31 Décembre – Dernière semaine de l’année
Une dernière semaine que nous avons passée à Chiang Mai, toujours pour préparer le terrain en vue de notre futur déménagement. C’est vrai qu’il arrive qu’on me fasse remarquer que je m’y prends suffisamment tôt, surtout en Thaïlande où le concept de “temps” est encore très…. disons subjectif ! et où celui qui connait à l’avance son emploi du temps pour le lendemain peut facilement passer pour un extra-terrestre, mais il ne s’agit pas simplement de déplacer deux tables et un ventilateur d’une ruelle de Bangkok à l’autre !!
Cette semaine a donc été consacrée à différentes activités directement liée audit déménagement, activités entre lesquelles nous avons tout de même trouvé le temps pour profiter de notre semaine de “vacances”.
Lundi 26 Décembre : jour férié en Alsace !!
Une VRAIE journée de tourisme, puisque nous l’avons passée au parc Royal Flora, une exposition autour du thème des fleurs qui avait été créée initialement en 2006, à l’occasion du 60ème anniversaire du couronnement de SM le Roi Rama IX, et qui se tient à présent chaque année. Pensant tout d’abord à une banale exposition de parterres fleuris perdus entre des centaines de stands de nourriture et de souvenirs en tous genres, j’ai été très agréablement surpris par la diversité des activités/animations et nous sommes finalement restés toute la journée et même en début de soirée sans avoir eu le temps de tout voir !!
En plus des fleurs, dont certaines exotiques comme les géraniums, les tulipes, les bégonias, etc., une partie importante du parc est également consacrée à l’agriculture en général, aux énergies renouvelables, à l’artisanat rural et un défilé tout en lumière à la tombée de la nuit marque le début de divers spectacles “sons et lumières” qui ont lieu sur les plans d’eau du site.
En résumé, une très bonne idée de visite pour tous ceux qui viennent à Chiang Mai entre début décembre et la mi-mars, en évitant si possible les longs weekends de congés thaïlandais où tous les hôtels sont pris d’assaut par les Bangkokois et les Thaïs d’autres régions qui viennent à l’exposition.
Dernier détail : les explications figurent aussi en anglais pour ceux qui ne lisent pas le thaï.
Mardi/Mercredi 27/28 Décembre :
La semaine du Père-Noël
La principale activité de ces deux jours, à savoir apporter a été amplement décrite dans mon billet précédent. J’en profite pour remercier les 2 généreux donateurs qui ont cliqué sur le lien “Faire un don” suite à ce billet : notre projet pour 2012 sera une cuisine digne de ce nom pour l’école de Ban Huoi Haeng.
Mais je vous en parlerai plus précisément dans un prochain billet !!
En attendant, n’hésitez surtout pas à me contacter si vous souhaitez faire un don et bénéficier d’un abattement fiscal.
Jeudi 29 Décembre : Bachi Bouzouk
Vous l’aurez deviné, nous sommes allés voir l’adaptation cinématographique par Spielberg des aventures du plus célèbre des grands reporters du XXème siècle : Tintin !!
Mes filles, surtout Naomi, en sont des inconditionnelles, elles possèdent toute la collection en Thaïlandais, la série en anglais est déjà bien avancée et leur papa possède toute la collection en Français ainsi que les deux albums qui ont été publiés en alsacien (on s’en serait douté !!).
Anecdote : j’ai été récemment contacté via Facebook par un ancien camarade de classe de l’école primaire qui se souvenait de moi parce que je lui avais fait découvrir Tintin (j’ai honte : je ne me souvenait plus de ce détail !!). À l’exception de deux membres de ma famille, c’est assurément le plus ancien de mes amis Facebook (p… 45 ans !!).
Du coup j’ai ressorti de vieilles photos de classe comme celle-ci qui date de l’année scolaire 1966/67, année du cours préparatoire. Je n’ai pas trop changé parait-il, à part peut-être le nez !!
Vendredi 30 Décembre : Vélo
Chiang Mai et sa région est un véritable paradis pour les adeptes de la petite reine et même le centre ville s’avère très agréable à parcourir au petit matin pour s’ouvrir l’appétit.
