27 Novembre – Journée d’examens
C’était programmé depuis presque 2 mois : ce weekend nous avons effectué un aller/retour Bangkok <=> Chiang Mai pour les tests d’évaluation de la future école des filles : l’école Varee.
Départ vendredi après-midi, retour sur Bangkok samedi dans la soirée. Un hôtel près de l’école pour pouvoir y être assez tôt, une voiture de location pour l’autonomie de mouvement : simplicité – efficacité pour un déplacement qui se voulait avant tout utilitaire sans vraiment de place pour le tourisme.
Pour ça, nous reviendrons à la fin de l’année !!
Comme indiqué au début, nous avions programmé ce voyage depuis presque deux mois déjà, juste après l’inscription des filles dans leur nouvel établissement début octobre. À ce moment, personne, mais alors PERSONNE ne se doutait que les inondations qui ont affecté – et qui affectent toujours – Bangkok prendraient des proportions aussi catastrophiques et dureraient aussi longtemps. Nous supposions donc que le deuxième semestre aurait déjà recommencé, que les filles auraient cours le vendredi après-midi et avions par conséquent réservé un vol après de Nok Air, une compagnie qui dessert de Don Muang, l’ancien aéroport près duquel nous habitons.
L’eau ayant transformé les pistes de ce terrain historique en une gigantesque piscine, tous les vols ont été transférés au nouvel aéroport, Suwarnapoom, à près de 40 km de notre domicile. Mais comme la rentrée du deuxième semestre n’aura lieu que demain, lundi 28 novembre, l’heure de trajet supplémentaire imposée par les embouteillages de Bangkok pour atteindre notre nouveau point de départ n’était pas très gênante.
Arrivée à Chiang Mai, nous nous rendons au guichet de la compagnie de location de voitures. Ce guichet, ainsi que ceux d’autres compagnies de location, se trouve directement à côté d’une porte qui reste ouverte constamment et qui débouche sur un parking exclusivement réservé aux véhicules de location (cette précision est importante pour la suite !!). Le temps de récupérer les clés, de faire le tour du véhicule, Pong et les filles s’étaient attablées pour prendre un goûter. Les formalités terminées, je vais pour les rejoindre et récupérer les sacs quand soudain le gardien de la porte me barre le passage. Ce même gardien qui m’a vu sortir 1 minute plus tôt avec l’employé de la société de location me fait comprendre par des gestes (il ne veut/sait pas parler !!) qu’il faut que je refasse tout le tour de l’aérogare pour rentrer par l’avant. Il me montre d’ailleurs une petite pancarte visible uniquement à l’extérieur (aucune indication à l’intérieur !!) sur laquelle figure “No Entry”.
Je rappelle que nous sommes toujours dans une zone exclusivement réservée aux véhicules de location de l’aéroport !! Mais bon. Le règlement c’est le règlement et ceux qui “pondent” (pas qui élaborent) les règlements sont rarement ceux qui les font appliquer dans la vraie vie !!
J’appelle donc Pong qui était toujours attablée avec les filles à quelques mètres de là, elle vient me rejoindre … Stop !!! … trop tard. Elle aussi a franchi la ligne invisible gardée par l’inflexible et zélé cerbère qui réussit quand même à prononcer 3 mots en Thaï au milieu desquels je crois reconnaître “X-Ray”. Restent les filles – avec notre sac – toujours à l’intérieur. Nous les appelons, elles approchent avec le sac pas trop lourd mais quand même, je vais pour les aider à porter le sac sur les 10 derniers mètres, mais rien à faire : le porteur de béret est déterminé à remplir sa mission jusqu’au bout. On lui a dit “No Entry”, il applique “No Entry”. D’ailleurs la tête ça sert à tenir le béret, pas à réfléchir !!
