demandé s’ils avaient aussi des livres sur Mahomet, Shiva, Bouddha, etc.

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Plus loin à l’intérieur du pays Shan, une succession de petites vallées extraordinairement fertiles où poussent fruits et légumes en abondance, à condition d’avoir suffisamment d’eau…

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Je n’ai pas réussi à savoir comment se dit “Schnaps” en Shan !!

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De jeunes moines près de l’école. La fraîcheur des lieux explique les robes doublées.

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Une population extraordinairement accueillante et toujours souriante, malgré tout ce qu’elle a pu subir.

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C’est peut-être banal, mais ne dit-on pas qu’après la pluie vient le beau temps ?

23 octobre 2011 Posted by | Les Shans, Loi Tai Laeng, Voyages | 5 commentaires

11 Octobre – Mardi, jour du marché

Comme tous les mardis, marché montagnard à Pang Mapha, un véritable bonheur pour les photographes.

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Voyons, 2 kg de patates douces à 25 Bahts et 3 kg de tomates à 30 Bahts, ça fait…

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Vacances scolaires : beaucoup d’enfants accompagnent leurs parents.

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Vous avez vu mes belles dents ?

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Et bien sûr l’incontournable visite à l’école de Ban Huoi Haeng dont les élèves sont eux aussi supposés être en vacance, mais dont ceux qui habitent au village n’ont pas voulu manquer l’occasion de venir nous saluer en nous présentant leur nouvelle coopérative scolaire qui devrait être opérationnelle pour le deuxième semestre, à partir du mois de novembre.

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Nous avions appris il y a quelques mois qu’une immense statue de Bouddha avait été construite dans un village à quelques kilomètres de Ban Huoi Haeng. Les pistes étant praticables et disposant d’un peu de temps, nous avons décidé d’aller découvrir cette curiosité locale qui fait un peu figure d’anachronisme au milieu des montagnes sauvages et des villages aux maisons en chaume et en bambou.

Nous avons rencontré le moine (il n’y en a qu’un seul !!) qui vit à côté. Il s’agit d’un moine ermite qui avait choisi de vivre dans la forêt et qui a eu un jour une révélation lui demandant de faire construire une grande statue de Bouddha à l’endroit où il était en train de méditer. Comme beaucoup de moines, il a eu une vie “civile” avant de rejoindre les ordres et il a alors téléphoné à son ancien patron, un riche industriel, pour lui parler de sa révélation et lui demander s’il accepterait de participer à son financement. Bien lui en a pris, puisqu’il a accepté de participer à hauteur de 90 % de l’ensemble, le reste ayant été assuré par la classique voie des dons.

Demain, changement de décor, nous passons de l’autre côté du miroir… Silence radio pendant une bonne semaine .

11 octobre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Les Shans | Laisser un commentaire

10 Octobre – C’est parti !!

Ça y est, après une semaine pas vraiment de tout repos, nous avons accueilli notre ami le Docteur Pilou à l’aéroport de Chiang Mai samedi soir (heureusement qu’il est venu en avion, car toutes les routes sont inondées !!) et prenons ce matin la route de Tam Lod, dans la province de Mae Hong Son, pour une nouvelle mission quelque part en montagne.

Les filles trépignent d’impatience depuis plusieurs jours à l’idée de retourner au Cavelodge, il est vrai que c’est l’endroit de Thaïlande où nous avons passé les plus longues et les meilleures périodes de vacance et que c’est devenu un peu notre deuxième “chez nous”.

Tam Lod (74)

Si vous voulez avoir un avant-goût du paradis, c’est là qu’il faut commencer. Il existe depuis peu un groupe Facebook qui a été créé par John, le fondateur du Cavelodge qui vit en Thaïlande depuis 30 ans, et où chacun peut poster ses photos et ses meilleurs souvenirs.

Ban Huoi Haeng (107)

Aucun séjour dans cette guest-house mythique ne peut être envisagé sans une visite à l’école de Ban Huoi Haeng, d’autant plus qu’un nouveau projet vient d’y être réalisé avec l’aide de l’association Action Rotary Est et les jeunes de l’Interact. Nous devrions le découvrir dans les jours qui viennent, je le présenterai bien évidemment dans un prochain billet.

Tam Lod (29)

En attendant, nous allons savourer la route aux 1500 virages avec ses paysages fabuleux, ses marchés montagnards et ses rencontres inattendues…

Chiang Mai (365)

10 octobre 2011 Posted by | Ban Huoi Haeng, Les Shans, Voyages | 2 commentaires

21 Septembre – Lycée français de Bangkok, 3ème partie

Je devrais en fait modifier le titre de cette série de billets qui ont évolué vers le thème plus général de l’éducation des enfants métis, un sujet qui semble toujours intéresser autant au vu des questions qui me sont adressées. Je souhaite cependant préciser une nouvelle fois que je n’ai nullement la prétention de connaître la solution idéale ; il s’agit ici de notre propre démarche, de notre vécu personnel dans un environnement familial spécifique qui ne peut pas nécessairement être reconstitué à l’identique et qu’il ne faudrait surtout pas généraliser.