Aujourd’hui, comme à chacun de nos passages à Chiang Mai cette année, je suis monté au sommet du Doi Suthep, la montagne qui domine la ville à 1100 mètres d’altitude, pour aller y prendre le petit déjeuner dans l’une des gargotes à côté du parking envahi, dès 7H00 en cette saison, par les cars de touristes. Après une heure de montée (13 km), et bien j’ai la tête de quelqu’un qui…. est monté au Doi Suthep le matin à l’aube. On voit bien d’ailleurs que le nez a changé par rapport à la photo du dessus !!
Samedi 31 Décembre : Anglais et Munster
Nous avions rendez-vous aujourd’hui avec Maïwenn (cliquez pour voir son blog), une bretonne professeur de français et d’anglais à Lamphun, chef-lieu de la province du même nom au sud de Chiang Mai. Elle m’avait contacté il y a quelques temps car son école se débarrassait de livres scolaires en anglais, des livres qui feront le bonheur des élèves de Loi Tai Laeng, en pays Shan.
Nous sommes ensuite allés déjeuner ensemble dans un restaurant Thaïlandais et j’en ai profité pour lui faire goûter l’une de nos spécialités régionales. Je pense qu’il aurait été très maladroit de ma part de lui proposer une galette bretonne !!
À l’année prochaine !!
27 Décembre – La semaine du Père-Noël
L’absence d’activités sur ce blog n’est pas synonyme d’absence d’activité dans la vraie vie et même si le chambardement organisationnelle provoqué par les inondations ne m’a pas laissé le temps de préparer des calendriers et cartes de vœux comme l’année dernière (rappelez-vous), les fonds restants, complétés par quelques dons spontanés dont je remercie les auteurs, ont été suffisants pour faire parvenir une bonne centaine de coupe-vents et 50 duvets à nos amis Shans, en plus du chargement “de Noël” dont je vais vous parler maintenant.
La dernière semaine de l’année civile étant aussi une semaine de congé pour les filles, nous avions chargé le “traîneau du Père-Noël” de 250 duvets supplémentaires que nous sommes allés apporter nous-mêmes auprès de l’école de Pang Tong, un établissement qui accueille 250 élèves majoritairement Karens, près de la petite ville de Khun Yuam, à mi-chemin entre Mae Hong Son et Mae Sariang (ça, c’est pour vous aider à chercher sur Google Maps).
Cela fait presque un an que nous avions eu connaissance de cet établissement dont le directeur est un ami de Monsieur Pimook. Si cette école semble à priori mieux équipée et aussi moins isolée que celle de Ban Huoi Haeng, elle “centralise” une bonne vingtaine de villages montagnards de la région et beaucoup d’élèves viennent ici pour leur cycle secondaire, après avoir reçu un enseignement primaire plus ou moins complet, dans une petite école de village pour les plus chanceux, au temple pour beaucoup d’autres.
Le village de Pang Tong se trouve au milieu de paysages vallonnés superbes où les conditions climatiques de moyenne altitude (entre 700 et 1200 mètres) permettent une agriculture à la fois relativement diversifiée et différente de ce qui se pratique dans la plaine. Les conditions d’accès ne sont cependant pas des plus faciles : il nous a fallu aujourd’hui plus de 6 heures pour parcourir les 200 km depuis Chiang Mai !!
Cette région est aussi très connue pour ses fleurs jaunes : les “Bua Tong”, dont la floraison a lieu chaque année en novembre et qui donne lieu à quelques semaines d’activité touristique intense, majoritairement des citadins de Bangkok et de Chiang Mai. Les collines retrouvent ensuite leur quiétude que l’on aurait presque envie de qualifier de bucolique, sauf que les conditions de vie des populations majoritairement Karens, avec quelques communautés Hmongs, ne sont pas vraiment des plus poétiques.
Certains élèves ne disposent, en effet, que d’une seule paire de chaussures pour l’année et l’école compte une petite centaine de pensionnaires qui dorment sous des abris assemblés de bric et de broc et se lavent dans ce que nous avions initialement pris pour des abreuvoirs à bétail lors de notre premier passage ici, en octobre dernier.
