1er Janvier 2012 – Année de la rigolade !!
En effet, en Thaïlande nous passons à l’an 2555, ce qui se prononce “Song – Ha – Ha – Ha”, en insistant sur le “H” comme dans Halsacien !!
Alors la famille Thaïlsacienne vous souhaite à tous une
EXCELLENTE ANNÉE SONG – HA – HA – HA
5 Décembre – Je suis zému (la suite !!)
Le 1er décembre, date de mon dernier billet, c’était la fête des pères à l’école. Aujourd’hui, 5 décembre, c’est le jour de la vraie fête des pères, Wan Pôô Heng Chat (le jour du père de la nation) en thaï, anniversaire de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej.
Cette fête majeure du calendrier thaïlandais, société résolument paternaliste, n’est pourtant pas aussi ancienne qu’il n’y paraît puisqu’elle n’a été instaurée qu’au début des années 80, soit il y a 30 ans à peine, dans le cadre d’une campagne de revalorisation de la monarchie menée à l’initiative du premier ministre de l’époque, Prem Tinsulanonda. Depuis, chaque année, les organisateurs successifs redoublent d’imagination et de créativité pour faire de cette journée une véritable éloge du monarque actuel et, plus largement, de l’institution royale thaïlandaise en général.
La Thaïlande est en effet une monarchie, constitutionnelle certes, mais surtout monarchique et tout voyageur de passage pourra très facilement constater à quel point les Thaïlandais aiment et respectent leur Roi. Il s’agit là d’une admiration qui peut parfois sembler démesurée, voire béatement naïve, mais qui n’en demeure pas moins des plus sincères et même sans les campagnes de propagande soigneusement orchestrées par les royalistes, je peux sans hésitation affirmer que le respect et l’amour du peuple Thaïlandais pour son souverain sont authentiques et je ne sais pas s’il existe au monde un autre chef d’état qui jouit d’une aussi grande popularité.
Le paradoxe ici est que la Thaïlande possède aussi l’une des lois les plus répressives au monde pour ce qui est des “crimes de lèse-majesté”. Je ne m’étendrai bien évidemment pas ici, pour des raisons évidentes, sur le bien-fondé de cette loi ni sur son utilisation catastrophiquement abusive au cours des récentes années avec pour résultat de faire plus de tort que de bien à l’institution qu’elle est supposée préserver des bassesses politiciennes. Un exemple récent est celui de ce sexagénaire condamné à 20 ans de prison pour 4 SMS jugés insultants (personne ne les a vu !) alors que des meurtriers ayant avoué leur crime peuvent sortir librement (et en souriant !!) de prison tout simplement en payant une caution.
Donc, en ce jour de la fête des pères, j’aurai tout abord une pensée émue pour tous ces “papas” qui sont en prison en Thaïlande – et aussi ailleurs dans le monde – tout simplement parce qu’ils ont osé exprimer leur opinion et que cette opinion a déplu à ceux qui tiennent le fusil. Quand à mon opinion personnelle à ce sujet, j’ai pour habitude de citer une phrase de l’un de mes maîtres à penser, le Docteur Isaac Asimov, qui dans l’un de ces ouvrages écrivait que si la démocratie consiste à enfermer 500 technocrates dans un hémicycle pour qu’ils débattent pendant des semaines avant d’arriver à une décision qu’un monarque clairvoyant aurait pu prendre en 10 minutes, alors rien ne vaut un BON roi ! (les majuscules sont volontaires)
Un autre pensée émue sera pour notre ami Luchaye, professeur à l’école de Ban Huoi Haeng, qui a perdu son papa récemment dans des circonstances dramatiques. Je ne voulais tout d’abord pas en parler, mais après accord des principaux intéressés il s’agit ici aussi d’une forme d’hommage rendu aux papas qui ont été arrachés à leurs familles par des accidents de la vie ou, comme ici, par des faits de guerre.
Luchai fait partie de l’ethnie des Lahu, des chasseurs-cueilleurs qui vivent depuis des siècles dans les montagnes du Nord de la Thaïlande. Cette tradition de chasse et de cueillette est toujours très vivante et tous les montagnards, même les plus jeunes, connaissent la forêt comme leur poche. Le père de Luchaye et deux autres hommes du village étaient ainsi récemment sur les traces d’un gibier et ont eu la terrible malchance de croiser la route d’un groupe de gardes-frontière, des jeunes recrues manquant d’expérience et non originaires de la région qui ont paniqué en voyant ces trois montagnards ne parlant même pas leur langue et ont ouvert le feu sans sommation. Bilan : 2 morts, un blessé grave (les 3 montagnards chasseurs).