Le lendemain, lorsque nous rapportons la voiture, l’employé de la société de location nous explique que ce règlement totalement absurde les gêne eux aussi et qu’ils s’en sont déjà plusieurs fois plaint auprès de la direction de l’aéroport. Ben oui : eux aussi, ils sortent avec un client et sont obligés de refaire tout le tour en passant par les contrôles aux rayons X pour revenir sur leur lieu de travail !! Côté positif (il y en a toujours un) : c’est bon pour la ligne, car ça leur fait faire 300 m de marche à pied à chaque fois.
Il a d’ailleurs profité de notre “incident” pour signaler une nouvelle fois la totale irrationalité de ce règlement, et au moment de nous faire signer les papiers de décharge après la remise du véhicule (nous étions à l’intérieur et lui à l’extérieur), il s’est même amusé à pousser jusqu’au bout la carte de l’absurdité en tenant le document tout juste à la limite de la porte – toujours grande ouverte – et en me demandant suffisamment fort pour que le gardien l’entende de ne pas sortir la main trop loin pour signer (dés fois qu’il lui viendrait à l’idée de demander à ma main de refaire le tour…).
Côté scolarité, les filles attendent à présent la confirmation (j’espère !!) de leur admission vers la mi-décembre et elles sont toutes les deux revenues enchantées de la demi-journée passée dans leur future école qu’elles sont impatientes de rejoindre.
24 Novembre – Journée paperasse
Celui qui réside à l’étranger jouit de l’agréable privilège de pouvoir comparer l’efficacité de deux administrations : celle de son pays d’origine, par l’intermédiaire de son Consulat (et non pas de l’Ambassade !!), et bien sûr celle de son pays d’accueil par l’intermédiaire de tout un tas de services divers et variés tels que l’immigration et les impôts, pour ne citer que les principaux. Il peut même arriver qu’il faille solliciter ces deux administrations pour une seule et même démarche, ce qui est le cas pour le permis de conduire, principal sujet de ce billet.
Je devais, en effet, renouveler mon permis de conduire arrivé à échéance et l’exercice du jour consistait, dans un premier temps, à me rendre au Consulat de France de Bangkok pour y récupérer un Certificat de résidence (demandé par courriel 10 jours à l’avance et confirmé par les services dudit Consulat), et ensuite à affronter les looooooongues files d’attente et les formulaires rédigés dans un anglais incertain du Bureau des transports, l’organisme chargé de la délivrance et du renouvèlement du permis de conduire.
En effet, la durée de validité du permis de conduire thaïlandais est de 5 ans, après quoi il faut demander son renouvèlement et présenter à cet effet un certain nombre de documents (en théorie seulement 4, mais on ne sait jamais…).
J’avais téléphoné quelques jours avant pour me faire confirmer la liste des documents à produire, mais connaissant la variabilité fantaisiste des réponses obtenues, lesquelles dépendent très souvent de l’heure à laquelle sont posées les questions, du nombre de piments dans le Tom Yam, de la forme des nuages et de tout un tas d’autres facteurs qui nous sont totalement inaccessibles à nous, ignares d’occidentaux, j’ai toujours l’habitude de prévoir dans ma sacoche le “papier manquant” que je manque pas de sortir (cliquez pour voir de quoi il s’agit !!) lorsque j’estime que le fonctionnaire en face de moi a suffisamment d’humour, ce qui est souvent le cas avec les administrations thaïlandaise qui pratiquent la culture du “sanook”.
Parmi les documents à produire, il y a un Certificat de résidence délivré par le Consulat. C’était donc l’objet de ma première démarche du jour, à savoir récupérer ce certificat que j’avais demandé au Consulat par courriel une dizaine de jours avant, ce même Consulat qui avait confirmé par retour que ledit certificat serait prêt à l’accueil.
Après presque 2 heures d’embouteillages, je me présente enfin à l’accueil du Consulat et là surprise : pas de certificat !!