En pratique, le directeur assure là aussi une fonction qui va bien au-delà de son rôle d’administrateur d’établissement scolaire et remplit une véritable mission d’assistance sociale auprès des populations et surtout de leurs enfants qu’il essaie le plus possible d’encourager à poursuivre leurs études au-delà des 9 années d’école obligatoire. Une tâche qui n’est pas toujours facile, car les familles ont besoin de bras pour les champs et qui ont encore souvent du mal à comprendre l’utilité des études parce que “les livres ne se mangent pas”.
Autre difficulté dont il nous avait parlé : certaines différences culturelles entre les Karens, qui représentent l’écrasante majorité, et les Hmongs dont une petite dizaine seulement fréquente son établissement. Ils habitent au village de Mae U-Khor, à 5 km environ de l’école (1 heure de marche), mais ne peuvent rester dormir sur place parce qu’aucun adulte Hmong n’est présent pendant la nuit. Plutôt que de laisser ces enfants se débrouiller seuls, avec le risque de les voir abandonner l’école, le directeur s’est débrouillé pour trouver les fonds nécessaires et a organisé une navette qui assure le transport quotidien. Un budget mensuel moyen de 4000 Bahts (100 Euros), soit 400 Baths par élève, qui est totalement hors de portée des populations agricoles montagnardes dont le revenu moyen est de 60 Bahts (1,50 Euro) par jour !!
Alors s’il vous reste quelques “fonds de tirelire” après avoir joué le Père-Noël auprès de vos familles et de vos proches, peut-être aurez-vous vous aussi envie de participer à un cadeau bien plus précieux pour certains enfants que la plus sophistiquée des consoles de jeu et qui semble pourtant d’une banalité affligeante à beaucoup de petits occidentaux : l’éducation !!
Pour ce faire, il vous suffit de cliquer sur le lien “Faire un don” en haut à droite de cette page (ou alors de me contacter en laissant un commentaire, je vous indiquerai alors comment procéder pour bénéficier d’un abattement fiscal).
Le paiement est totalement sécurisé et l’intégralité des dons reçus, et même plus, bénéficie directement à ceux qui en ont réellement besoin.
12 Décembre – La semaine en vrac
Lundi 5 – Veille de la Saint Nicolas !!
Bon, il y a bien un autre évènement qui se fête en Thaïlande (voir mon billet du 5 décembre), mais aujourd’hui, pour tout alsacien qui se respecte, c’est surtout la veille du jour des Maennele, ou du Hans Trapp qui vient punir ceux qui n’ont pas été sages pendant la nuit du 5 au 6.
Mardi 6 – Saint Nicolas !!
Tous frais (enfin de la veille !!), tous chauds (32 °C le soir à 20H00), les Maennele ont très bien supporté le voyage depuis Hochfelden, pour la plus grande joie des filles qui en rêvaient depuis plusieurs jours.
Mercredi 7 – Lendemain de la Saint Nicolas
Oui, je sais, ça devient une obsession. Mais essayez-voir de passer 6 mois sans voir l’ombre d’un bout de munster ou la miette d’un Kougelopf. Vous l’aurez deviné, les Maennele sont venus accompagnés, mais rassurez-vous, personne n’a osé le Maennele au Munster !!
Jeudi 8 – Surlendemain de la …. naaaan !
Nous avons tout de même réussi à manger thaï une fois cette semaine. Au menu : Nam Plik Oup (une spécialité Shan à base de soja fermenté), coques au curry, poisson salé, riz blanc.
Vendredi 9 – J’essaie une voiture hybride
Il y a 3 mois de cela, nous avions décidé de changer de voiture. C’était AVANT notre dernier voyage dans le nord et aussi, très important, AVANT les inondations.
Fin septembre, nous avions trouvé un acheteur et comme il n’était pas pressé, nous avions convenu avec lui que nous mettrions la voiture en révision/réparation (2 bosses au pare-chocs) pendant les 3 semaines de voyage et il en prendrait possession à notre retour, fin octobre. Nous avions aussi pris contact avec le concessionnaire Mitsubishi pour nous renseigner sur le délai du modèle que nous avions choisi. Il serait livrables sous 10 jours à partir de la commande, ce qui nous convenait parfaitement.