Version officielle parue dans la presse : les gardes-frontière ont tué des trafiquants de drogue.
L’armée a quand même reconnu une part de responsabilité et a donné 5000 Bahts (120 Euros) de dédommagement à la famille de chaque victime. Le prix du silence.
Ma troisième pensée émue (désolé si je casse l’ambiance !!) sera pour les papas de l’état Shan dont les enfants ignorent ce qu’ils sont devenus. Les scénarios se répètent, toujours avec la même cruauté invraisemblable que l’on croit sortie d’un mauvais film : l’armée birmane, le SPDC, arrive un matin au village en accusant les habitants d’aider les rebelles. Ils emmènent les hommes valides, violent les femmes qui n’ont pas réussi à fuir et se servent des enfants comme d’esclaves pour leur quotidien. Sur les 850 élèves de l’école de Loi Tai Laeng auxquels j’ai encore rendu visite récemment, 250 sont orphelins et ne savent pas où est leur papa.
Mais une lueur d’espoir vient cependant de s’allumer et semble bien vouloir persister. Des accords ont récemment été conclus entre les dirigeants Shans et le gouvernement “civil” birman et, comme me le disait l’un de mes contacts, c’est maintenant que la VRAIE partie de football commence, avec des spectateurs !!
Toujours dans l’optimisme, le budget nécessaire aux 10 jours intenses passés récemment en montagne était exclusivement d’origine personnel – j’étais en vacance – et un solde précédent, auquel sont venus se rajouter quelques dons récents reçus notamment par l’intermédiaire ce ce blog, nous a permis d’acheter 300 couvertures ainsi que 100 vestes coupe-vent avec doublure que nous allons faire parvenir très prochainement à ceux qui en auront besoin en prévision d’un hiver qui s’annonce de nouveau particulièrement froid.
Alors si vous aussi vous souhaitez participer et, dans une certaine mesure, rendre hommage aux papas présents ou absents, peut-être en offrant une couverture (ou même plusieurs !!) à leur progéniture, faites un don (cliquez ci-contre ou sur le bouton “Faire un don” dans la colonne de droite). Les projets ne manquent pas : encore des couvertures, mais aussi une cuisine et une cantine dignes de ce nom pour l’école de Ban Huoi Haeng.
Mais ça, ce sera pour un prochain billet…
1er décembre – Je suis zému
La fête des pères en Thaïlande est célébrée tous les ans le 5 décembre, jour de l’anniversaire de sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej qui fêtera cette année ses 84 ans, soit sept cycles complets de 12 ans.
Des festivités sont organisées un peu partout dans le pays et toutes les écoles ont inclus dans leur emploi du temps une journée “spéciale papas” au cours de laquelle les élèves présentent des spectacles divers et variés aux papas qui ont réussi à se libérer pour l’occasion. Il faut dire que les circonstances disons… exceptionnellement aquatiques !! de cette année ont contraint la grande majorité des écoles de Bangkok à décaler la reprise du deuxième semestre et l’établissement que fréquentent de nos filles fait même figure de privilégié puisque les cours avaient repris ce lundi, le 28 novembre, alors que certains ne pourront pas rouvrir leurs portes avant début janvier.
Ce décalage de 4 semaines pour ce qui nous concerne a également donné lieu à une révision du calendrier scolaire pour le reste de l’année avec une réduction en conséquence des activités annexes dont fait notamment partie la “journée des papas”. Les élèves qui présentaient un spectacle n’ont ainsi eu que 3 jours pour se préparer (mais ils/elles se sont bien débrouillés quand même !!) et la journée elle-même a été limitée aux 3 premières heures de la matinée, pause café comprise.
Mais l’ambiance était à la joie et à la bonne humeur, tous les professeurs étaient présents et très heureux eux aussi d’avoir pu reprendre “une activité normale” et j’ai été agréablement surpris par le grand nombre de papas qui avaient fait le déplacement en ce jour de milieu de semaine, d’autant plus que beaucoup d’entre eux n’ont pas la chance comme nous d’habiter à 5 minutes à pieds (ou 20 minutes en voiture !!) de l’école.
En plus de préparer chants et spectacles, il avait aussi été demandé à chaque élève de confectionner lui/elle-même une carte de vœux pour la fête des pères. Et là, je dois avouer que j’ai été bluffé par l’ingéniosité de Naomi, notre cadette, qui non seulement a rédigé un texte un peu plus élaboré que les expressions pleines de sentiments, je n’en doute, pas, mais banalement protocolaires du genre “I Love You Dad”, mais a aussi fait spontanément l’effort de l’écrire en français (cliquez pour agrandir).
