31 Octobre – Waterworld
Ça y est !! Après plus d’un mois que nous sommes sur les routes – et aussi sur les pistes – nous voici de retour à Bangkok, Bangkok sous les eaux… ou presque ?
Fin septembre, lorsque nous avons quitté Bangkok pour Chiang Mai, notre entourage nous faisait part de son inquiétude affolée : “Mais pourquoi vous n’annulez pas ? Chiang Mai est sous les eaux !!
Et puis les deux nouveaux typhons qui sont en train d’arriver vont provoquer un véritable déluge sur les provinces du nord. “
Si, si, ils l’ont dit à la TV !!
Nous avions pris la route malgré ces prévisions apocalyptiques et… rien !! Pas de déluge aux proportions bibliques, pas de ville dévastée, pas d’invasion des birmans, c’est à peine si l’on pouvait encore entrapercevoir, dans certains quartiers, les résidus non nettoyés de la crue de la rivière qui a eu lieu quelques jours avant.
Un mois plus tard, suite aux prévisions catastrophiques diffusées par les médias : Bangkok submergée, les autorités vont ouvrir toutes les écluses pour laisser l’eau filer vers la mer, certains quartiers vont se retrouver sous 1 m d’eau (je rappelle au passage que ça faisait plus d’un mois – deux mois dans certaines régions – que les habitants des plaines centrales étaient sous 1 m d’eau !! Ça représente tout de même un million de personnes !!) et aussi le fait que les routes menant à Bangkok depuis le nord étaient presque toutes coupées, nous avions décidé de rester une semaine de plus à Chiang Mai. Nous étions bien évidemment restés en contact avec nos amis et voisins de Bangkok, dont le gardien à qui nous avions laissé les clés de la maison et qui avait déjà monté toutes nos affaires au 1er étage. À chacun de nos coups de téléphone quotidien il répondait avec le même rire : “Mai Mi Nam Tuam” (Pas d’inondation).
Certaines routes étant redevenues praticables, notre décision était prise : retour à Bangkok pendant le long weekend de 5 jours annoncé férié par le gouvernement, puis éventuellement quelques jours dans notre maison de Nakhon Pathom, puisque de toute façon la reprise de l’école a été décalée au 15 novembre. Là aussi incompréhension de notre entourage : mais pourquoi vous allez à Bangkok, la ville est inondée, le routes sont impraticables, on n’y trouve rien à manger.
Si, si, ils l’ont dit à la TV !!
Avant de prendre la route, direction le supermarché afin de charger notre voiture de provisions pour plusieurs jours. Il semblerait, en effet, que les magasins de la capitale aient été complètement vidés et qu’il soit devenu très difficile, voire impossible, de trouver certaines denrées de base comme de l’eau en bouteille, du sucre, de l’huile, du papier toilette, etc. Direction donc une grande enseigne de Chiang Mai et effectivement nous constatons que les médias avaient raison : plus d’eau en bouteille, plus de lait, plus de nouilles déshydratées, etc. Il manquait exactement les produits annoncés manquants, alors qu’ils étaient disponibles à foison quelques jours avant dans ce même magasin et, comme annoncé, le prix des œufs avait quasiment doublé. Même phénomène dans 3 autres supermarchés. Mais comment diable les médias ont-ils su 3 jours à l’avance que ces produits allaient manquer ??
Par curiosité, je vais tout de même faire un tour dans une superette (Rimping, les médias n’en ont pas parlé) qui vend essentiellement des produits occidentaux, un peu comme Paris Store en France mais à l’envers, et là surprise : non seulement les produits manquants ailleurs sont disponibles sans aucune trace de début de pénurie, mais ils sont au prix normal et certains sont même en promotion !! Mais c’est vrai que ce magasin n’est pas très fréquenté par les Thaïs !!
Nous prenons donc la route, passons une nuit à Nakhon Sawan, la grande ville du centre qui avait été inondée et qui a décrété un “Big Cleaning Day” (Journée du grand nettoyage). Là aussi, nous redoutions qu’il soit très difficile de trouver une chambre, les Bangkokiens ayant fuit la capitale par dizaines de milliers pour échapper au désastre annoncé : “Tous les hôtels des grandes villes de province sont complets, il est quasiment impossible de trouver une cambre”
Si, si, ils l’ont dit à la TV !!
Et là aussi aucun problème : la premier hôtel de Nakhon Sawan que nous avons appelé avait des chambres disponibles, et il ne s’agit nullement d’un hôtel de grand luxe ni d’un hôtel uniquement destiné aux touristes occidentaux. Mais c’est vrai que les médias n’avaient pas annoncé que les inondations à Nakhon Sawan était terminées !!