Nous sommes donc partis en voyage avec un véhicule de location et avions été obligés de prolonger notre séjour à Chiang Mai d’une semaine pour cause de routes inondées. L’acheteur potentiel de notre voiture s’est retrouvé avec 1 m d’eau dans son salon et nous a fait comprendre poliment qu’il avait d’autres préoccupations pour l’instant, ce que nous comprenions parfaitement.
Nous-mêmes étions très contents d’avoir toujours notre “bon vieux” MU-7 pendant les 3 semaines d’exil passées à Nakhon Pathom. Retour à Bangkok fin novembre, reprise de l’école, la vie normale reprend tout doucement son cours.
Et pour la voiture ?
Ben on essaie de la vendre, on verra bien.
48 heures plus tard elle était partie. Et sans même négocier le prix !!
Nous sommes donc retournés chez Mitsubishi pour passer la commande et nous entendre dire par un vendeur au sourire en zigzag que le centre de montage thaïlandais avait subit des inondations et qu’il serait très difficile de livrer avant Noël.
Tout le monde a suivi jusqu’à présent ? Allez , je continue.
Ce week-end, nous avions prévu d’aller une nouvelle fois à Nakhon Pathom et il nous fallait donc un véhicule. Comme il s’agissait d’un simple weekend et que, exceptionnellement, nous n’avions pas beaucoup de choses à transporter, je me suis laissé tenter par une voiture plus petite et, pourquoi pas, associer l’utile à l’agréable en découvrant la technologie hybride au volant d’une Toyota Prius.
J’ai aussi découvert un inconvénient des “petites” voitures : leur taille !!
Non seulement le coffre est plein avec 2 sacs (passe encore), mais elles n’aiment pas, mais alors pas du tout les trottoirs. Bref, il y aura de la paperasse à remplir pour l’assurance.
Samedi 10 – Éclipse de lune
Superbe spectacle céleste auquel nous avons assisté depuis la terrasse de notre maison, loin de la pollution lumineuse de la grande ville.
Dimanche 11 – Rangement
Je voulais m’en occuper depuis longtemps, voilà chose faite.
Il s’agissait de faire le tri dans mon “atelier” fourre-tout – bric-à-brac en éliminant l’inutile, en rangeant et classant l’utile et en séparant ce que nous emmènerons à Chiang Mai lors de notre déménagement en mars prochain. L’objet insolite de la photo fera partie du voyage !! (lui aussi vient d’Alsace et s’utilise généralement APRÈS la saison des Maennele)
Lundi 12 – Retour à Bangkok
Le 10 décembre est férié (jour de la constitution) et comme tout jours férié qui tombe pendant un weekend, il est rattrapé le lundi suivant (malins les Thaïs, même la CGT n’y avait pas pensé !).
Ce lundi 12 était donc férié et nous sommes rentrés tranquillement ce matin en laissant notre nouveau locataire couver tranquillement, à l’abri du vent glacial qui s’est mis à souffler depuis dimanche (à peine 18 °C au lever du soleil).
5 Décembre – Je suis zému (la suite !!)
Le 1er décembre, date de mon dernier billet, c’était la fête des pères à l’école. Aujourd’hui, 5 décembre, c’est le jour de la vraie fête des pères, Wan Pôô Heng Chat (le jour du père de la nation) en thaï, anniversaire de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej.
Cette fête majeure du calendrier thaïlandais, société résolument paternaliste, n’est pourtant pas aussi ancienne qu’il n’y paraît puisqu’elle n’a été instaurée qu’au début des années 80, soit il y a 30 ans à peine, dans le cadre d’une campagne de revalorisation de la monarchie menée à l’initiative du premier ministre de l’époque, Prem Tinsulanonda. Depuis, chaque année, les organisateurs successifs redoublent d’imagination et de créativité pour faire de cette journée une véritable éloge du monarque actuel et, plus largement, de l’institution royale thaïlandaise en général.