Il existe néanmoins une règle que l’on peut sans crainte qualifier d’universelle, applicable à tous les enfants métis, et qui résulte directement de ladite qualité de métis, c’est celle que j’avais indiquée dans mon dernier billet :

N’oubliez jamais le fait qu’il/elles sont métis(ses) et, dans la mesure du possible, intégrez ce facteur dans leur éducation !!

Autre règle, qui répond à certaines questions posées et qui concerne elle aussi les enfants métis et plus précisément les enfants qui ont eu la chance fabuleuse de naître dans une famille polyglotte :

Ne jamais déroger à la règle “1 parent = 1 langue”

En effet, un enfant voudra instinctivement communiquer et dialoguer avec ses deux parents et si chacun de ses parents prend l’habitude de lui parler dans sa propre langue maternelle, c’est-à-dire celle qu’il/elle maîtrise le mieux et qu’il/elle parle sans trop d’accent (ou chuste hun bedi beu l’accent Halsacien !), l’enfant sera parfaitement bilingue. La même règle pourrait s’appliquer aux familles où l’un des parents possède une bonne maîtrise d’une deuxième langue (pas nécessairement sa langue maternelle) et qui font le choix du bilinguisme. Mais là aussi il est essentiel de TOUJOURS s’en tenir à la règle 1 parent = 1 langue et ne jamais opter, même ponctuellement, pour la solution de facilité consistant à donner des explications dans l’autre langue.

DSC01206Étant originaire d’une région où la langue régionale est encore très présente (on s’en serait douté !!), j’ai moi-même eu la chance d’évoluer dans un environnement bilingue et de rencontrer différents cas de figure. Un point très important qui mérite d’être souligné : il ne faut surtout pas faire l’erreur de croire que ce bilinguisme risque d’entraîner un retard scolaire, notre propre expérience tend plutôt à démontrer le contraire. De même, il ne faut pas non plus commettre l’erreur d’arrêter de pratiquer “l’autre” langue une fois que les enfants commencent à fréquenter l’école (un parent qui change soudainement de langue d’expression a plutôt de quoi dérouter !!).

En pratique, il aurait été très maladroit de ma part d’arrêter de parler le français à nos filles et d’essayer de leur baragouiner un Thaï hésitant par crainte que leur francophonie puisse les handicaper dans leur scolarité, d’autant plus que lorsqu’elles ont commencé à fréquenter l’école en Thaïlande, leurs maîtresses étaient très agréablement surprises de découvrir que même après avoir vécu respectivement 4 ans et 2-1/2 ans en France avec leur maman pour seule interlocutrice dans la langue Thaïlandaise, elles maîtrisaient mieux celle-ci que les autres enfants “locaux” monolingues. J’ai en fait constaté qu’en pratiquant couramment deux langues, l’enfant est beaucoup plus attentif à l’articulation et à la prononciation, parce qu’il/elle veut être sûr(e) de bien se faire comprendre par la personne à qui il/elle s’adresse.

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Bon, après cette “parenthèse” linguistique, revenons à nos propres choix et au parcours que nous avons suivi. J’en étais resté à nos premiers pas dans un environnement pédagogique biculturel et c’est au cours de mes réflexions en quête d’une autre solution de scolarisation que j’ai découvert le concept des écoles bilingues (aussi appelées “English Program”) que j’avais présenté rapidement dans mon premier billet. Il s’agit en fait d’écoles privées qui suivent le programme officiel de l’éducation nationale mais où toutes les matières générales (maths, science, géographie, etc.) sont enseignées en anglais par des natifs anglophones et les matières typiquement Thaïlandaises (la langue Thaïlandaise, éducation civique, etc.) par des professeurs Thaïlandais. Il y a donc 2 enseignants par classe et les enfants sont en immersion totale dans un environnement bilingue dès leur plus jeune âge, ce concept étant proposé dès la maternelle avec une moyenne de 70% des cours dispensés en anglais à l’école primaire.

Le cerveau des enfants étant une véritable éponge à connaissances, ils n’éprouvent aucune difficulté particulière à assimiler ce qui n’est après tout qu’un nouveau moyen de communication, mais avec un avantage incontestable par rapport à un apprentissage simplement académique : l’utilisation pratique directe de la nouvelle langue acquise. En clair, il ne s’agit pas d’une banale matière comme une autre, mais d’un véritable support de communication utilisé au quotidien pour interagir avec leur environnement et pour emmagasiner de nouvelles connaissances.

