Le blog de Thailsacien

La vie quotidienne d'une famille thailsacienne

27 Avril – Poi Hsang Long (jours 2 et 3)

Suite du billet du 26 avril

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JOUR 2

Au matin du 2ème jour, les parents font la toilette du Hsang Long en utilisant un bol d’or et d’argent (enfin, certainement ayant la couleur de l’or et/ou de l’argent !!). Ils lui donnent ensuite son repas en portant les aliments jusqu’à sa bouche.

Je rappelle en effet que le futur moinillon est considéré comme un prince et ne doit RIEN faire pendant ces 5 jours. Il s’agit en fait d’une démarche spirituelle au cours de laquelle il traverse une première période où il goûte aux plaisirs d’une existence purement matérielle dans laquelle ne manque de rien et peut jouir d’une totale oisiveté avant d’être soumis aux règles très strictes de la vie monastique qu’il adoptera ensuite pendant une durée minimale de 7 jours. Cette démarche s’inspire de la vie du Bouddha qui était lui-même prince avant de choisir de tout quitter pour sa quête de la vérité (la vie, l’univers et tout le reste…).

La photo ci-dessus illustre parfaitement la principale activité des Hsang Long pendant ces 5 jours.

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Une nouvelle procession a ensuite lieu autour du temple dont les participants font trois fois le tour, un rituel qui sera répété à trois reprises pendant la journée.

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Au cours de ce deuxième jour, les Hsang Long vont également rendre visite au village d’où il sont originaires. Les festivités se déroulent en effet dans des centres communautaires importants qui concentrent plusieurs dizaines de villages, des villages dont les habitants n’auront pas forcément le temps d’aller saluer leur “petit prince” d’une semaine.

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JOUR 3

Le troisième jour commence comme le deuxième, à savoir toilette puis procession autour du temple, avec pour différence que les Hsang Long ne vont maintenant plus quitter le centre des festivités. Ils accueillent en effet les visiteurs qui sont venus les encourager dans leur démarche et offrent à ceux-ci une collation sur les tables dressées devant chaque cabine. En échange,n chaque visiteur se doit de déposer une enveloppe dans une urne prévue à cet effet devant la cabine (généralement quelques dizaines de Bahts).

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La particularité est que si la deuxième journée est plutôt réservée aux familles, le troisième jour, toute personne de passage peut, si elle le souhaite, se faire offrir une collation à chacune des 85 cabines (il y avait 85 Hsang Long cette année !!). Je rappelle qu’aucun alcool n’est servi dans l’enceinte où ont lieu les festivités, au vu de cet usage il n’est pas difficile d’imaginer le résultat de 85 “dégustations” dont certains ne manqueraient pas de profiter.

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Et toujours la même règle : ne RIEN faire, avoir un porteur à sa disposition dès que l’on souhaite aller quelque part.

Rendez-vous demain pour le quatrième et le cinquième jour.

 

27 avril 2011 Posted by | Histoire et tradition, Les Shans | Laisser un commentaire

26 Avril – Poi Hsang Long

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Ce nom relativement difficile à prononcer pour un occidental désigne une série de festivités qui ont lieu chaque année au mois d’avril au sein des communautés Shan au Nord de la Thaïlande. Nous les avions manquées de peu au cours de notre passage dans la région de Mae Hong Son fin mars, j’ai pu assister “en coup de vent” à quelques préparatifs dans un temple Shan de Chiang Mai (le Wat Pa Pao pour ceux qui connaissent !) et un concours de circonstances nous a finalement permis de vivre pleinement cet évènement majeur le weekend dernier au cours d’un séjour à Wiang Haeng, un gros bourg montagnard à environ 160 km au nord de Chiang Mai.

Je reviendrai sur les raisons de notre séjour dans cette région dans un prochain billet, je vais pour l’instant faire appel à mes souvenirs encore récents pour essayer de décrire le plus précisément possible ce que j’estime être l’une des plus belles fêtes à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir assister depuis que je vis en Thaïlande. Une fête d’autant plus belle qu’il n’existe ici aucune, mais alors AUCUNE motivation touristique et – un fait rare qui mérite d’être souligné – une consommation d’alcool quasiment nulle puisqu’aucune goutte de ce produit chimique n’est servie pendant cette période (du moins dans le cadre des cérémonies proprement dites !!).