Dimanche matin, direction Bangkok après nous être renseigné au bureau de la police routière à la sortie de la ville : “C’est dégagé, vous pouvez y aller !!”. Les premiers champs inondés apparaissent à hauteur de Chai Nat. Nous constatons qu’il y a globalement beaucoup moins de réfugiés au bord des routes que le mois dernier quand nous sommes passés en sens inverse et ceux qui sont encore présents sont pour la plupart en train de se préparer à rentrer dans leurs villages.
En route de route, nous constatons la “pénurie” d’eau en bouteille dans une superette au bord de la route.
Plus loin, près d’Ayutthaya, l’une des régions les plus touchées avec presque 2 mois sous les eaux, plusieurs portions de route son encore sous 20-30 cm d’eau. Mas nous passons sans aucune difficultés, les postes de police auprès desquels nous nous étions renseignés précédemment nous l’avait d’ailleurs confirmé : aucun problème avec un véhicule haut comme un 4×4.
À l’entrée de Bangkok, la circulation devient beaucoup plus compliquée et nous roulons au pas dans 10 à 50 cm d’eau sur une bonne vingtaine de kilomètres. La circulation sur l’Asia Highway, le principal axe routier qui relie Bangkok au nord du pays, ne se fait que sur deux voies et au milieu des zones inondées. Imaginez un peu la même chose en France sur l’autoroute du soleil fin juin ou début juillet !!
L’entrée dans Bangkok s’effectue par la “Don Muang Tollway”, autrement dit l’autoroute surélevée qui dessert l’ancien aéroport international, au nord de la capitale. Les pistes sont inondées (1m50 d’eau en moyenne) et tout ce qui ressemble de prêt ou de loin à une route ou une plate-forme surélevée fait maintenant office de parking. Idem sur l’autoroute où la circulation s’effectue sur une seule voie : les 2 ou 3 voies de gauche servant de parking pour les habitants qui ont eu la sagesse de mettre leur voiture au sec avant la montée des eaux.
Arrivée dans notre quartier, la vie s’y déroule tout à fait normalement, aucun problème d’approvisionnement, les commerces et restaurants sont ouverts et même si tout est plus calme qu’à l’accoutumée – long weekend oblige – rien à part quelques maisons barricadées ci et là ne laisse imaginer les drames qui se jouent à quelques kilomètres à peine.
Vous aurez certainement noté mes allusions plus ou moins sarcastiques aux médias. Il s’agit bien évidemment des médias officiels, les grandes chaînes de TV et les journaux qui, tout comme leurs confrères occidentaux, ont depuis longtemps déjà cessé de remplir leur rôle premier, à savoir la diffusion d’informations, pour accorder la préférence au spectacle et au spectaculaire. Un chroniqueur d’un grand journal anglophone parlait récemment de sa propre expérience lorsqu’il s’est rendu auprès d’un centre de préparation de sacs de sable. Les politiciens, vedettes de la TV et autres “people” locaux faisaient la queue pour se faire prendre en photo ou filmer avec une pelle à la main. Bien évidemment, l’endroit où ils se trouvaient étaient abondamment approvisionné en sacs vide et en sable et il y avait assez de pelles pour tout le monde. Un peu plus loin, hors du champ des caméras, les VRAIS bénévoles se débrouillaient comme ils le pouvaient avec les moyens du bord.
Si l’on ajoute à cette mise en scène les informations contradictoires diffusées en permanence par les “autorités”, vous comprenez que je n’accorde pas beaucoup de crédibilité à une information dont la seule source et
Si, si, ils l’ont dit à la TV !!
23 Octobre – 10 jours intenses
Je vous parlais de “silence radio” et de “l’autre côté du miroir” dans mon dernier billet, nous voilà de retour !!
Mais avant d’aller plus loin, j’ose espérer qu’entre la naissance de Sarkozy junior et la mort de Kadhafi les médias français ont réussi à trouver un peu de place pour parler des inondations catastrophiques qui touchent la Thaïlande depuis plusieurs semaines et qui sont maintenant sur le point d’envahir Bangkok.
Voici un site d’information fiable et régulièrement mis à jour (en anglais) : http://www.thaitravelblogs.com/
En français, il y le très intéressant blog de Michèle qui livre une vision un peu plus analytique des évènements et de certains débordements politiques : http://michjuly.typepad.com/blog/
Pour les d’informations en français, il y a le site du Gavroche qui semble être mis à jour régulièrement http://www.gavroche-thailande.com/ ou encore le site Thailande-Info http://www.thailande-infos.net/ qui a mis en place une Veille informative.