Le petit local d’accueil était plein à craquer, enfants sur les genoux des adultes, plusieurs personnes debout et la secrétaire – qui gardait un calme olympien impressionnant au milieu du chaos ambiant – tentait désespérément de jongler entre les pannes informatiques, les documents supposés prêts qui ne l’étaient pas, les rendez-vous non notés et tout un tas d’autres petits incidents qui semblaient découler directement de la fameuse Loi de Murphy et qui n’avaient rien, mais absolument RIEN à voir avec le dosage du piment dans le Som Tam. Après presque 2 heures d’attente et un petit haussement de ton (il faut parfois !), j’ai finalement obtenu le précieux document en ayant découvert que la nouvelle équipe du Consulat était encore en phase de rodage et que quelques semaines de pratique ne seraient pas superflue pour atteindre l’efficacité à laquelle nous avait habitué l’équipe précédente (il y a renouvèlement tous les 3-4 ans environ).
Ce billet est aussi une bonne occasion pour indiquer/rappeler les formalités à remplir pour obtenir ce que tout conducteur de véhicule doit obligatoirement posséder s’il vit en Thaïlande plus de 3 mois par an (limite de validité du permis international).
Permis de conduire thaïlandais
Avant Après
Il existe un permis distinct par catégorie de véhicule : automobile, motocyclette, camion, transport en commun, etc. Pour un étranger qui possède déjà un permis dans son pays d’origine, il peut obtenir le permis thaï par équivalence en présentant son permis international, en plus d’autres documents. Ce premier permis est un permis dit provisoire qui est valable un an, après quoi on se voit délivrer un permis définitif valable 5 ans et donc à renouveler tous les 5 ans.
Le permis provisoire est valable EXACTEMENT un an (pas un an – 1 jour et pas un an + 1 jour !!). À l’époque, je voulais le renouveler quelques jours à l’avance mais on me l’avait refusé : il faut venir le jour même.
– Et si on vient le lendemain ?
– Alors il n’est plus valable et il faut recommencer toutes les démarches (implacable logique bureaucratique !).
Le permis définitif, par contre, est valable jusqu’à la date d’anniversaire de son détenteur 5 ans plus tard. Mon “ancien” permis de 5 ans datant du 9 mars 2006, il était donc valable jusqu’au 18 novembre 2011. Contrairement au permis provisoire, le permis définitif peut être renouvelé jusqu’à 3 mois à l’avance de la date d’échéance et le fait de venir quelques jours en retard (pas trop quand même !!) n’oblige pas l’intéressé à recommencer toutes les démarches, surtout pendant une période d’inondations catastrophiques accompagnées de son cortège de routes coupées.
Les pièces à produire sont :
– L’ancien permis
– Une copie du passeport (présenter l’original)
– Une copie du visa longue durée (les visas de courte durée n’ont droit qu’au permis provisoire)
– Une attestation de résidence (délivrée par le Consulat) ou, le cas échéant, une copie du Work Permit
– Pas de photo (ah bon ? pas de photo ? – ben non, elle est prise sur place. Il faut donc venir coiffé )
Il faut ensuite passer une petite série de tests (vision des couleurs, réflexes, etc.), assister à une projection d’une heure sur la sécurité routière (sans commentaire…) et on ressort avec un permis tout neuf au format carte de crédit (ci-dessus les deux modèles de permis “5 ans”).
20 Novembre – Un engagement qui séduit
Suite de mon billet du 16 novembre au sujet de notre récent séjour en montagne.
Il va sans dire que la parenthèse du 18 concernant le pastis n’avait absolument rien à voir avec nos actions auprès des minorités ethniques !!
Ci-dessus l’une des salles de classe que nous avions financées en 2009 et 2010
C’est donc devenu une habitude : nous essayons chaque année de mener à bien au moins un projet principal avec l’école de Ban Huoi Haeng, en plus de différentes petites actions annexes auprès d’autres écoles de la région et aussi auprès des Shans, ces cousins des Thaïlandais qui sont du mauvais côté de la frontière. Monsieur Pimook, le directeur de Ban Huoi Haeng, est plus que jamais engagé dans sa mission à la fois pédagogique et sociale auprès des 125 élèves de son établissement, un engagement qui n’est assurément pas étranger au phénomène d’émulation auquel nous pouvons assister depuis 2 ans environ sous la forme d’autres interventions, notamment d’une ONG suisse et des autorités locales (ben oui, quand même !!).