Poi Hsang Long désigne la cérémonie au cours de laquelle les jeunes garçons de l’ethnie Shan deviennent moines, ou plus exactement ‘”moinillons” puisqu’ils sont généralement âgés d’une dizaine d’années. Les festivités durent en tout 5 jours et celles de Piang Luang auxquelles nous avons assistées sont, parait-il, les plus importantes de Thaïlande car elles se déroulent dans un haut lieu historique des Shans. Elles ont lieu tous les ans pendant le mois d’avril, c’est-à-dire pendant les vacances scolaires d’été, et leurs dates précises étant fixées par chaque communauté en fonction de critères locaux spécifiques.

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JOUR 1

Les familles des Hsang Long (nom qui désigne les “pré-moinillons”) préparent ce qui sera leur demeure pendant les 5 jours des cérémonies. Il s’agit d’une espèce de cabine en bambou ouverte d’un côté et à l’intérieur de laquelle sont conservés tous les vêtements qui seront portés par le Hsgan Long pendant les festivités. Des tables sont dressées devant les cabines pour servir des collations aux visiteurs de passage.

C’est aussi ce 1er jour que le jeune garçon se fait raser le crâne et qu’il devient alors pleinement un Hsang Long. À partir de ce moment, il est considéré comme un petit prince et il n’a plus rien à faire, mais alors RIEN DE RIEN. Un ou plusieurs porteurs sont à sa disposition et le transportent sur leurs épaules dès qu’il souhaite aller quelque part (oui, même pour aller là !!).

J’imagine que certains jouent les “pourris – gâtés” et en profitent pour solliciter leur porteur très souvent, surtout si ce dernier est un oncle ou un parent qui l’a récemment contrarié Clignement d'œil

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Une première procession autour du temple a lieu le soir du 1er jour, après quoi les Hsang Long et leurs familles vont passer la nuit dans leurs cabines respectives.

Bon, j’en ai déjà écrit pas mal, je vous propose donc de revenir demain pour le déroulement du deuxième et du troisième jours ainsi que d’autres photos.

 

26 avril 2011 Posted by | Histoire et tradition, Les Shans | Laisser un commentaire

17 Avril – La fête de l’eau

Le nouvel an Thaïlandais, ou Songkran, est assurément la fête la plus importante de l’année pour les thaïlandais et donne traditionnellement lieu dans tous le pays à des batailles d’eau gigantesques qui prennent, dans certains endroits, des proportions cataclysmiques. C’est aussi la semaine de l’année qui compte le plus de jours fériés, trois jours d’affilée, généralement complétés par des jours “avant” et “après” au cours desquels des millions de thaïlandais se retrouvent sur les routes pour aller rendre visite à leurs familles, parfois à l’autre bout du pays.

Pour vous donner une idée de la frénésie qui s’empare de la Thaïlande, essayez d’imaginer le chassé-croisé parisien de fin juillet/début août qui aurait lieu pendant la semaine de Noël à Nouvel An, ajoutez un zeste de départ aux vacances de février et un soupçon de pont du 1er au 8 mai, et vous commencerez à entrevoir ce qui pu servir de bases au théorème de l’imprédictibilité de Poincaré version Siamoise.

Comme il existe des dizaines, voire des centaines de sites et de blogs qui publient ces jours-ci des photos de batailles d’eau, il m’a semblé intéressant de rappeler quelques aspects historique de ce qui est en réalité non pas le nouvel an thaïlandais, mais le nouvel an du Bouddhisme Theravada. Dans le passé, celui-ci avait lieu pendant les trois jours suivant la pleine l’une d’avril, mais les dates ont été fixées aux 13, 14 et 15 avril par le Maréchal Pibul Songkran (oui, je sais, le nom est ressemblant !) un peu avant la 2ème guerre mondiale. C’est à cette époque aussi que ce qui s’appelait alors le Siam adopte le calendrier grégorien, mais en conservant comme année de référence la mort du Bouddha. Nous sommes donc déjà en 2554 (ceux qui craignent la fin du monde en 2012 peuvent donc venir en Thaïlande !!). Mais revenons-en aux festivités de Songkran :

Premier jour : le grand nettoyage
(Oschter Putz en alsacien Rire à gorge déployée).

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Les familles réveillent leurs enfants de bonne heure pour qu’ils puissent assister au “Sangkahn Paï”, ou départ du génie de l’année. Ceci est bien évidemment un prétexte pour les faire participer activement au nettoyage de la maison et des alentours, pour éliminer à la fois les saletés et les mauvaises choses de l’année qui vient de s’écouler. C’est ce jour là aussi que l’on lave les statues du Bouddha.