Pour notre part, l’école des filles ayant décalé la rentrée d’au moins une semaine et moi-même ayant (une prémonition ?) emmené avec moi tout ce qu’il faut pour travailler à peu près normalement, nous avons décidé de rester une semaine de plus à Chiang Mai. Non pas que notre maison de Bangkok soit touchée – elle se trouve dans l’un des quartiers épargnés pour l’instant – mais la circulation dans la capitale est encore plus chaotique qu’à l’accoutumée (ce qui n’est pas peu dire !!) et les rayons des supermarchés ont été vidés de tout ce qui se mange et peut se stocker. Inutile donc d’aller “camper” dans un quartier où l’électricité risque d’être coupée, nous retournerons vers le centre du pays en fin de semaine, avec pour option de nous installer quelques jours dans notre maison de Nakhon Pathom si l’école n’est toujours pas ouverte la semaine prochaine.
Réflexion personnelle : quelque part je me dis que nous avons quand même une chance insolente, j’irais presque jusqu’à dire indécente. Des milliers de personnes autour de nous ont tout – mais alors TOUT – perdu (il y a très peu d’assurance habitation en Thaïlande). Nous venons une nouvelle fois de passer 10 jours avec des gens dont certains ont vu leurs parents assassinés sous leurs yeux et qui survivent plus qu’ils ne vivent dans un pays sous occupation birmane. Nous avons visité des écoles où les enfants viennent en pension pour 5 mois avec une seule paire de chaussures et dont les directeurs doivent se débrouiller pour leur trouver un repas chaque matin et chaque soir.
Une chance qui nous motive d’autant plus à poursuivre nos actions, car je me dis que si des gens comme nous, qui n’ont après tout rien de bien exceptionnel, ont accès à tout ce que la société moderne et la technologie peuvent offrir, c’est pour pouvoir le partager et essayer d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Ce que je souhaite dans l’immédiat, c’est de réussir à disposer d’assez de temps pour pouvoir poursuivre notre collecte de fonds, car les besoins sont vraiment immenses.
Bon, assez de bavardages, voici quelques photos des 10 derniers jours passés “de l’autre côté du miroir”.
Après une mousson exceptionnellement longue et abondante, il vaut mieux être bien équipé pour parcourir les 10 km de piste qui mènent à notre destination.
Lever de soleil magnifique sur les montagnes du Pays Shan à 1400 mètres d’altitude.
La prochaine fois, promis, je lui apporte un cure-dents.
Mon ami le Docteur Pilou en plein examen. La présence d’un “vrai” médecin, surtout occidental, passe rarement inaperçue et plusieurs patients en profitent pour se soumettre à un examen plus approfondi. Il va sans dire que le concept de tirer au flanc est inexistant ici et que personne n’essaie de se faire mettre en arrêt maladie pour aller à la pêche !!
Les équipes paramédicales parcourent le pays Shan pour apporter des médicaments et prodiguer les premiers soins aux populations démunies de tout. Ils suivent un programme de formation de 6 mois, puis repartent dans la jungle et reviennent l’année suivante pour 6 nouveaux mois de formation. J’ai volontairement masqué leurs visages, il faut qu’ils restent incognito car seules les autorités birmanes sont <officiellement> autorisées à fournir des médicaments aux populations.
Ici, le Docteur Pilou en pleine démonstration de l’examen initial d’un patient.
Déjeuner quotidien avec un autre médecin – américain – arrivé 2 jours après nous. Retraité, il a choisi de consacrer son temps aux populations réfugiées. Il est à Loi Tai Laeng pour 2 mois, à droite son épouse qui l’accompagne et la jeune femme à sa gauche est une prof d’anglais qui a volontairement choisi d’enseigner 6 mois en pays Shan !!
Les étudiants sont avides de connaissances et chaque livre est pour eux un véritable trésor. Petit bémol : prolifération de livres sur “Jésus” distribués à tous vents par des missionnaires de passage. J’ai joué au candide et ai demandé s’ils avaient aussi des livres sur Mahomet, Shiva, Bouddha, etc.
Plus loin à l’intérieur du pays Shan, une succession de petites vallées extraordinairement fertiles où poussent fruits et légumes en abondance, à condition d’avoir suffisamment d’eau…
Je n’ai pas réussi à savoir comment se dit “Schnaps” en Shan !!