Un engagement doublé d’une honnêteté à toute épreuve qui a également séduit et surtout convaincu tous les visiteurs, sans exception, souvent des donateurs, à qui nous avons eu le plaisir de faire découvrir ‘pour de vrai’ les conditions assurément peu ordinaires dans lesquelles ces enfants de 4 à 15 étudient avec une motivation exemplaire et aussi dans lesquelles les enseignants, extraordinairement dévoués, doivent assurer leurs cours.
Parmi ces visiteurs, il y a eu, fin décembre 2009, un groupe relativement conséquent duquel faisaient partie plusieurs “jeunes” du Rotary-Club, ou plus exactement du Club Interact de Brumath – Strasbourg Campagne. Ayant été immergés dans les projets humanitaires dès leur plus jeune âge, la participation à ce type d’action fait depuis toujours partie de leur quotidien et ils organisent chaque année, pendant la période estivale, une journée de festivités dont les bénéfices sont consacrés à certains projets choisis. Leur grande expérience du terrain, combinée ici à leur impression personnelle, leur permet d’avoir une vision relativement objective de la situation, un regard extérieur que nous apprécions toujours et qui nous conforte dans notre manière de mener les projets et, surtout, de gérer les fonds qui nous sont confiés.
L’un des projets qu’ils avaient choisi de financer cette année est une coopérative scolaire pour l’école de Ban Huoi Haeng. Il s’agissait d’un projet indépendant du reste de l’école, au coût peu élevé, facile à maîtriser et dont l’aboutissement pourrait contribuer à améliorer considérablement le quotidien à la fois des élèves et des professeurs, puisque le petit village montagnard dans lequel se trouve l’école ne compte aucun, mais alors AUCUN magasin et qu’il faut parcourir 10 à 15 km d’une bande bitumée sinueuse pour acheter ne serait-ce qu’un crayon !!
L’idée était donc de créer ce que l’on trouve dans l’immense majorité des écoles du pays : une boutique où les élèves pourront se procurer des articles scolaires, mais aussi quelques friandises ainsi que du savon, du dentifrice, etc. pour les pensionnaires. Cette boutique sera gérée à la manière d’une coopérative, c’est-à-dire sans véritable but lucratif à part le petit bénéfice qui servira à l’entretien des locaux et qui permettra aussi de faire face aux inévitables augmentations de prix. Le Club Rotary Interact a ainsi envoyé les fonds nécessaires, soit 1500 Euros, directement sur le compte de l’école et nous avons pu constater lors de notre récent passage que Monsieur Pimook et son équipe, comme à leur habitude, avaient su utiliser au mieux le budget disponible.
Les travaux n’étaient pas encore totalement terminés au moment de notre passage début octobre (c’était pendant les congés !), mais le local est prêt sous la forme d’une extension ajoutée à l’une des salles de classe que nous avions financées et les informations récentes me laissent penser que les premières marchandises devraient faire leur apparition très prochainement. Connaissant les habitudes thaïlandaises, je suppose qu’ils demanderont conseil auprès d’un moine ou d’un shaman local qui choisira la date la plus propice pour l’ouverture officielle.