Je rappelle qu’à part quelques heures à l’Alliance française il y a quelques années, aucune de nos filles n’a jamais suivi de cours de français et je suis le seul francophone régulièrement présent dans leur entourage. Bon, c’est vrai que Google Translator aide pas mal, mais encore faut-il en avoir envie. Après tout, à quoi bon faire l’effort de parler/écrire dans une langue qu’une seule personne de son entourage pratique ?
J’en suis encore tout zému.
P.S. Pour l’année prochaine, je vais essayer l’alsacien. Il existe là aussi des dictionnaires en ligne.
11 Novembre – Kristkindelsmärik
Ou presque !!
Nous sommes en effet dans la semaine de Loy Krathong, l’une des plus belles fêtes de Thaïlande qui a lieu tous les ans à la pleine lune de novembre et qui est également surnommée la fête des lumières ou fête des lanternes.
Cette tradition remonte à l’époque du Bouddha et les explications relatives à sa véritable origine sont relativement floues. Mélange de coutumes hindouistes, animistes et bouddhistes, elle présente cependant un dénominateur commun : l’hommage aux esprits des eaux. Dans la Thaïlande actuelle, les deux explications qui reviennent le plus souvent sont le pardon à la déesse des eaux pour tous les déchets que l’on y a déversé au cours de l’année ou encore l’évacuation au fil de l’eau de tous les soucis et désagréments de l’année qui vient de s’écouler.
Dans la majorité du pays, les gens confectionnent (ou achètent !!) des Krathong, un objet flottant généralement constitué d’une tranche de tronc de bananier soigneusement décorée de feuilles, de fleurs et au centre de laquelle sont placés trois bâtonnets d’encens et une bougie. Certains modèles sont extrêmement élaborés et des concours du plus beau Krathong sont même organisés.
Après la tombée de la nuit, on “Loy” (fait flotter) son Krathong sur un cours d’eau ou un plan d’eau où il va rejoindre les dizaines d’autres qui s’y trouvent déjà. Il se dégage alors de ces dizaines, parfois centaines, de petites lumières qui se déplacent lentement au fil d’eau une atmosphère féérique à laquelle la pleine lune, accompagnée de quelques verres d’alcool de riz, ajoute même un côté mystique pour la plus grande joie des amateurs de l’une des grandes spécialités Thaïlandaise : les esprits !!
Dans les régions montagneuses, le Krathong sur l’eau est souvent remplacé par sa version aérienne, appelée en Europe la lanterne chinoise et qui provoque parfois une belle pagaille auprès des contrôleurs aériens lorsqu’elles sont lâchées par des voyageurs de retour d’Asie !!. Il s’agit ici de rendre hommage à Uppakutta, l’un des disciples du Bouddha. En pratique, il s’agit surtout de “lâcher” un Krathong dans un fluide, l’air remplaçant ici l’eau qui est plus rare dans les montagnes, ou alors, lorsqu’elle est présente, c’est sous la forme d’un torrent dont la violence du courant ne permet pas vraiment d’obtenir l’effet à la fois féérique et mystique de la lente procession de lumières…
Des festivités sont bien évidemment organisées un peu partout, notamment autour des lieux de “lâché” des Krathong, souvent des endroits spécialement aménagés pour l’occasion au bord d’un cours d’eau. Feux d’artifice, concerts, kermesses et autres marchés en tous genres.
À Nakhon Pathom où nous sommes en ce moment a lieu tous les ans pendant 10 jours le “marché de Loy Krathong” autour du Phra Pathom Chedi, la plus grande pagode de Thaïlande. Pong y venait déjà quand elle était enfant et certains stands sont toujours au même endroit avec les mêmes produits. Un peu comme le Kristkindelsmärik à Strasbourg, mais sans le vin chaud !!
Anecdote : depuis que nous vivons en Thaïlande, je crois bien que c’est l’un des premiers Loy Krathong où il en pleut pas !! En effet, bien que la saison des pluies soit terminée depuis longtemps, il n’était pas rare qu’une petite averse vienne perturber le lâcher de Krathong sur la rivière ou le canal. Mais nous avons heureusement été épargnés cette année, il faut dire que les énormes masses d’eau qui sont tombées sur le pays au cours des derniers mois sont toujours en train d’assiéger la capitale, Bangkok, et même si notre maison et aussi notre quartier ont été épargnés, la situation est de loin d’être réglée et la circulation qui est déjà chaotique en temps normal est devenue un véritable casse-tête.