De jeunes moines près de l’école. La fraîcheur des lieux explique les robes doublées.
Une population extraordinairement accueillante et toujours souriante, malgré tout ce qu’elle a pu subir.
C’est peut-être banal, mais ne dit-on pas qu’après la pluie vient le beau temps ?
11 Octobre – Mardi, jour du marché
Comme tous les mardis, marché montagnard à Pang Mapha, un véritable bonheur pour les photographes.
Voyons, 2 kg de patates douces à 25 Bahts et 3 kg de tomates à 30 Bahts, ça fait…
Vacances scolaires : beaucoup d’enfants accompagnent leurs parents.
Vous avez vu mes belles dents ?
Et bien sûr l’incontournable visite à l’école de Ban Huoi Haeng dont les élèves sont eux aussi supposés être en vacance, mais dont ceux qui habitent au village n’ont pas voulu manquer l’occasion de venir nous saluer en nous présentant leur nouvelle coopérative scolaire qui devrait être opérationnelle pour le deuxième semestre, à partir du mois de novembre.
Nous avions appris il y a quelques mois qu’une immense statue de Bouddha avait été construite dans un village à quelques kilomètres de Ban Huoi Haeng. Les pistes étant praticables et disposant d’un peu de temps, nous avons décidé d’aller découvrir cette curiosité locale qui fait un peu figure d’anachronisme au milieu des montagnes sauvages et des villages aux maisons en chaume et en bambou.
Nous avons rencontré le moine (il n’y en a qu’un seul !!) qui vit à côté. Il s’agit d’un moine ermite qui avait choisi de vivre dans la forêt et qui a eu un jour une révélation lui demandant de faire construire une grande statue de Bouddha à l’endroit où il était en train de méditer. Comme beaucoup de moines, il a eu une vie “civile” avant de rejoindre les ordres et il a alors téléphoné à son ancien patron, un riche industriel, pour lui parler de sa révélation et lui demander s’il accepterait de participer à son financement. Bien lui en a pris, puisqu’il a accepté de participer à hauteur de 90 % de l’ensemble, le reste ayant été assuré par la classique voie des dons.
Demain, changement de décor, nous passons de l’autre côté du miroir… Silence radio pendant une bonne semaine .
10 Octobre – C’est parti !!
Ça y est, après une semaine pas vraiment de tout repos, nous avons accueilli notre ami le Docteur Pilou à l’aéroport de Chiang Mai samedi soir (heureusement qu’il est venu en avion, car toutes les routes sont inondées !!) et prenons ce matin la route de Tam Lod, dans la province de Mae Hong Son, pour une nouvelle mission quelque part en montagne.
Les filles trépignent d’impatience depuis plusieurs jours à l’idée de retourner au Cavelodge, il est vrai que c’est l’endroit de Thaïlande où nous avons passé les plus longues et les meilleures périodes de vacance et que c’est devenu un peu notre deuxième “chez nous”.
Si vous voulez avoir un avant-goût du paradis, c’est là qu’il faut commencer. Il existe depuis peu un groupe Facebook qui a été créé par John, le fondateur du Cavelodge qui vit en Thaïlande depuis 30 ans, et où chacun peut poster ses photos et ses meilleurs souvenirs.
Aucun séjour dans cette guest-house mythique ne peut être envisagé sans une visite à l’école de Ban Huoi Haeng, d’autant plus qu’un nouveau projet vient d’y être réalisé avec l’aide de l’association Action Rotary Est et les jeunes de l’Interact. Nous devrions le découvrir dans les jours qui viennent, je le présenterai bien évidemment dans un prochain billet.
En attendant, nous allons savourer la route aux 1500 virages avec ses paysages fabuleux, ses marchés montagnards et ses rencontres inattendues…
8 Octobre – Lycée français de Bangkok, 4ème partie…
…et vraisemblablement la dernière.
Oui, je sais. Il aura fallu le temps pour “pondre” cette 4ème partie. Enfin les idées étaient là depuis longtemps, la forme aussi, le seul problème était… le temps (toujours lui !!). J’avais commencé à rédiger ce billet il y a quelques temps déjà et j’en suis au troisième changement de date. Bon, il faut dire qu’il y a eu l’anniversaire de Naomi en cours de route !!
Le sujet continue cependant de susciter un intérêt certain aussi bien en Thaïlande qu’auprès d’autres migrants ‘Franco-Quelque chose’ qui rencontrent la même problématique (j’en profite pour saluer au passage Cédric, un alsacien qui vit à Taïwan et qui parle le mandarin*), au point que certains qui désespéraient de pouvoir lire la suite m’ont envoyé un courriel ou même directement téléphoné !!