Monsieur Pimook a confié l’encadrement de ce projet à celui que l’on peut considérer comme son bras droit : Monsieur Lutchay, professeur à l’école depuis plusieurs années et lui-même originaire d’un village Lahu rouge de la région. Un choix qui est loin d’être anodin, car la future gestion de cette coopérative sera ainsi confiée à quelqu’un qui connaît parfaitement les particularités de la culture locale où les notions de vie en communauté et d’entraide entre villageois ont encore toute leur place. Habitant dans la vallée, il y descend en moyenne trois fois par semaine et pourra assurer l’approvisionnement en marchandises. Il prévoit même d’acheter plusieurs grandes glacières dans lesquelles il pourra conserver notamment des “Yakool”, ces yaourts à boire genre Actimel en flacons de 10 ml qui sont distribués à toutes les sorties d’école du pays, ainsi que d’autres produits qui doivent être tenus au frais et auxquels seuls quelques enfants privilégiés avaient accès jusqu’à présent (essayez d’imaginer un été sans manger une glace !!).
Un projet une nouvelle fois rondement mené dont l’aboutissement ouvre la voie au prochain : l’aménagement d’une cuisine digne de ce nom.
Mais ça, ce sera l’objet d’un prochain billet. Pour l’instant, je vous laisse imaginer au vu de la photo ci-dessus les conditions “exemplaires” dans lesquelles sont préparés les 3 repas quotidiens des 80 pensionnaires, auxquels viennent s’ajouter 45 déjeuners des élèves qui ont la chance de pouvoir regagner leurs foyers tous les soirs mais qui restent tout de même manger à l’école.
18 Novembre – Cette année, c’est Pastis
Ça, c’était il y a… euh… ou là !! Déjà !!
Je ne sais pas si je réussirai à en trouver une plus ancienne.
16 Novembre – Des nouvelles du front
ou plutôt du mont et des dons !!
Cela fait en effet près d’un mois que nous sommes rentrés de notre dernier voyage en montagne, mais entre les routes coupées, les affaires de notre maison de Bangkok à mettre en lieu sûr et l’organisation de notre vie de “réfugiés” à Nakhon Pathom, j’avoue que je n’avais pas vraiment le temps de mettre un semblant d’ordre dans la pléthore d’idées, de projets et autres émotions qui agitent mon esprit, comme à chaque fois depuis plus de 5 ans maintenant que nous venons dans cette région (voir ci-dessus, l’onglet “Nos projets”).
Nous avions donc passé 10 jours intenses (c’était d’ailleurs le titre d’un billet écrit sur le vif), mais aussi quelques jours avant et quelques jours après à constater la progression et l’aboutissement des projets en cours auprès de l’école de Ban Huoi Haeng, que mes lecteurs réguliers commencent à bien connaître, et d’une autre école qui nous avait été recommandée et que nous suivions “à distance” depuis quelques mois : l’école de Pang Tong, dans la région de Khun Yuam, quelque part entre Mae Hong Son et Mae Sariang. Monsieur Pimook connaît son directeur, un homme qui est lui aussi admirablement dévoué à sa tâche et qui a volontairement choisi de faire sa carrière au milieu des populations Karens dont les enfants constituent la majorité des effectifs de son établissement.
Mais commençons par l’école de Ban Huoi Haeng, étape incontournable de chacun de nos voyages en montagne et dont nous avons pu suivre l’évolution au cours des dernières années. Lors de nos tous premiers contacts, entre 2006 et 2008, nous avions le sentiment d’être les seuls à apporter une aide, aussi modeste soit-elle, à ce qui est tout de même un établissement scolaire officiel de l’éducation nationale. Les conditions d’accès étaient très difficiles – en moyenne 1H30 de piste défoncée jusqu’au village le plus proche – et il n’était pas rare que le village reste inaccessible plusieurs jours pendant les fortes pluies de mousson.
Fin 2008, nous avions alors participé à la construction d’un dortoir, équipé ce même dortoir, installé des panneaux solaires, etc. (vous pourrez retrouver le détail de nos différents projets dans l’onglet du même nom en haut de cette page). Nous avions l’habitude de passer en moyenne 2 fois par an et Mr Pimook, le directeur, ainsi que les autres professeurs savaient que notre engagement avec leur école était sur le long terme. La seule autre “intervention” extérieure que nous avions pu constater à ce moment était la construction d’une route et d’un pont, ce qui facilitait considérablement l’accès au village, mais aussi les communications entre ce même village et la vallée et ainsi le “monde extérieur”.