La Thaïlande est en effet une monarchie, constitutionnelle certes, mais surtout monarchique et tout voyageur de passage pourra très facilement constater à quel point les Thaïlandais aiment et respectent leur Roi. Il s’agit là d’une admiration qui peut parfois sembler démesurée, voire béatement naïve, mais qui n’en demeure pas moins des plus sincères et même sans les campagnes de propagande soigneusement orchestrées par les royalistes, je peux sans hésitation affirmer que le respect et l’amour du peuple Thaïlandais pour son souverain sont authentiques et je ne sais pas s’il existe au monde un autre chef d’état qui jouit d’une aussi grande popularité.
Le paradoxe ici est que la Thaïlande possède aussi l’une des lois les plus répressives au monde pour ce qui est des “crimes de lèse-majesté”. Je ne m’étendrai bien évidemment pas ici, pour des raisons évidentes, sur le bien-fondé de cette loi ni sur son utilisation catastrophiquement abusive au cours des récentes années avec pour résultat de faire plus de tort que de bien à l’institution qu’elle est supposée préserver des bassesses politiciennes. Un exemple récent est celui de ce sexagénaire condamné à 20 ans de prison pour 4 SMS jugés insultants (personne ne les a vu !) alors que des meurtriers ayant avoué leur crime peuvent sortir librement (et en souriant !!) de prison tout simplement en payant une caution.
Donc, en ce jour de la fête des pères, j’aurai tout abord une pensée émue pour tous ces “papas” qui sont en prison en Thaïlande – et aussi ailleurs dans le monde – tout simplement parce qu’ils ont osé exprimer leur opinion et que cette opinion a déplu à ceux qui tiennent le fusil. Quand à mon opinion personnelle à ce sujet, j’ai pour habitude de citer une phrase de l’un de mes maîtres à penser, le Docteur Isaac Asimov, qui dans l’un de ces ouvrages écrivait que si la démocratie consiste à enfermer 500 technocrates dans un hémicycle pour qu’ils débattent pendant des semaines avant d’arriver à une décision qu’un monarque clairvoyant aurait pu prendre en 10 minutes, alors rien ne vaut un BON roi ! (les majuscules sont volontaires)
Un autre pensée émue sera pour notre ami Luchaye, professeur à l’école de Ban Huoi Haeng, qui a perdu son papa récemment dans des circonstances dramatiques. Je ne voulais tout d’abord pas en parler, mais après accord des principaux intéressés il s’agit ici aussi d’une forme d’hommage rendu aux papas qui ont été arrachés à leurs familles par des accidents de la vie ou, comme ici, par des faits de guerre.
Luchai fait partie de l’ethnie des Lahu, des chasseurs-cueilleurs qui vivent depuis des siècles dans les montagnes du Nord de la Thaïlande. Cette tradition de chasse et de cueillette est toujours très vivante et tous les montagnards, même les plus jeunes, connaissent la forêt comme leur poche. Le père de Luchaye et deux autres hommes du village étaient ainsi récemment sur les traces d’un gibier et ont eu la terrible malchance de croiser la route d’un groupe de gardes-frontière, des jeunes recrues manquant d’expérience et non originaires de la région qui ont paniqué en voyant ces trois montagnards ne parlant même pas leur langue et ont ouvert le feu sans sommation. Bilan : 2 morts, un blessé grave (les 3 montagnards chasseurs).
Version officielle parue dans la presse : les gardes-frontière ont tué des trafiquants de drogue.
L’armée a quand même reconnu une part de responsabilité et a donné 5000 Bahts (120 Euros) de dédommagement à la famille de chaque victime. Le prix du silence.
Ma troisième pensée émue (désolé si je casse l’ambiance !!) sera pour les papas de l’état Shan dont les enfants ignorent ce qu’ils sont devenus. Les scénarios se répètent, toujours avec la même cruauté invraisemblable que l’on croit sortie d’un mauvais film : l’armée birmane, le SPDC, arrive un matin au village en accusant les habitants d’aider les rebelles. Ils emmènent les hommes valides, violent les femmes qui n’ont pas réussi à fuir et se servent des enfants comme d’esclaves pour leur quotidien. Sur les 850 élèves de l’école de Loi Tai Laeng auxquels j’ai encore rendu visite récemment, 250 sont orphelins et ne savent pas où est leur papa.