Je précise donc une nouvelle fois que je n’ai nullement la prétention d’être un spécialiste et – surtout – je ne connais pas LA solution idéale pour chaque situation spécifique. Je ne suis pas non plus “consultant” en éducation/scolarisation et ne connais pas les tarifs de toutes les écoles bilingues de Bangkok et encore moins leurs conditions d’admission. Au travers de ces 4 billets, j’ai simplement essayé d’exposer notre propre démarche résultant de nos propres réflexions et, surtout, en l’absence de toute contrainte géographique résultant d’une activité professionnelle.
Pour relire les trois premiers articles, cliquez sur les liens ci-dessous :
1 – Ah bon, vos enfants ne vont pas au Lycée français ?
2 – Métisses et fières de l’être
3 – Bilinguisme, trilinguisme, etc.
Si les premiers billets concernaient surtout l’éducation proprement dite ainsi que la construction de la personnalité et l’acquisition des langues au cours des années maternelles et primaires de la scolarisation, je vais maintenant aborder un autre facteur auquel je n’avais pas du tout pensé au départ (je vous avais bien dit que je ne suis pas un spécialiste !!) et qui peut s’avérer extrêmement important pour l’avenir socio-professionnel de notre progéniture : les réseaux !!
En clair : l’environnement humain au sein duquel se déroulent les études, le tissu relationnel que l’on construit pendant les années de lycée et d’université, les copains/copines que l’on retrouvera des années plus tard pendant sa vie professionnelle, ces amitiés plus ou moins durables, plus ou moins sincères, qui peuvent devenir très précieuses au cours de la future vie d’adulte. Et s’il est un endroit où le tissu relationnel est important, c’est bien la Thaïlande. Si l’on va à l’école avec des enfants de fonctionnaires, il y a de fortes chances pour que l’on devienne soit aussi fonctionnaire. Si ce sont des enfants de commerçants ou de médecins, on se sentira plutôt attiré par les carrières dans le secteur privé.
Si l’école actuelle est (presque) parfaite pour ce qui est du cycle primaire, nous avons constaté que les classes secondaires semblaient plus ou moins délaissées et qu’aucun effort n’était vraiment entrepris pour les développer. Avec une moyenne de 10 élèves par classe et aucun professeur thaïlandais à plein temps, elles nous font plutôt penser à une solution de secours pour ceux qui n’ont vraiment aucun autre choix. L’un des directeurs me l’avait d’ailleurs clairement conseillé : si vous souhaitez un enseignement secondaire de qualité, essayez de chercher ailleurs. En ajoutant à cela que certains élèves du secondaire mènent déjà leur propre carrière dans la chanson ou dans la mode et ne viennent que pour faire acte de présence, l’impression générale est plutôt du genre “nous avons des classes secondaires pour vous dépanner si vraiment vous n’avez pas d’autre solution !!”.
Pour revenir au facteur relationnel, aux fameux “réseaux” que se construisent les lycéens, il nous a donc semblé nettement préférable d’essayer de trouver pour nos filles un établissement à la fois à la taille plus conséquente, avec un cycle secondaire digne de ce nom et offrant plusieurs options pour le secondaire supérieur (science, littéraire, etc.), toujours avec une forte proportion de métis (un aspect évoqué dans mon 2ème billet à ce sujet), toujours avec de VRAIS professeurs anglophones, le tout dans un environnement à la fois studieux et ludique qui offrira à nos filles les bases nécessaires à la construction d’un tissu relationnel intéressant. De plus, lorsqu’on leur demande quelle école elles fréquentent, elles peuvent ressentir une certaine fierté à annoncer le nom d’un établissement qui les identifie à un milieu donné.
Un autre aspect, qui rejoint un peu ce que j’évoquais déjà à la fois au sujet de leur caractère métis et de la pratique de plusieurs langues, concerne la multiplication des expériences sociales et l’élargissement de leur champ de vision. En clair, leur offrir l’occasion de côtoyer un éventail social le plus large possible afin qu’elles se sentent à l’aise partout où elles iront sans jamais éprouver le moindre complexe et optimiser ainsi leur faculté d’adaptation. Il faut donc éviter un cloisonnement excessif dans un milieu socio-culturel donné, du genre ne fréquenter que des enfants des classes aisées, que des occidentaux, que des thaïs, que des francophones, etc. Leur future réussite socio-professionnelle sera d’autant plus favorisée qu’elle pourront naviguer avec aisance d’un milieu à l’autre, de manière quasi-instinctive puisque c’est ce qu’elles auront connu pendant leurs années d’école et de lycée.