Deuxième jour : visite au temple

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Au cours des dizaines, ou même des centaines de visites au temple effectuées chaque année, il arrive immanquablement que les gens ramènent chez eux par inadvertance un peu de sable du temple qui est resté collé à leurs chaussures. Le deuxième jour de Songkran, ils y ramènent tout ce sable et s’en servent pour construire des pagodes en sable (Pla chedi Sai) afin d’acquérir des mérites. En pratique, ce sont les temples qui font venir des camions de sable et certains organisent même des concours qui peuvent donner lieu à des créations artistiques extrêmement élaborées. La visite au temple est également l’occasion de présenter ses vœux aux moines en versant de l’eau sur leurs mains et leurs épaules.

Troisième jour : les vœux aux anciens

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Le troisième jour de Songkran, c’est-à-dire après le nettoyage à fond de la maison et après l’accomplissement des rituels au temple, est traditionnellement le jour des familles. On rend visite à ses parents et grands parents, les jeunes versent de l’eau parfumée sur les mains et les épaules de leurs aînés en gage de respect et un repas est pris en commun.

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Il s’agit là du déroulement “traditionnel” qui a bien évidemment considérablement évolué au fil du temps et s’est aujourd’hui adapté aux contraintes de la vie moderne. En pratique, les cérémonies ont souvent lieu en fonction des emplois du temps de chacun, parfois le même jour, et certaines municipalités organisent aussi une parade avec élection de “Miss Songkran” et divers autres concours. Les gens prennent une semaine entière de congé (très rare en Thaïlande où ils n’ont pas encore inventé la CGT !!) et tous les moyens de transport du pays sont pris d’assaut.

Si vous appréciez le calme de Paris pendant la semaine du 15 août, vous pourrez connaître une situation à peu près similaire à Bangkok pendant la période de Songkran.

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Pour en revenir aux batailles d’eau, la Thaïlande a battu cette année un record du Guiness de la plus grande bataille de pistolets à eau avec de 3500 participants en plein centre de Bangkok !!

Encore quelques photos de notre Songran.

17 avril 2011 Posted by | Bouddhisme, Célébrations, Histoire et tradition | Laisser un commentaire

17 Mars – Mariage pluvieux…

…mariage heureux !!

Telle est la devise que je me suis appliqué à communiquer à la cousine de Pong qui se mariait aujourd’hui ainsi qu’à un maximum d’invités présents. La première étape de notre périple était en effet Phichit, ville natale de Pong et lieu de résidence de la majorités des membres de sa familles. Accessoirement, Phichit est également la ville des crocodiles et il existe une légende selon laquelle une princesse locale avait été capturée par un crocodile géant pour ensuite être délivrée par son chevalier servant. L’un de nos voisins de Bangkok avait d’ailleurs demandé à Pong, en apprenant quelle est originaire de Phichit, si elle avait été capturée par un crocodile au moment où nous nous sommes rencontrés.

Je ne vais pas décrire ici en détail le déroulement d’un mariage traditionnel Thaïlandais, je vous invite à lire à ce sujet les 3 billets que j’avais rédigé il y a quelques temps :
1. Bénédiction des moines
2. Procession et dote
3. Dîner de gala

Nous avons assisté à l’intégralité des cérémonies qui se sont déroulées sur 1 jour et qui peuvent se résumer comme suit :
manger
– bénédiction des moines
manger
– procession
– remise de la dote et hommage aux mariés
manger
– préparation du repas pour le soir (toute la famille s’y est mise, bien évidemment en goûtant chaque plat !)
manger
– sieste
manger

Vous l’avez constaté, la majorités des activités qui ont eu lieu au cours de cette journée s’articulaient autour de la nourriture et de sa préparation. Une expérience finalement très nourrissante aussi sur le plan intellectuel puisque j’ai ainsi pu assister à l’intégralité de la préparation de certains plats que je me contentais jusqu’à présent d’ingurgiter de déguster.

Ci-après quelques exemples des mets présentés, les premiers servis ayant été, comme il se doit, les moines et les invités ont ensuite mangé les restes…

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Cliquez sur les photos pour les agrandir.

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Si je parlais de mariage pluvieux, c’est en rapport avec les conditions météorologiques totalement surréalistes auxquelles est soumise la Thaïlande depuis 2 jours : pluie fine quasiment ininterrompue et températures hivernales : 17 °C à peine dans la journée alors que la saison chaude devrait déjà avoir commencé !!

Si, si : 17 °C à Bangkok et dans la plaine centrale Un peu comme s’il faisait –5 °C au mois de juin en Alsace !!

Un temps idéal pour une bonne choucroute, d’autant plus que tous les ingrédients étaient réunis pendant cette journée de festivités au cours de laquelle presque tous les invités ont participé à la préparation des plats servis au : un cochon fraîchement tué et du chou !!