L’école des filles ayant décalé la reprise des cours d’un mois, nous avons donc préféré nous retirer dans notre “maison à la campagne” où le réseau téléphonique mobile me permet de disposer de l’Internet et donc de bosser (et aussi, occasionnellement, d’écrire un billet sur mon blog !!).
Mais même là les traces des inondations sont visibles, notre gazon étant sous 30 cm d’eau depuis presque un mois. Les tigres ont été mis à l’abri, la girafe a les pieds dans l’eau et le mouton lance le regard interrogateur de celui qui voudrait bien savoir combien de temps tout cela va encore durer.
12 Août – Bonne fête maman
Le Royaume de Thaïlande rend chaque année hommage à la “maman” de tous ses sujets, à savoir sa Majesté la Reine Sirikit dont c’est aujourd’hui l’anniversaire. Toutes les écoles du pays organisent des cérémonies pour cette occasion auxquelles sont invitées les mamans (enfin celles qui peuvent se libérer…), accessoirement les papas (pour prendre des photos…) ainsi que l’une ou l’autre personnalité locale généralement chargée de faire un discours (dans notre cas il s’agissait d’un moine du temple voisin).
Le 12 août étant un jour férié, toutes ces animations ont généralement lieu la veille avec présentation de spectacles divers et variés, souvent exécutés avec une certaine hésitation, mais toujours énormément de conviction par les enfants des plus petites classes qui, tout en dansant ou en chantant, s’observent les uns les autres du coin de l’œil pour essayer de rester dans le rythme.
Il y a eu cette année un intéressant mélange entre des chants en anglais, interprétés par les grandes classes, et des spectacles musicaux et dansants thaïlandais traditionnels présentés par les plus petits. Une excellente expression du caractère à la fois bilingue et biculturel de cet établissement comme il en existe de plus en plus dans le pays et qui, à mon sens, constitue le choix idéal pour les familles mixtes comme la notre qui ont fait le choix de vivre en Thaïlande.
Mais je reviendrai prochainement dans un autre billet sur l’éducation des enfants métis et sur nos propres choix. Pour l’instant, nous en sommes à la fête des mères et après les spectacles collectifs, place aux prestations individuelles, préparées ou improvisées …
En effet, l’école de nos filles a pour habitude de désigner une “maman de l’année” (et aussi – rappelez-vous – un “papa de l’année” à l’occasion de la fête des pères !!), avec pour particularité cette année que je connais la nominée personnellement et depuis de nombreuses années.
Vous l’aurez deviné, il s’agit de Pong a qui on avait demandé, ainsi qu’à nos filles, de préparer un discours non pas en Thaï, mais en anglais (le discours en Thaï a été prononcé par une autre maman). J’ai donc eu droit toute la semaine à des séances d’entraînement à la prononciation, à des recherches de vocabulaire, à des consultations du dictionnaire thaï/anglais – avec quelques incursions parasites d’un certain Google Translator dont les résultats me rassurent quotidiennement quant à l’avenir de ma profession – à des corrections syntaxiques et stylistiques pour finalement aboutir à un texte très élaboré de trois pages qui ne sera jamais lu en public, la feuille ayant été oubliée sur la table de la cuisine entre un bol de Korn Flakes et une tasse de thé…
La principale intéressée s’est donc lancée dans une brillante improvisation, après la lecture par nos filles (qui n’avaient pas oublié leur papier, elles !) de leurs compositions personnelles à la gloire des mamans.
Vous aurez noté (enfin ceux qui suivent !) que la fête des mères coïncide avec l’anniversaire de Sa Majesté la Reine. Je me suis donc posé la question de l’ancienneté de cette tradition et du choix de cette date. J’ai ainsi découvert que la fête des mères, après avoir été instaurée une première fois le 10 mars 1943 pour ensuite être abandonnée après la fin de la deuxième guerre mondiale, avait été fixée le 15 avril en 1950. Mais là aussi, la tradition a été abandonnée pour des raisons de j’ignore et l’actuelle date du 12 août, à savoir le jour de l’anniversaire de la reine, a été déclarée jour férié pour la première fois en 1976 pour devenir l’évènement majeur que l’on connaît aujourd’hui dans les années 80, à l’initiative du premier ministre de l’époque, Prem Tinsulanonda, très proche des valeurs monarchiques.