Je vais citer ici deux anecdotes assez significatives, chacune concernant des enfants/adolescents issus de milieux sociaux très différents.
La maman d’une copine de classe discutait un jour avec Pong au sujet de nos filles et lui faisait part de son admiration devant leur débrouillardise et leur autonomie. Elle s’est ensuite mise à parler de son propre neveu, âgé de 12 ans, qui ne savait toujours pas lacer seul ses chaussures et qui, lorsqu’il veut chercher une boisson au réfrigérateur, se tient debout devant de celui-ci et appelle la bonne pour qu’elle vienne lui ouvrir la porte. Il faut dire que les parents sont quasiment absents de sa vie, toujours en train de travailler, et qu’il a son propre chauffeur et sa bonne à sa disposition depuis son plus jeune âge.
C’est la progéniture type d’une famille aisée sino-thaïe qui recevra (pas qui “obtiendra”) tous les diplômes qu’il souhaite (enfin tant qu’il reste à l’intérieur de la Thaïlande où l’argent de papa pourra les lui payer), son avenir professionnel est vraisemblablement tout tracé et il n’aura besoin d’aucune compétence particulière à part celle de savoir aboyer des ordres pour reprendre la tête de la société familiale.
Autre ambiance, autre univers : Lorsque de nouveaux élèves arrivent à l’école de Ban Huoi Haeng (voir l’onglet “Nos projets” ci-dessus), Mr Pimook et les professeurs désignent des élèves plus âgés pour s’en occuper et leur montrer le fonctionnement de l’école. On peut ainsi assister à des scènes extraordinaires où l’on voit des bambins de 5 ans à peine faire preuve d’un niveau d’autonomie hors du commun en allant laver leur gamelle après leur déjeuner ou encore des enfants de 8 ou 9 ans laver à tour de rôle le linge des plus petits. Un apprentissage de la vie très précoce qui sert aussi, quelque part, de sélection naturelle puisque les petites écoles de montagne en font pas la course aux résultats.
Bien évidemment, il y aurait encore beaucoup à dire et le débat reste entièrement ouvert. L’éducation reste un sujet passionnant et qui exigence une grande vigilance de la part des parents, surtout dans les sociétés ultra-libérales comme en Thaïlande où c’est le gain financier qui prime avant toute chose.
J’ai essayé au travers de ces quatre billets d’aborder les points les plus importants propres à l’éducation des enfants métis et en résumant présentant notre propre expérience, une expérience qui va se poursuivre à la prochaine rentrée scolaire dans une ville de taille moyenne, nettement plus saine et plus sécuritaire que Bangkok pour les adolescentes que seront bientôt nos filles :
VAREE CHIANGMAI SCHOOL
An Education Beyond Tomorrow
* Non, le mandarin n’est pas le mâle de la mandarine.
7 Octobre – Louer une maison à Chiang Mai
Venant de passer presque une semaine complète à la recherche de notre future résidence, nous avons non seulement pu admirer l’infini patience dont ont su faire preuve nos filles (essayez de visiter une moyenne de 4 maisons par jour avec deux piles électriques de 10 et 12 ans !!), mais aussi acquérir une certaine expérience – je dirais même une expérience certaine – dans le domaine du marché immobilier locatif en Thaïlande.
Bien qu’ayant déjà fait nos “premières armes” dans ce domaine à Bangkok, nous avions cette fois décidé de prendre notre temps, et même en sachant pertinemment que la probabilité de trouver notre résidence idéale était très faible, nous voulions tout de même essayer de nous en approcher le plus possible. Notre objectif est, en effet, d’y rester au moins pour les 8 années à venir, c’est-à-dire jusqu’à la fin des études secondaires de Naomi, notre cadette.
Nous recherchions une maison disposant d’au moins 4 chambres à coucher de grande taille, en plus bien sûr d’un grand salon, d’un jardin et si possible partiellement meublée, dans une zone non inondable (facile à trouver en ce moment !!) et pour un budget maximum de 20 000 THB/mois (environ 500 Euros). En gros l’équivalent d’une 6 pièces – cuisine – salle de bain en France. Là où ça se compliquait c’est que nous ne souhaitons commencer le contrat de location qu’à partir du 1er mars 2012, il fallait donc pouvoir négocier avec le propriétaire. Mais l’offre étant nettement supérieure à la demande et les propriétaires, souvent investisseurs, souhaitant rentabiliser leur bien, le locataire se retrouve facilement en position de force dans la négociation.