Mais une lueur d’espoir vient cependant de s’allumer et semble bien vouloir persister. Des accords ont récemment été conclus entre les dirigeants Shans et le gouvernement “civil” birman et, comme me le disait l’un de mes contacts, c’est maintenant que la VRAIE partie de football commence, avec des spectateurs !!
Toujours dans l’optimisme, le budget nécessaire aux 10 jours intenses passés récemment en montagne était exclusivement d’origine personnel – j’étais en vacance – et un solde précédent, auquel sont venus se rajouter quelques dons récents reçus notamment par l’intermédiaire ce ce blog, nous a permis d’acheter 300 couvertures ainsi que 100 vestes coupe-vent avec doublure que nous allons faire parvenir très prochainement à ceux qui en auront besoin en prévision d’un hiver qui s’annonce de nouveau particulièrement froid.
Alors si vous aussi vous souhaitez participer et, dans une certaine mesure, rendre hommage aux papas présents ou absents, peut-être en offrant une couverture (ou même plusieurs !!) à leur progéniture, faites un don (cliquez ci-contre ou sur le bouton “Faire un don” dans la colonne de droite). Les projets ne manquent pas : encore des couvertures, mais aussi une cuisine et une cantine dignes de ce nom pour l’école de Ban Huoi Haeng.
Mais ça, ce sera pour un prochain billet…
1er décembre – Je suis zému
La fête des pères en Thaïlande est célébrée tous les ans le 5 décembre, jour de l’anniversaire de sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej qui fêtera cette année ses 84 ans, soit sept cycles complets de 12 ans.
Des festivités sont organisées un peu partout dans le pays et toutes les écoles ont inclus dans leur emploi du temps une journée “spéciale papas” au cours de laquelle les élèves présentent des spectacles divers et variés aux papas qui ont réussi à se libérer pour l’occasion. Il faut dire que les circonstances disons… exceptionnellement aquatiques !! de cette année ont contraint la grande majorité des écoles de Bangkok à décaler la reprise du deuxième semestre et l’établissement que fréquentent de nos filles fait même figure de privilégié puisque les cours avaient repris ce lundi, le 28 novembre, alors que certains ne pourront pas rouvrir leurs portes avant début janvier.
Ce décalage de 4 semaines pour ce qui nous concerne a également donné lieu à une révision du calendrier scolaire pour le reste de l’année avec une réduction en conséquence des activités annexes dont fait notamment partie la “journée des papas”. Les élèves qui présentaient un spectacle n’ont ainsi eu que 3 jours pour se préparer (mais ils/elles se sont bien débrouillés quand même !!) et la journée elle-même a été limitée aux 3 premières heures de la matinée, pause café comprise.
Mais l’ambiance était à la joie et à la bonne humeur, tous les professeurs étaient présents et très heureux eux aussi d’avoir pu reprendre “une activité normale” et j’ai été agréablement surpris par le grand nombre de papas qui avaient fait le déplacement en ce jour de milieu de semaine, d’autant plus que beaucoup d’entre eux n’ont pas la chance comme nous d’habiter à 5 minutes à pieds (ou 20 minutes en voiture !!) de l’école.
En plus de préparer chants et spectacles, il avait aussi été demandé à chaque élève de confectionner lui/elle-même une carte de vœux pour la fête des pères. Et là, je dois avouer que j’ai été bluffé par l’ingéniosité de Naomi, notre cadette, qui non seulement a rédigé un texte un peu plus élaboré que les expressions pleines de sentiments, je n’en doute, pas, mais banalement protocolaires du genre “I Love You Dad”, mais a aussi fait spontanément l’effort de l’écrire en français (cliquez pour agrandir).
Je rappelle qu’à part quelques heures à l’Alliance française il y a quelques années, aucune de nos filles n’a jamais suivi de cours de français et je suis le seul francophone régulièrement présent dans leur entourage. Bon, c’est vrai que Google Translator aide pas mal, mais encore faut-il en avoir envie. Après tout, à quoi bon faire l’effort de parler/écrire dans une langue qu’une seule personne de son entourage pratique ?
J’en suis encore tout zému.
P.S. Pour l’année prochaine, je vais essayer l’alsacien. Il existe là aussi des dictionnaires en ligne.