31 Juillet – Le jour du thaï
Ou plus exactement : le jour de la langue thaïlandaise.
Cette journée consacrée à une langue dont les subtilités nous semblent souvent, à nous occidentaux, aussi inaccessibles et impénétrables que l’environnement culturel dans lequel elle est employée, je veux parler de la société thaïlandaise, a été instaurée en 1999 pour marquer les 6 cycles de 12 ans de sa Majesté le Roi Rama IX. Elle a été fixée le 29 juillet (je n’ai pas réussi à connaître la raison du choix de cette date, mais je n’ai pas fouillé sur Google !!) et donne chaque année lieu à diverses activité, notamment dans les écoles.
Pour ce qui nous concerne, l’école des filles avait également choisi le même jour pour honorer la mémoire de l’un des plus grands poètes et écrivains Thaïlandais : Sunthorn Phu. Il existe en réalité une journée qui lui est consacrée : le 26 juin, date de son anniversaire (là, j’avoue, j’ai demandé à Wikipedia), mais les professeurs de thaïlandais avaient décidé de consacrer cette journée de la langue thaïlandaise à l’étude de quelques-uns de ses textes, dont certains font partie intégrante du programme scolaire, un peu comme nos Molière, Corneille et autre Stendhal !! (vous vous souvenez, les histoires des Fourberies du Cid en rouge et en noir)
Daroonpat étant une école bilingue, nous avons eu droit à une version traduite de deux d’entre eux qui traitent des règles de conduite que se doivent de respecter un homme civilisé et une épouse dévouée. En voici quelques extraits ; je rappelle que ces textes ont été écrits il y a environ 200 ans !!
Règles pour être une bonne épouse
Si votre mari vous aime, ne lui résistez pas ; rendez-lui hommage chaque jour, ne soyez pas têtue. Quand la nuit tombe, vous ne devez pas vous éloigner, mais allumer la lampe et aller dans la chambre à coucher pour faire et nettoyer le lit, balayer la poussière. Chaque nuit, quand il se retirera dans son lit, accroupissez-vous à ses pieds et rendez-lui hommage. Si son corps est encore raide et douloureux de sa longue journée de labeur, détendez-le avec un massage apaisant. Lorsque vous allez dormir à votre tour, soyez décente et veillez à ce que vos mains et vos pieds ne viennent pas errer sur lui pendant que vous dormez. Votre bonté doit continuer de briller pendant votre sommeil.
[…]
Ne restez pas couchée une fois que le soleil a réapparu dans le ciel. Vous devez vous lever avant votre mari et préparer de l’eau pour lui laver le visage. Faites ensuite la cuisine et préparez le plateau de son repas en lui donnant le plus bel aspect. Apportez-le lui avec son crachoir, poli et brillant, et assurez-vous que l’eau que vous lui servez ne contienne pas la moindre poussière.
[…]
Soyez agréable avec votre mari, il vous aimera tendrement. Ne manquez jamais de faire les tâches ménagères. Et s’il devait tomber malade, ne le dérangez pas mais gardez le sourire, consolez-le, soyez agréable comme avant ; ne lui parlez que lorsqu’il sera de nouveau guéri et veillez à vous plier à ses besoins et à son humeur. Quoi qu’il n’aime pas, vous ne devez pas le faire. Gardez vis conseils pour vous, n’extériorisez pas vos sentiments.
etc.
À titre comparatif, voici un extrait d’un manuel scolaire d’économie domestique qui était utilisé dans certaines écoles catholiques en… 1960 en France !! (cliquez pour agrandir – certains l’ont peut-être déjà reçu par courriel).
18 Juillet – Weekend bouddhiste (la suite…)
Le “carême” bouddhiste commence le lendemain d’Asalaha Bucha et le premier jour de cette période de trois mois, ou plus exactement trois lunes, a pour nom Kao Pansa.
Il ne s’agit en fait pas vraiment d’un carême au sens judéo-chrétien du terme, avec privations/restrictions alimentaires en tous genres, mais plutôt d’une période de retraite au cours de laquelle les moines se doivent de passer toutes leurs nuits au temple qu’il auront choisi comme résidence au début de ce trimestre.
L’explication historique à cet usage est en fait des plus simples : défense de marcher sur les plates-bandes !!