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Palette fumée au feu de bois, poitrine grillée et jarret, seules les saucisses manquaient, mais ne soyons pas trop difficiles, le fournisseur de la viande (photo ci-dessous) n’avait pas vraiment l’air de se plaindre !!

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Ainsi, si vous passez un jour par Phichit et que vous entendez certains locaux essayer de prononcer “mariage pluvieux, mariage heureux”, vous saurez qu’ils ont participé à cette journée mémorable.

18 mars 2011 Posted by | Célébrations, Voyages | Laisser un commentaire

2 Février – Semaine de 35 heures

Les chinois sont en plein dans leur semaine des 35 heures…. de congé annuel !!

C’est en effet le 3 février 2011 que commence l’année du lapin, après l’année du tigre, et que tous les petits commerçants chinois prennent leurs congés annuels (3 jours pour la majorité, la semaine complète pour les plus riches). Avec les congés de la mi-année (Sat Djin – qui ne durent qu’une journée), c’est quasiment la seule période de fermeture de ces petits magasins de quartier qui restent ouverts toute l’année, 7 jours sur 7 du lever au coucher du soleil. Les grands centres commerciaux restent bien évidemment ouverts et se réjouissent de la frénésie acheteuse engendrée par cet évènement.

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Les festivités s’étalent sur trois jours et, en Thaïlande, la communauté chinoise y a intégré quelques traditions locales. Le premier jour est appelé “Wan Djai” ou jour où l’on paie. Les gens vont au marché pour faire le plein de provisions en prévision des jours suivants et la consommation de canards et de poulets atteint des records. Le quartier chinois de Bangkok est en effervescence et semble être l’endroit idéal pour ressentir pleinement toutes les sensations des personnages du célèbre roman de Bernard Werber.

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Le deuxième jour, aujourd’hui, est “Wan Wai”, ou jour du respect. Les gens offrent la nourriture achetée la veille à leurs ancêtres, généralement devant l’autel des ancêtres présent dans chaque foyer chinois, parfois devant la maison des esprits présente devant chaque maison thaïe et allument des pétards (ceux qui éclatent !). Une autre tradition consiste à allumer des billets de banque (des faux !!) pour envoyer de l’argent à leurs ancêtres afin qu’ils puissent s’acheter ce dont ils ont besoin là où ils se trouvent.

Le troisième jour correspond au premier jour de la nouvelle année. Il s’agit de “Wan Tiao”, ou jour du voyage, l’occasion d’aller rendre visite à sa famille ou tout simplement d’aller voyager en famille. Il va sans dire que les transports publics sont bondés, les hôtels sont pris d’assaut et un voisin me disait ce matin qu’il y avait chaque jour 120 vols directs de Chine à Phuket, la grande île touristique du sud de la Thaïlande.

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Cette fête est aussi très populaire au Viêt Nam où elle est appelée Fête du Têt. Je me trouvais à Hanoi pendant cette période il y a quelques années et j’avais eu la chance d’être le premier client d’un magasin lors de son ouverture après les festivités du Têt. Les commerçants pensent, en effet, que les achats du premier client de l’année détermineront le niveau de prospérité pour les 361 autres jours d’ouverture. Ils ont donc tout intérêt à ce que celui-ci fasse un maximum d’achats et sont prêt à accorder des remises conséquentes, parfois très conséquentes !!

Il est donc très intéressant de programmer certains achats ce jour là et vous n’aurez aucune peine à imaginer l’immense désespoir du commerçant dont le premier client sera ressorti les mains vides.

Sur ce, je vous souhaite à tous Sawadi Pii Mai Djin et je retourne bosser…

2 février 2011 Posted by | Célébrations, Histoire et tradition, Vie quotidienne | Laisser un commentaire

16 Janvier – L’histoire franco-thaïlandaise

Falcon010Pour la majorité des français, l’histoire commune de notre pays avec l’Asie du Sud-Est est généralement associée à l’Indochine et aux trois pays qui la composaient, à savoir le Viêt-Nam, le Cambodge et le Laos, ainsi qu’aux conflits qui y ont sévi.

Mais les relations avec le grand voisin siamois, devenu aujourd’hui la Thaïlande, sont elles aussi très riches, très mouvementées, parfois chaotiques, alternant entre les périodes où régnait une entente harmonieuse et celles de conflit parfois violent, périodes entre lesquelles venaient s’intercaler des époques plus ou moins longues que je qualifierais de cordialité diplomatique.