Début 2009, j’étais présent le jour de la rentrée des classes et j’ai constaté que plusieurs élèves d’autres écoles des environs étaient venus à Ban Huoi Haeng pour s’y faire inscrire. Il semblait, en effet, que les quelques actions que nous avions menées, auxquelles il fallait ajouter l’admirable engagement de Monsieur Pimook et de son équipe d’enseignants, avaient donné à cette école une certaine notoriété et en avaient fait l’école de référence de la région.
Un an plus tard, nous avions eu l’agréable surprise d’apprendre qu’une autre ONG, suisse, s’était intéressée à l’école de Ban Huoi Haeng et avait elle aussi financé la construction d’un dortoir. Parallèlement à cela, Mr Pimook nous disait qu’il recevait occasionnellement la visite de l’une ou l’autre personnalité locale ou nationale qui avait entendu parler de cette école pas comme les autres mais qui restait pourtant tellement démunie en comparaison des établissements de même catégorie près des grandes villes.
Aujourd’hui, l’école de Ban Huoi Haeng possède la lumière pendant la nuit, l’eau courante (un véritable luxe), des installations confortables pour l’hébergement des 80 enfants qui restent dormir sur place 10 mois sur 12, des salles de classe toute neuves (à l’exception de 2 – bureaucratie oblige !!) et l’école vient d’être sélectionnée parmi plusieurs autres établissements de la province pour devenir un centre d’enseignement de l’informatique avec, à la clé, la dotation d’un équipement complet et – cerise sur le gâteau – l’installation d’une mini centrale solaire qui fournira de l’électricité en permanence.
Il semblerait donc qu’il existe un phénomène d’émulation non seulement auprès d’autres ONG (les suisses sont revenus entre temps pour installer un groupe de purification pour produire de l’eau potable), mais aussi auprès des autorités de tutelle qui se sont finalement réveillées (enfin pas trop vite, hein !!) et que l’idée de Pimook d’afficher partout les noms – étrangers – des donateurs commence à porter ses fruits.
En attendant, un autre projet est sur le point d’aboutir et d’autres sont à l’étude. Mais ça, je vous en parlerai dans un prochain billet.
13 Novembre – La semaine des filles
Cette semaine, les filles…
…ont profité de la piscine,
…ont fait des devoirs de vacance (ben oui, quand même !!),
… ont dessiné,
… ont lu (elle est née en 2001 et je l’ai lu quand j’avais à peu près son âge),
… se sont fait faire des timbres poste à leur image (une idée originale de la Poste Thaïlandaise pour venir en aide aux victimes des inondations, une planche de 12 timbres officiels était imprimée sur place),
… ont fait du bateau sur le gazon (une première !!),
… ont fêté l’anniversaire de leur maman,
… ont été au Kristindelsmärik version Nakhon Pathom,
et plein d’autres choses encore. Et la semaine prochaine, ça devrait être à peu près le même genre de programme (sauf l’anniversaire qui sera celui de quelqu’un d’autre !!), avant notre retour à Bangkok prévu vers le 20 novembre, l’ouverture de l’école étant confirmée pour le 28.
Entre temps, nous nous serons rendus à Chiang Mai où elles passerons l’examen d’évaluation de leur nouvelle école.
11 Novembre – Kristkindelsmärik
Ou presque !!
Nous sommes en effet dans la semaine de Loy Krathong, l’une des plus belles fêtes de Thaïlande qui a lieu tous les ans à la pleine lune de novembre et qui est également surnommée la fête des lumières ou fête des lanternes.