Bien sûr, on peut légitimement se poser la question de la raison du choix de l’école bilingue anglo-thaïe plutôt que franco-thaïe dans notre cas. La réponse est simple : ça n’existe pas !!
Et en toute honnêteté, c’est une question qui ne m’a même pas effleuré l’esprit. Je rappelle en effet que nous sommes des migrants et je considère que la connaissance de la langue anglaise – première langue parlée dans le monde – est nettement plus utile dans l’environnement dans lequel nous avons choisi d’éduquer notre progéniture.

Ceci ne nous empêche bien évidemment pas de continuer à parler en français à la maison, et même si elles se sentent pour l’instant plus à l’aise dans la langue de Walt Disney que dans celle de Franquin, leur francophonie est acquise et entretenue et elle pourra toujours être améliorée dans l’avenir en cas de besoin.

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Nous nous sommes donc mis à la recherche d’une école bilingue, mais toujours en gardant à l’esprit la règle énoncée ci-dessus concernant le métissage, ce qui voulait dire que notre école “idéale” devait être non seulement bilingue, mais aussi biculturelle ou, mieux encore, multiculturelle.

Il existe, en effet, pléthore d’établissements qui profitent de l’engouement de la classe moyenne Thaïlandaise pour la formule “English Program” et qui excellent dans l’art de publier des brochures publicitaires vantant les mérites de “leur” méthode, mais en poursuivant toutes un seul et même but : le profit financier !!

Il faut donc rester extrêmement vigilant, et même si la recherche du profit financier ne s’effectue pas nécessairement au détriment de la pédagogie, ce n’est pas parce que le bâtiment est tout beau et tout neuf avec des frais de scolarité en rapport que l’éducation sera forcément meilleure que dans une école plus modeste dont l’ancienneté peut aussi être synonyme d’expérience. L’établissement que nous recherchions devait accueillir une proportion non négligeables d’autres enfants métis (et pas seulement des sino-thaïs pourris-gâtés que leurs familles ont placé là pour garder la face !!) et présenter un taux de renouvèlement des enseignants étrangers le plus faible possible, c’est-à-dire employer une majorité de vrais professeurs, pas seulement des routards de passage qui veulent juste avoir un visa d’un an et qui servent de caution à l’école pour leur argumentaire commercial : “Vous voyez, nous avons beaucoup de professeurs Farangs !!”.

Entre les châteaux façon “Harry Potter” qui sentent encore la peinture fraîche et les écoles anciennement 100% Thaïe qui viennent soudainement de se découvrir une vocation bilingue ($ $ $) mais où personne (ou presque) ne parle l’anglais, il n’existe en fait qu’une petite poignée d’établissements sur Bangkok qui remplissaient réellement les critères que nous nous étions fixés.

Nos filles fréquentent maintenant pour la quatrième année consécutive l’école Daroonpat, un établissement aux dimensions humaines qui compte environ 250 élèves dont 20% de métis, pour un coût de l’ordre de 3000 Euros par an et par enfant, cantine scolaire et sorties incluses. Et même si nous allons changer l’année prochaine pour le passage en secondaire de Maeva, notre aînée, nous ne regrettons absolument pas ce choix et irions même jusqu’à le conseiller aux autres parents qui souhaitent comme nous voir leur descendance évoluer dans un environnement pluriculturel, avec de vrais professeurs anglophones (certains sont là depuis plus de 5 ans) qui donnent de vraies notes (pas des résultats gonflés pour faire bien !!) et qui n’hésitent pas à demander le redoublement d’un élève dont le niveau est jugé insuffisant (même si les parents dudit élève le changent ensuite pour un établissement qui donne des notes proportionnelles à leur générosité lors de l’inscription).

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Bon, je constate que je me suis une nouvelle fois laissé emporté par mon inspiration – il est vrai qu’il y a de quoi. Je vous avais bien dit que j’allais essayer de résumer…

Il faudra donc patienter jusqu’à mon prochain billet consacré à ce sujet pour découvrir que certains enfants issus d’un milieu très aisé ne sont toujours pas capables de lacer seuls leurs chaussures à l’âge de 12 ans alors que les petits montagnards de 5 ans à peine font leur propre vaisselle et même parfois leur lessive, ou encore pour intégrer dans l’éducation un autre aspect auquel je n’avais pas vraiment pensé jusqu’à présent, mais qui peut pourtant lui aussi devenir une composante déterminante de l’avenir de notre progéniture : les réseaux !! (non, pas Facebook).

 

21 septembre 2011 Posted by | Education, enfants, L'école des filles | Laisser un commentaire