Le point de départ de cette histoire commune franco-thaïlandaise, ou plus exactement franco-siamoise, remonte au XVIIème siècle sous l’impulsion d’un grec, Constantin Phaulkon, qui, grâce à son habileté diplomatique, son don pour les langues et aussi un extraordinaire concours de circonstances, s’est retrouvé premier ministre du Siam sous le règne du roi Naraï. Ce dernier s’est laissé convaincre d’engager des relations avec le monarque français de l’époque, Louis XIV, qui enverra non seulement une première ambassade, mais aussi un corps expéditionnaire de plus d’un millier d’hommes. Pour connaître la suite, je vous invite à découvrir l’ouvrage ci-contre, écrit par l’historien Alain Forest qui a animé récemment une conférence à ce sujet à l’Alliance Française de Bangkok. Il existe également la trilogie dite “du Faucon du Siam” d’Axel Aylwan, une approche un peu plus romancée mais très intéressante.

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Livre Koh Chang008Un autre moment d’histoire commun, un peu moins reluisant, a été la bataille dite de Koh Chang en janvier 1941. Après plusieurs années de voyages réguliers à Koh Chang, j’ai d’ailleurs quand même trouvé le temps récemment d’aller découvrir le petit monument érigé à l’extrême sud-est de l’île en mémoire de cet évènement.

Pour faire simple, la Thaïlande est sous la domination du dictateur militaire Plaek Pibulsongkram qui essaie de profiter de la confusion générale qui règne alors en Asie (nous sommes à quelques mois du début de la guerre dite du Pacifique) et, surtout, de la défaite de la France pour essayer de récupérer des morceaux de territoire qui avaient été perdus par le Siam pendant le règne du roi Rama V.

Des manifestations ultra-nationalistes et anti-françaises à Bangkok sont suivies par des escarmouches frontalières de plus en plus fréquentes qui évoluent finalement en un véritable conflit armé, terrestre, aérien et finalement naval sous la forme de la bataille de Koh Chang qui marque la fin du conflit. Le paradoxe est que cette bataille a été gagnée par la flotte française, très inférieure en nombre, mais considérée comme une victoire Thaïlandaise, d’une part parce qu’il s’agissait de la France de Vichy, donc pas vraiment légitime, et d’autre part parce l’intervention du Japon en tant que médiateur a définitivement mis fin à ce qui pouvait être considéré comme une “bagarre de cour d’école” aux yeux d’un Japon impérial qui était en train d’assujettir l’ensemble de l’Asie et qui était sur le point de déclencher la guerre du Pacifique.

Pour en savoir plus sur la bataille de Koh Chang, je vous conseille le livre paru récemment “Koh Chang, La victoire perdue” par Éric Miné qui, avec un style agréable et fluide (j’ai presque réussi à le lire d’une seule traite) nous replonge dans l’ambiance du Saïgon colonial et du Bangkok d’entre deux règnes.

Bien évidemment l’histoire commune franco-siamoise puis franco-thaïlandaise est loin de de se limiter à ces deux épisodes que j’ai évoqué ici suite à de récentes lectures. J’ai aussi découvert il y a peu un nouveau blog né à l’initiative de trois retraités passionnés d’histoire qui ont décidé d’approfondir cette partie peu connue de notre histoire, un blog que je vous invite à découvrir ici : Grandes et petites histoires de la Thaïlande.

16 janvier 2011 Posted by | Histoire et tradition | 11 commentaires

3 Janvier – C’est reparti !!

Oui, je sais, ça fait une éternité (depuis l’année dernière en fait !!) que je n’ai plus écrit de billet mon blog. Il faut dire, à ma décharge, que les derniers jours de l’année qui vient de se terminer sur le calendrier grégorien étaient des plus chargés, d’autant plus qu’ayant prévu une petite semaine de “pause” il m’a fallu abattre en trois semaines le travail généralement accompli en quatre.

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En résumé : fête scolaire, visite de plusieurs voyageurs de passage, préparation de notre séjour balnéaire à Koh Chang, sans oublier l’incontournable tradition d’échange des cadeaux. Et au milieu de tout ça, je n’ai bien évidemment pas oublié nos amis les montagnards, notamment les enfants du village de réfugiés Shans de Kong Mung Mong, qui sont à des années-lumière de ce genre de déchaînement mercantile et à qui j’ai fait parvenir un lot de survêtements en prévision des journées du sport qui se tiendront fin janvier.

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Certains recevront ainsi des vêtements neufs pour la première fois de leur vie et auront l’inestimable chance de pouvoir terminer une année scolaire à peu près normale, sans se faire tirer dessus ni voir leur maison incendiée (désolé si je casse l’ambiance, mais il me semble approprié de rappeler occasionnellement qu’il n’y a pas que les huitres et le foie gras).