Cette tradition remonte à l’époque du Bouddha et les explications relatives à sa véritable origine sont relativement floues. Mélange de coutumes hindouistes, animistes et bouddhistes, elle présente cependant un dénominateur commun : l’hommage aux esprits des eaux. Dans la Thaïlande actuelle, les deux explications qui reviennent le plus souvent sont le pardon à la déesse des eaux pour tous les déchets que l’on y a déversé au cours de l’année ou encore l’évacuation au fil de l’eau de tous les soucis et désagréments de l’année qui vient de s’écouler.
Dans la majorité du pays, les gens confectionnent (ou achètent !!) des Krathong, un objet flottant généralement constitué d’une tranche de tronc de bananier soigneusement décorée de feuilles, de fleurs et au centre de laquelle sont placés trois bâtonnets d’encens et une bougie. Certains modèles sont extrêmement élaborés et des concours du plus beau Krathong sont même organisés.
Après la tombée de la nuit, on “Loy” (fait flotter) son Krathong sur un cours d’eau ou un plan d’eau où il va rejoindre les dizaines d’autres qui s’y trouvent déjà. Il se dégage alors de ces dizaines, parfois centaines, de petites lumières qui se déplacent lentement au fil d’eau une atmosphère féérique à laquelle la pleine lune, accompagnée de quelques verres d’alcool de riz, ajoute même un côté mystique pour la plus grande joie des amateurs de l’une des grandes spécialités Thaïlandaise : les esprits !!
Dans les régions montagneuses, le Krathong sur l’eau est souvent remplacé par sa version aérienne, appelée en Europe la lanterne chinoise et qui provoque parfois une belle pagaille auprès des contrôleurs aériens lorsqu’elles sont lâchées par des voyageurs de retour d’Asie !!. Il s’agit ici de rendre hommage à Uppakutta, l’un des disciples du Bouddha. En pratique, il s’agit surtout de “lâcher” un Krathong dans un fluide, l’air remplaçant ici l’eau qui est plus rare dans les montagnes, ou alors, lorsqu’elle est présente, c’est sous la forme d’un torrent dont la violence du courant ne permet pas vraiment d’obtenir l’effet à la fois féérique et mystique de la lente procession de lumières…
Des festivités sont bien évidemment organisées un peu partout, notamment autour des lieux de “lâché” des Krathong, souvent des endroits spécialement aménagés pour l’occasion au bord d’un cours d’eau. Feux d’artifice, concerts, kermesses et autres marchés en tous genres.
À Nakhon Pathom où nous sommes en ce moment a lieu tous les ans pendant 10 jours le “marché de Loy Krathong” autour du Phra Pathom Chedi, la plus grande pagode de Thaïlande. Pong y venait déjà quand elle était enfant et certains stands sont toujours au même endroit avec les mêmes produits. Un peu comme le Kristkindelsmärik à Strasbourg, mais sans le vin chaud !!
Anecdote : depuis que nous vivons en Thaïlande, je crois bien que c’est l’un des premiers Loy Krathong où il en pleut pas !! En effet, bien que la saison des pluies soit terminée depuis longtemps, il n’était pas rare qu’une petite averse vienne perturber le lâcher de Krathong sur la rivière ou le canal. Mais nous avons heureusement été épargnés cette année, il faut dire que les énormes masses d’eau qui sont tombées sur le pays au cours des derniers mois sont toujours en train d’assiéger la capitale, Bangkok, et même si notre maison et aussi notre quartier ont été épargnés, la situation est de loin d’être réglée et la circulation qui est déjà chaotique en temps normal est devenue un véritable casse-tête.
L’école des filles ayant décalé la reprise des cours d’un mois, nous avons donc préféré nous retirer dans notre “maison à la campagne” où le réseau téléphonique mobile me permet de disposer de l’Internet et donc de bosser (et aussi, occasionnellement, d’écrire un billet sur mon blog !!).
Mais même là les traces des inondations sont visibles, notre gazon étant sous 30 cm d’eau depuis presque un mois. Les tigres ont été mis à l’abri, la girafe a les pieds dans l’eau et le mouton lance le regard interrogateur de celui qui voudrait bien savoir combien de temps tout cela va encore durer.