Voulant tout de même mettre toutes les chances de notre côté, nous avons utilisé les 4 méthodes possibles :
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Les amis, le bouche à oreille
Pong avait passé le mot depuis plusieurs mois déjà et bien évidemment tout le monde connaissait quelqu’un qui a une maison à louer à Chiang Mai !!
Il faut savoir qu’en Thaïlande, il est d’usage pour celui ou celle qui met en relation deux personnes dans une affaire qui aboutit reçoit généralement une commission. J’avais constaté le même phénomène lorsque nous avions décidé de changer de voiture il y a presque 4 ans : des “amis” qui apparaissaient soudain en annonçant pouvoir obtenir un excellent prix auprès du concessionnaire local.
Après avoir passé plusieurs coups de fil le jour même de notre arrivée, nous avons très vite constaté que cette méthode n’aboutissait à rien, les “amis des amis des amis” n’ayant pas vraiment compris notre demande… -
Les petites annonces (très peu courant en Thaïlande)
Les Thaïlandais ont très peu l’habitude d’avoir recours aux petites annonces lorsqu’ils veulent vendre ou louer un bien, mais il existe tout de même quelques sites dont un très important site anglophone. Nous avions ainsi sélectionné quelques annonces et avions même trouvé une maison qui correspondait <presque> à notre critères. -
Les agences immobilières
Je consultais régulièrement quelques sites d’agences depuis plusieurs mois et j’ai finalement pris contact avec deux d’entre elles. La première nous a fait comprendre qu’elle ne voulait avoir à faire qu’à des locataires potentiels immédiats (et pas en mars de l’année prochaine) et la deuxième ne nous a présenté que des maisons à 20 000 THB, parfois plus malgré notre refus, mais une seule de 4 chambres, toutes les autres en faisant moins !!
Apparemment ils n’avaient retenu que le critère “20 000 THB maximum” et oublié les autres. Ça me rappelle il y a quelques années je voulais acheter un DVD, mais le seul disponible était seulement en langue Thaï. Le vendeur m’a sorti la moitié de son stock de DVD en version anglaise sans vraiment comprendre pourquoi je voulais un film bien précis… -
Le porte à porte
C’est la méthode traditionnellement utilisée par les Thaïs, c’est avec cette méthode que nous avions trouvé notre maison actuelle à Bangkok et c’est aussi avec cette méthode que nous venons de trouver notre future maison à Chiang Mai.
En gros, ça consiste à circuler dans le quartier où l’on souhaite trouver sa maison et à se renseigner auprès des gardiens de lotissement, des petits commerçants, etc. en plus des pancartes apposées directement sur les clôtures des maisons à louer.
C’est finalement par cette méthode que nous avons trouvé la maison qui se rapprochait le plus de ce que nous recherchions, avec même des atouts supplémentaires auxquels nous n’avions pas pensé au début.
Pour terminer, voici deux exemples de ce que nous avons pu rencontrer cette semaine :
Une maison immense – plus de 350 m² – avec un local séparé qui aurait pu faire un bureau très spacieux. Superbe mobilier en bois dans les 3 chambres à coucher du 1er étage, une chambre d’amis au rez-de-chaussée, une cheminée pour les fraîches soirées d’hiver, située pas très loin de l’école.
Le gag : pas de cuisine !!
Oui, vous avez bien lu : il n’y a pas de cuisine. Juste un évier en inox à l’extérieur et un gros réchaud à gaz (même pas une cuisinière). Bon, nous aurions éventuellement pu faire installer une cuisine intégrée, le propriétaire aurait été d’accord, mais il y a un autre inconvénient majeur : cette maison est en plein dans l’axe de piste de l’aéroport, à moins de 5 km de celui-ci. Avec en plus Pong qui m’a fait remarquer plusieurs fois qu’il y a beaucoup de surface à nettoyer (ben oui, il y a ça aussi !!) et ne voulant pas dépenser une fortune à la fois en boules Quiès et en produits de nettoyage, nous avons finalement renoncé.
L’une des maisons présentées par l’agence. Très belle vue sur le Doi Suthep, la montagne qui domine Chiang Mai, un beau petit jardin, une dépendance séparée qui aurait pu me servir de bureau.