Un peu plus sérieusement, les moines avaient et ont toujours pour habitude d’aller à la rencontre des populations afin de diffuser les enseignements du Bouddha. Pour ce faire, ils parcourent le pays et changent régulièrement de temple. Or, la mousson correspond aussi à la saison pendant laquelle les paysans ensemencent les rizières en préparation des nouvelles récoltes et il arrivait assez fréquemment que les moines écrasent les jeunes pousses de riz en marchant dessus par mégarde (les routes étaient inexistantes il y a 2600 ans !!). Les paysans sont donc allés trouver le Bouddha pour se plaindre des dégâts ainsi provoqués, lequel a alors demandé aux moines de respecter ces trois cycles lunaires de “vie sédentaire”.
En réalité, les moines peuvent très bien sortir du temple tous les matins pour leur quête quotidienne, ils prennent leurs repas comme le reste de l’année, peuvent se rendre auprès de telle ou telle famille qui souhaite leur présence pour un évènement important (mariage, nouvelle maison, etc.), participer à des cérémonies, mais ils doivent obligatoirement regagner le même temple en fin de journée et y passer leurs nuits pendant ces trois mois.
Pour marquer cet évènement, les fidèles ont pour habitude d’aller offrir au temple une bougie qui restera allumée pendant toute la période du carême, ou plus exactement de la retraite saisonnière de la mousson. Il s’agit généralement d’une bougie sculptée, parfois magnifiquement, dont les dimensions peuvent être imposantes et le poids conséquent. Cette bougie géante est souvent offerte collectivement par une entreprise locale, un club du village, une école, etc. dont les membres font trois fois le tour du temple en portant (à plusieurs !) la bougie en question.
Tout le monde entre ensuite dans la chapelle du temple où attendent les moines, des soutras sont récités (les soutras sont les écrits qui retranscrivent la parole du Bouddha), le moine supérieur donne sa bénédiction à l’ensemble de l’assemblée puis invite le Farang qui essaie de se cacher à venir allumer la bougie !!
La période de la retraite bouddhiste est également celle choisie par de nombreux jeunes hommes pour se faire ordonner. Chaque garçon/homme thaïlandais a le devoir d’être moine pendant quelques jours/semaines/mois/années (au choix !) de sa vie, la raison essentielle étant la reconnaissance à sa mère. En effet, les femmes ne peuvent pas devenir moines et le fils permet ainsi à sa mère d’acquérir des mérites en entrant dans les ordres pour une période donnée. Certains le restent pendant les trois mois, d’autres y prennent goût et restent moine pendant plusieurs années, d’autres enfin se limitent au minimum imposé de 7 jours, peut-être tout simplement parce qu’ils ont déjà une vie professionnelle et ils ont pris un congé de 7 jours spécialement à cette occasion.
17 Juillet – Weekend bouddhiste
La pleine lune de juillet marque deux évènements particulièrement importants du calendrier bouddhiste : Asalaha Bucha et Kao Pansa.
Le calendrier bouddhiste étant régi par le cycle lunaire, le premier est en relation direct avec la pleine lune et le deuxième est plus en rapport avec les conditions météorologiques spécifiques à la zone tropicale où se trouve l’Inde (pays d’origine du Bouddhisme) et l’Asie du Sud Est, à savoir le “vrai” début de la saison des pluies, même si depuis quelques années nous avons droit à quelques… disons fantaisies du calendrier !!
Asalaha Bucha (se prononce Asala-Ha-Poutchââ) coïncide avec le jour de la pleine lune de juillet et marque l’anniversaire du premier sermon effectué par le Bouddha après son illumination. Cette année 2011 (2554 de l’ère bouddhiste) est particulièrement importante puisqu’elle correspond au 2600ème anniversaire de l’illumination et, par voie de conséquence, au 2600ème anniversaire du premier sermon du Bouddha.
En résumé, après avoir reçu son illumination, c’est-à-dire après avoir achevé sa quête de la vérité (sur la vie, l’univers et tout le reste…) et réussi ainsi à rompre le cycle de ses réincarnations en devenant un éclairé (non, pas un “illuminé” !!), le Bouddha a passé un peu plus de 7 semaines (2 cycles lunaires) à méditer sous son arbre, après quoi il a réuni ses 5 premiers disciples pour leur délivrer son premier sermon sous la forme des quatre nobles vérités. Une interprétation plutôt légère, j’en conviens, mais n’étant pas un spécialiste du Bouddhisme, seulement un curieux touche à tout qui essaie de comprendre ce qui se passe autour de lui, je préfère laisser aux experts en théologie le soin d’expliquer les détails dans un style un peu plus soporifique formel.