Pour revenir à la nouvelle année, je dois dire que tout ça me semble un peu confus. Les Shans sont fêté leur nouvel an le 7 décembre et sont maintenant en 2105. Les occidentaux qui emploient majoritairement le calendrier grégorien viennent de passer en 2011, les chinois fêteront leur nouvel an le 3 février prochain pour passer dans l’année du lapin et les Thaïlandais sont en 2554 et fêteront leur nouvel an le 13 avril.

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Alors devant ce feu d’artifice de dates et de méthodes de comptage différentes, j’ai opté pour des voeux que j’essaie d’exprimer de la manière la plus neutre possible.

Avertissement préalable

Ce message concerne des vœux de nouvel an. Si vos croyances, ou pratiques laïques vous interdisent d’en recevoir, veuillez ne pas lire ce message. De même, le lecteur doit s’assurer, avant de poursuivre la lecture, que ce sujet ne heurte pas ses convictions personnelles et qu’il est conforme aux lois de son pays.

Veuillez accepter, sans aucune obligation implicite ou explicite, mes meilleurs vœux pour un environnement plus sain, une société plus responsable, une vie heureuse et sans stress, dans le respect des pratiques et traditions de la religion de votre choix (ou de vos pratiques laïques) et dans le respect des traditions (ou pratiques laïques) des autres, ou même l’absence de traditions ou pratiques.

Ces vœux concernent aussi votre accomplissement personnel, votre réussite professionnelle, votre bonne santé, pour la survenance de ce nouvel an (suivant le calendrier généralement accepté, sans que cette acceptation puisse être considérée comme un manque de respect pour le calendrier de votre religion ou de toute autre calendrier laïque).

Ces vœux vous sont adressés sans considération de votre race (ou de son absence), religion (ou de son absence), de votre âge, nationalité (ou de son absence), sexe (ou de son absence), couleur de peau (ou autre), orientation sexuelle ou aptitude physique.

Ces vœux se limitent exclusivement au lecteur et pour une période d’un an ou jusqu’à la survenance d’une autre période de souhaits.

Cette occasion de souhaits n’est et ne doit pas être considérée comme limitée aux célébrations judéo-chrétiennes ou aux célébrations de quelque organisation, groupe, communauté ou individualité que ce soit (ou même à leur absence).

Conditions générales de voeux
En acceptant mes vœux, vous acceptez les termes suivants :

  1. Ces vœux peuvent être repris à tout moment à ma seule initiative, pour quelque raison que ce soit, ou même sans raison aucune. Le lecteur ne saurait en aucun cas en réclamer la reprise ou l’échange.
  2. Ils peuvent être transférés sans licence a condition de ne pas altérer le message original, et pour des vœux à usage non commercial d’une durée inférieure à 30 jours.
  3. Ces vœux au lecteur ne comportent aucun engagement de leur rédacteur qui ne saurait être tenu pour responsable de tout évènement (ou absence d’évènement) qui ne serait pas conforme aux souhaits adressés.
  4. Les deux parties conviennent que tout différent juridique concernant ces vœux relève des tribunaux de Kapingaramangi (FSM) et des seules lois présentes sur http://www.fsmlaw.org
  5. Ces vœux étant adressés par voie électronique, vous disposez d’un droit de retour de 7 jours. En cas de retour, vous disposerez d’un droit rectification ou de modification du fichier nominatif des retours.
  6. Conformément à la législation européenne, nous vous informons que ce texte ne comprend que des termes d’origine naturelle ayant été rédigés en respectant l’environnement et qu’aucun animal n’a été utilisé comme cobaye lors de l’élaboration de ce texte et lors des essais de lecture.

3 janvier 2011 Posted by | Célébrations, Vie quotidienne | Un commentaire

5 Décembre – Bonne fête papa !

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Le 5 décembre, jour de l’anniversaire de sa Majesté le Roi Bhumibol, est l’un des évènements majeurs du calendrier des fêtes thaïlandais et correspond aussi à la fête des pères. Des festivités et célébrations en tous genres ont lieu un peu partout dans le royaume et l’école des filles ne déroge pas à la règle en organisant la “journée en rose”.

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En effet, le rose est devenu la couleur symbolique du monarque actuel depuis que le jaune a été récupéré à des fins politiques et il est d’usage de porter un polo ou une chemise rose au cours des cérémonies organisées en son honneur. C’est donc une assemblée tout de rose vêtue et au sein de laquelle étaient présents de nombreux papas qui s’est réunie pour assister à divers spectacles, chants et autres lectures de textes à la gloire paternelle, soigneusement préparés par les élèves de toutes les classes (bon, un peu plus par les maternelles/petites primaires que par les terminale !!).