Mais ce qu’ils nous ont présenté comme les 2 salles de bain ressemblait plus à des placards à balais dans lesquels on avait placé une bassine d’eau, avec en plus deux toute petites chambres à coucher seulement et un salon tout aussi minuscule, pas vraiment ce que nous avions demandé. Ah si : elle correspondait à UN critère : 20 000 THB/mois !!
En ajoutant à cela un inextricable enchevêtrement de ruelles plus étroites les unes que les autres pour y parvenir depuis la grande route (j’ai mis presque 1/2 heure pour retrouver la sortie !!), nous avons alors définitivement pris congé de la dame de l’agence qui nous a tout de même rappelé 3 fois pour nous annoncer qu’elle en avait trouvé une autre.
Et finalement celle que nous avons choisie, après y être retourné pour une deuxième visite de confirmation. Une construction qui a 2 ans seulement dans un lotissement très récent et que son propriétaire, qui habite dans le centre du pays, a fait construire pour sa future retraite.
Le loyer est nettement – même très nettement – inférieur au maximum que nous nous étions fixé et les 3 grandes chambres à coucher du 1er étage feront le bonheur non seulement des parents, mais aussi de nos 2 futures pré-adolescentes qui ont déjà annoncé vouloir chacune la leur !! (ben oui, ça grandit encore à cet âge-là)
L’avantage incontestable est sa situation dans un lotissement “à l’américaine” dont l’accès est contrôlé, avec de larges rues dans lesquelles les enfants peuvent jouer sans crainte des voitures. De plus, ce “village”, qui se trouve au milieu des rizières à 10 km seulement du centre ville, est desservi par le minibus de ramassage de la future école des filles et elles y retrouveront donc plusieurs de leurs futur(e)s copains/copines de classe.
Un autre aspect est le “feeling” – ou ressenti – par rapport au propriétaire, mais aussi au voisinage. La majorité des échanges ayant eu lieu en Thaï, Pong s’est tout de suite sentie très à l’aise, contrairement à une autre maison, par exemple, dont le propriétaire sino-thaï affichait l’arrogance caractéristique des chinois de Bangkok en perpétuelle recherche du gain financier.
Bon, maintenant, il va falloir commencer à faire les cartons en rentrant à Bangkok.
Mais avant, il y a encore 2 semaines de montagne qui nous attendent, avec quelques prochains billets qui devraient être plutôt intéressants.
5 Octobre – Anniversaire
Après un mois de septembre des plus chargés, les préparatifs de notre voyage en montagne de la semaine prochaine et notre recherche d’une maison pour notre futur déménagement à Chiang Mai, je n’arrive plus à trouver le temps de rédiger des billets.
Alors voici quelques photos prises aujourd’hui pour un évènement très spécial : les 10 ans de Naomi, notre fille cadette. Ça a été une grosse surprise pour tout le monde, je n’avais rien à dit à personne, je leur avais simplement demandé d’être prêts pour 9H00 ce matin.
Devant l’engin. Notre pilote, très sympathique, est un ancien militaire qui a 30 ans de carrière et 9000 heures de vol sur différents hélicos (et seulement 40 heures de vol sur avion !!).
Check-list avant décollage : ça me rappelle des souvenirs.
Au-dessus des villages…
… et des rizières
Le barrage de Mae Kuang, au nord-est de Chiang Mai
C’est l’un de ceux qui a du être délesté la semaine dernière et qui a provoqué l’inondation du Night Market.
En cours de vol, les filles qui ont récemment étudié les nuages à l’école, ont eu envie d’aller voir les cumulus de plus près.
Mais à l’approche de la ville, nous sommes redescendus à 500 pieds-sol (env. 150 mètres). Ici, le périphérique et la route qui va vers Mae Rim, au nord.
Inimaginable en Europe où la règlementation impose une hauteur de survol minimale pour cause de nuisances sonores.
Survol du carré central, la partie historique de la ville.
Pour finir, un passage au-dessus de leur future école : Varee Chiang Mai School. Nous les avons inscrites lundi, un examen d’évaluation aura lieu le 26 novembre et confirmation de l’admission 2 semaines pus tard.
J’ai demandé poliment, mais ils n’ont pas voulu me donner les clés !!
Pour ceux qui souhaitent s’offrir ce genre de balade aérienne cliquez sur ce lien : Advanced Aviation. Ce sont des machines Eurocopter très récentes, pilotes formés en France (cocorico !!).
Pour le reste, nous avons – presque !! – trouvé une maison, encore 2-3 visites pour être sûrs, je devrais donc de nouveau trouver un peu de temps pour des billets plus réguliers.