Au cours de cette journée, les populations sont invitées à observer les cinq préceptes du Bouddhisme et à faire des offrandes aux moines, un peu comme pendant le reste de l’année, mais les offrandes effectuées ce jour là ont une valeur toute particulière. Il est également d’usage de se rendre au temple pour y apporter des dons et prendre part à la procession aux bougies.
À la tombée de la nuit, les moines récitent des soutras à l’attention des fidèles rassemblés à l’intérieur de la chapelle et, bien souvent, aussi à l’extérieur. Chacun tient en main une bougie allumée et trois bâtonnets d’encens et fait essaie (je dis bien essaie !!) de ne pas f… le feu aux cheveux ou à la chemise de son voisin… La procession commence une fois les prières terminées. Les moines sortent alors de la chapelle et font trois fois le tour de celle-ci, suivis par les fidèles.
Pourquoi trois fois ?
Pour être honnête, je n’ai pas réussi à obtenir une explication réellement concrète, mais le chiffre trois se retrouve dans plusieurs rituels et aussi dans les fondamentaux du Bouddhisme :
Lorsque l’on rend hommage au Bouddha ou après un rituel accompli en présence d’un moine, on se frappe (pas trop fort !!) le front contre le sol à trois reprises à la fin de l’entretien et/ou de la prière. Il est aussi d’usage d’allumer trois bâtonnets d’encens pour les évènements heureux (un seul bâtonnet pour un hommage aux morts). Il existe trois caractéristiques de l’existence (impersonnalité, impermanence, insatisfaction). Il y a trois poisons pour l’esprit (le foot, la télé et… euh pardon ! l’ignorance, l’avidité et la colère), etc.
Bon j’arrête là, j’en vois qui commencent à dormir. Je vous propose donc de revenir demain pour la suite, à savoir la deuxième fête que nous avons célébré ce weekend, Kao Pansa.
12 Juin – Petit déjeuner
De retour après un long moment d’absence rédactionnelle sur ce blog, mais pas vraiment seul puisqu’accompagné par… 15000 moines. !!
Oui, il s’agit bien de 15 000 – quinze mils – je ne me suis pas trompé d’un zéro.
Je les ai retrouvés ce matin vers 5H00, au moment où ils prenaient leur petit déjeuner.
Cette année est le 2600ème anniversaire de bouddhisme, ou plus précisément le 2600ème anniversaire de l’illumination du Bouddha, et de nombreuses cérémonies sont organisées à cette occasion à travers le pays tout au long de l’année. Les offrandes collectives aux moines sont sans nul doute parmi les plus impressionnantes, tant par le nombre de moines que par l’organisation qu’elles impliquent.
L’une des artères majeures de notre quartier avait ainsi été bouclée à la circulation dès 4H00 ce matin pour installer tapis de procession, estrades, sans oublier les incontournables échoppes de nourriture sans lesquelles toute festivité serait tout simplement inconcevable.
Les gens – habillés en blanc pour l’occasion – ont commencé à arriver dès 5H00 pour prendre place soit devant un lot d’offrandes préparé par les organisateurs, soit un peu plus loin pour ceux qui, comme nous, avaient apporté leurs propres produits. Tout produit ne peut pas être donné en offrande, j’en dirai un peu plus à ce sujet à la fin de ce billet.
Une fois tout le monde installé, ou presque, la procession a commencé au rythme d’une musique étonnamment entraînante qui cadençait le pas des moines sur les tapis rouges, entre le public assis les mains jointes sur les tapis blancs.
L’avenue fait environ 2 kilomètres de long et ce sont 4 colonnes de moines qui sont parties simultanément depuis les deux extrémités. Une fois le dernier moine de chaque colonne engagé sur le tapis rouge, la cadence a ralenti et les offrandes proprement dites ont pu commencer. Au vu de la quantité impressionnante de marchandises, des militaires d’une caserne voisine avaient été mobilisés pour regrouper les dons reçus et les transporter jusqu’aux 280 temples qui participaient à la cérémonie.
L’offrande aux moines, ou “Sai Bat”, est un geste essentiel de la vie des bouddhistes et ce sont quotidiennement des millions de personnes qui, dans tout le pays, et autant dans les grandes villes que dans les villages les plus reculés, attendent le passage des moines pour déposer dans leur “Bat” (le nom donné au grand bol qu’ils portent) quelques paquets de nourriture, parfois un peu d’argent.