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Il est d’usage aussi de désigner le “papa de l’année” et cette année c’est tombé sur mapomme !!
J’avais été prévenu quelques jours avant et on m’avait demandé de préparer un petit discours (juste 5 minutes, ça suffira !! – bon OK, on verra…)

Pour avoir déjà assisté plusieurs fois à ce genre de cérémonie au déroulement très protocolaire, pour ne pas dire pompeux, et connaissant par expérience l’effet soporifique de la lecture inexpressive d’un texte dont la dynamique et le rythme ressemblent à la courbe encéphalographique d’une méduse, j’ai essayé de trouver un moyen de redonner vie à une assistance dont l’attention est inversement proportionnelle au temps passé depuis l’absorption du dernier café.

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En résumé, je suis parti de l’hypothèse selon laquelle si quelqu’un, quelque part, avait estimé que je méritais le titre de “papa de l’année”, c’est qu’il ou elle considère que je n’étais pas vraiment comme les autres et il fallait donc que ma prestation orale soit à la hauteur de la distinction qui m’avait été attribuée. Après la désignation officielle de “l’élu” par mes filles, j’ai donc commencé par une petite improvisation (enfin j’avais un peu réfléchi avant quand même !!) sur les responsabilités du père, le fait que si on est père c’est qu’on a choisi de l’être, etc. pour ensuite, en gardant un ton très sérieux, lire le texte suivant que j’ai présenté comme la lettre adressé à un ami par sa fille de 15 ans (j’ai bien évidemment lu le texte en anglais) :

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Cher papa,

Cela fait 3 mois déjà que j’ai quitté le foyer familial pour mon nouvel internat. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir pris le temps d’écrire plus tôt, mais il s’est passé beaucoup de choses que tu vas découvrir dans cette lettre. Avant de continuer, je voudrais cependant que tu t’assoie, pour ta propre sécurité. OK ?

Là, on commençait déjà à entendre
des “chut!” dans l’assistance.

Bon, allons-y. Je vais beaucoup mieux maintenant. La fracture du crâne que j’ai subie après avoir sauté par la fenêtre de ma chambre pendant l’incendie du dortoir quelques jours après mon arrivée est quasiment guérie. Je n’ai passé que trois semaines à l’hôpital et j’ai presque retrouvé une vision normale et n’ai plus que 2 ou 3 crises de migraine chaque jour.

Heureusement, un employé de la station service près de l’école a été témoin de l’incendie et il a appelé les pompiers. Il venait ensuite régulièrement me rendre visite à l’hôpital et nous avons fini par tomber profondément amoureux l’un de l’autre. C’est un très gentil garçon et il est vraiment adorable avec ses piercings, ses cicatrices, des tatouages et sa grosse moto. Nous avons décidé de nous marier. La date précise n’est pas encore fixée, mais ce sera avant que ma grossesse deviennent trop visible.

Oui, papa, je suis enceinte !!

Je crois que c’est à ce moment
qu’il y a eu un silence presque total.

Je sais à quel point tu es impatient de devenir grand père et je suis persuadée que tu saura apporter à mon bébé autant d’amour et d’attention que tu m’as donné à moi-même quand j’étais enfant. En attendant, nous prions tous les jours pour la science trouve un remède au SIDA afin que Johnny, le père de mon bébé, puisse guérir. Mais ne t’inquiète pas papa, j’ai 15 ans maintenant et je sais prendre soin de moi.

Des yeux grands ouverts attendaient la suite,
j’entendais des “ohhh” et quelques murmures

Mon papa adoré, maintenant que je t’ai tenu au courant des derniers évènements, il faut que je dise la vérité : il n’y a pas eu d’incendie du dortoir, je n’ai pas eu de fracture du crâne, je n’ai pas été hospitalisée, je ne suis pas fiancée et, bien évidemment, je ne suis pas enceinte. Je voulais juste te faire prendre conscience du fait qu’il existe des choses plus graves dans la vie que d’avoir un 0 en anglais et un 4 en sciences. Après ça, j’espère que tu apprécieras le bulletin scolaire ci-joint à sa juste valeur.

Ta fille adorée

Bon, applaudissements, ce qui veut dire que la majorité avait compris qu’il s’agissait d’une blague, ce qui m’a été confirmé par différentes réactions dont celle du responsable des professeurs anglophones qui a trouvé épatant que quelqu’un ayant l’accent français lise un texte en anglais à un auditoire majoritairement thaï et réussisse à se faire comprendre.