Les moines sortent généralement du temple vers 6H00 pour leur quête quotidienne. Ils sont tenus de marcher pieds nus en regardant devant eux et de ne pas avoir une attitude de mendicité. Autrement dit, ils ne doivent pas aller au devant de la population pour demander l’aumône, mais doivent attendre que les gens leur fasse signe lorsqu’ils veulent leur donner quelque chose. Ils ne doivent pas non plus regarder dans le bol pour vérifier ce qu’on leur donne, mais doivent réciter des prières pendant et après ce geste. Les produits trop sophistiqués ou trop “luxueux” ne conviennent pas pour les dons aux moines qui ne doivent théoriquement posséder aucun bien matériel. On trouve ainsi dans les supermarchés ce que j’appelle des “kits moine”, à savoir boîte dans laquelle se trouvent des articles de base pour le quotidien : savon, dentifrice, aspirine, nouilles deshydratées, etc. En achetant cette boîte, on est sûr que les offrandes seront en conformité avec les règles de la vie monastique.
Mais au quotidien, la majorité des gens donnent pour l’essentiel de la nourriture, parfois fraîchement cuisinée pour cette occasion. Cette nourriture sera ensuite ramenée au temple et redistribuée entre les moines, puis aux laïcs qui vivent dans l’environnement du temple, souvent des personnes sans famille ou des enfants issus de familles très pauvres qui viennent au temple pour accomplir de petits travaux au quotidien.
Une petite anecdote pour finir : j’étais en train de prendre des photo des milliers de moines en train de petit-déjeuner au milieu du carrefour, certains m’ayant repéré et s’amusant même à faire des grimaces, quand un homme habillé en blanc s’approche et me demande si je parle Thaï. Je lui donne ma réponse habituelle, à savoir que je comprends plus que je ne parle, et il enchaîne alors dans un excellent anglais pour m’expliquer que je pourrai faire de bien meilleures photos un peu plus tard, lorsque les moines seront en train de prier.
En réalité, il s’agissait d’une approche “diplomatique” pour me faire passer un message transmis par l’un des moines supérieurs qui l’avait envoyé parce qu’il ne souhaitait pas être pris en photo en train de manger.
28 Avril – Poi Hsang Long (jours 4 et 5)
Suite du billet du 27 avril.
JOUR 4
Le déroulement du quatrième jour est identique à celui du troisième. Là aussi, des visiteurs venus de tous les horizons viennent saluer les futurs moinillons qui récitent alors des prières en remerciement des offrandes reçues.
Avant chaque procession, (il y en a trois par jour), le Hsang Long est soigneusement maquillé puis revêt l’une de ses tenues de cérémonie, à chaque fois différente et généralement offerte par des membres de la famille ou des proches qui choisissent de participer financièrement à l’évènement.
Entre deux visiteurs, les enfants peuvent aussi aller rendre visite à leurs amis dans les autres cabines, bien évidemment en se faisant porter puisqu’ils sont encore, pour l’instant, supposés ne rien faire !!
JOUR 5
C’est aujourd’hui que le Hsang Long va revêtir la robe de safran et devenir ainsi un moinillon. Comme tous les jours après chaque procession autour du temple, les enfants entrent dans la salle des prières et écoutent le sermon du moine.
Mais à la différence des autres jours, ils vont maintenant s’engager à respecter un certain nombre de préceptes et rester au temple un minimum de 7 jours à partir du lendemain.
Il auront, en effet, le droit de passer une dernière nuit dans leurs cabines respectives avec leurs familles et se rendront au temple à l’aube du sixième jour, mais cette fois avec leurs propres jambes !!
La durée de vie monastique dépendra ensuite de chacun, mais s’arrêtera généralement au plus tard à la rentrée scolaire. Certains garçons plus âgés qui ont déjà terminé leur scolarité obligatoire participent aussi à ces festivités, ils sont eux aussi Hsang Long, mais enfilent ensuite la robe safran pour devenir de vrais moines.
Ils suivent exactement le même rituel de 5 jours que les autres, mais – poids oblige – certains ont à leur disposition 4 porteurs au lieu d’un.
Une dernière précision au sujet de la tonte des cheveux : contrairement à la Thaïlande où celui qui devient moine se fait aussi tondre les sourcils, les moines Shans et, plus largement, les moines Birmans les conservent. L’origine de cette différence remonte, semble-t-il, à l’époque du Roi Naresuan et des conflits entre le Siam et la Birmanie. Les Birmans avaient envoyé des espions déguisés en moines. L’ayant appris, le Roi du Siam a donné comme instructions que tous les moines Siamois devraient dorénavant se raser aussi les sourcils, ce qui permettrait de reconnaître les espions plus facilement.