Je lui ai dit que la prochaine fois j’essaierai avec l’accent alsacien !!

5 décembre 2010 Posted by | Célébrations, L'école des filles | 5 commentaires

11 Novembre – Joyeux Anniversaire

Oui, je sais ! Le mien n’est que dans une semaine et celui de Pong était la semaine dernière. Mais nous avions décidé de fêter les deux en même temps aujourd’hui et avions convié à cette occasion plus de 200 invités non triés sur le volet !!

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Il est vrai que ceci mérite une petite explication.

En Thaïlande, il est d’usage pour celui ou celle qui fête son anniversaire de faire des offrandes afin d’acquérir des mérites, un peu comme des “bons points” en vue d’une vie meilleure lors de la prochaine réincarnation. La solution de facilité adoptée par l’immense majorité des Thaïlandais consiste à aller au temple pour y faire un don à un ou plusieurs moines. Les voisins y vont, la famille y va, donc il faut y aller aussi et puis ça évite de se poser trop de questions.

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Pour notre part, dans la série “ne surtout pas faire comme les autres”, nous avions décidé il y a quelques années déjà de profiter de cette occasion pour offrir des repas aux enfants des écoles les plus défavorisées autour de chez nous. Et comme cette année il s’agit pour moi d’un chiffre “rond” (je suis né en 2054 au calendrier Shan !), nous avons décidé de marquer le coup en nous rendant dans deux écoles dont celle fréquentée par la fille de Noye, notre bonne depuis que nous habitons en Thaïlande.

Nous avons donc partagé un repas avec les 70 enfants et leurs professeurs et sommes ensuite allés dans une autre école où nous avons distribué des sachets de friandises (nouilles déshydratées, boîtes de maquereau à la sauce tomate, algues séchées, yaourt à boire et quelques biscuits), en bref des vraies friandises !!

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Les réactions des intéressés semblent d’ailleurs indiquer que nos choix étaient bons, nous avons même été les témoins d’une explosion de joie ponctuée par un tonitruant “MI PLA KAPONG” (il y a du maquereau !) de la part d’un bambin hyper-excité dont l’empressement à aller découvrir son butin a été trop rapide pour le déclencheur de mon appareil photo.

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Je me suis vengé sur une scène statique, à savoir le bâtiment principal de l’école qui présente une architecture typique de la première moitié du vingtième siècle et qui est admirablement bien conservé. Autre détail intéressant : l’allée centrale est bordée par des bustes de scientifiques célèbres de toutes les époques. Newton y côtoie ainsi Galilée et en face d’eux se trouve Einstein.

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Un dernier passage devant la classe des maternelles avant de repartir : c’est l’heure de la sieste.

Slogan du jour :
Pla Kapong, le poisson des gastronomes en culottes courtes !

11 novembre 2010 Posted by | Célébrations, Education, enfants, Les écoles | Laisser un commentaire

24 Août – Sat Chin

Quiconque vient en Thaïlande pour y vivre sera immanquablement frappé par le nombre incroyablement élevé de fêtes, cérémonies et autres commémorations en tous genres qui parsèment le calendrier. Rien que les jours fériés officiels : il y en a pas moins de 17 par an et lorsqu’ils tombent sur un week-end, le lundi suivant est chômé. À cela viennent se rajouter les fêtes et cérémonies observées par l’une ou l’autre communauté ainsi que les célébrations locales comme le festival des éléphants à Surin ou encore le festival végétarien de Phuket.

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Aujourd’hui, c’est Sat Chin, ou fête de la demie-année pour les chinois. Le jour précis correspond au 15ème jour du 7ème mois lunaire, autrement dit à la pleine lune. Il ne s’agit pas d’un jour férié officiel, mais il est d’usage de faire des offrandes aux esprits et les marchands de canards, gâteaux de lune et autres friandises typiquement chinoise sont pris d’assaut.

Le principe est toujours le même : au lever du soleil, on dépose plusieurs plats soigneusement préparés la veille devant la maisonnette des esprits, ont les laisse jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés (les esprits !) et ensuite les humains mangent les restes. La communauté chinoise peut éventuellement fermer ses magasins pendant 1/2 journée le temps d’aller au temple allumer quelques bâtonnets d’encens. Avec le nouvel an chinois, il s’agit là des seuls congés dans l’année chinoise (ben oui, ils font aussi les 35 heures : 35 heures de congé par an !!).

24 août 2010 Posted by | Célébrations, Histoire et tradition | Laisser un commentaire