18 Juillet – Weekend bouddhiste (la suite…)
Le “carême” bouddhiste commence le lendemain d’Asalaha Bucha et le premier jour de cette période de trois mois, ou plus exactement trois lunes, a pour nom Kao Pansa.
Il ne s’agit en fait pas vraiment d’un carême au sens judéo-chrétien du terme, avec privations/restrictions alimentaires en tous genres, mais plutôt d’une période de retraite au cours de laquelle les moines se doivent de passer toutes leurs nuits au temple qu’il auront choisi comme résidence au début de ce trimestre.
L’explication historique à cet usage est en fait des plus simples : défense de marcher sur les plates-bandes !!
Un peu plus sérieusement, les moines avaient et ont toujours pour habitude d’aller à la rencontre des populations afin de diffuser les enseignements du Bouddha. Pour ce faire, ils parcourent le pays et changent régulièrement de temple. Or, la mousson correspond aussi à la saison pendant laquelle les paysans ensemencent les rizières en préparation des nouvelles récoltes et il arrivait assez fréquemment que les moines écrasent les jeunes pousses de riz en marchant dessus par mégarde (les routes étaient inexistantes il y a 2600 ans !!). Les paysans sont donc allés trouver le Bouddha pour se plaindre des dégâts ainsi provoqués, lequel a alors demandé aux moines de respecter ces trois cycles lunaires de “vie sédentaire”.
En réalité, les moines peuvent très bien sortir du temple tous les matins pour leur quête quotidienne, ils prennent leurs repas comme le reste de l’année, peuvent se rendre auprès de telle ou telle famille qui souhaite leur présence pour un évènement important (mariage, nouvelle maison, etc.), participer à des cérémonies, mais ils doivent obligatoirement regagner le même temple en fin de journée et y passer leurs nuits pendant ces trois mois.
Pour marquer cet évènement, les fidèles ont pour habitude d’aller offrir au temple une bougie qui restera allumée pendant toute la période du carême, ou plus exactement de la retraite saisonnière de la mousson. Il s’agit généralement d’une bougie sculptée, parfois magnifiquement, dont les dimensions peuvent être imposantes et le poids conséquent. Cette bougie géante est souvent offerte collectivement par une entreprise locale, un club du village, une école, etc. dont les membres font trois fois le tour du temple en portant (à plusieurs !) la bougie en question.
Tout le monde entre ensuite dans la chapelle du temple où attendent les moines, des soutras sont récités (les soutras sont les écrits qui retranscrivent la parole du Bouddha), le moine supérieur donne sa bénédiction à l’ensemble de l’assemblée puis invite le Farang qui essaie de se cacher à venir allumer la bougie !!
La période de la retraite bouddhiste est également celle choisie par de nombreux jeunes hommes pour se faire ordonner. Chaque garçon/homme thaïlandais a le devoir d’être moine pendant quelques jours/semaines/mois/années (au choix !) de sa vie, la raison essentielle étant la reconnaissance à sa mère. En effet, les femmes ne peuvent pas devenir moines et le fils permet ainsi à sa mère d’acquérir des mérites en entrant dans les ordres pour une période donnée. Certains le restent pendant les trois mois, d’autres y prennent goût et restent moine pendant plusieurs années, d’autres enfin se limitent au minimum imposé de 7 jours, peut-être tout simplement parce qu’ils ont déjà une vie professionnelle et ils ont pris un congé de 7 jours spécialement à cette occasion.
Encore une fois simplement et efficacement expliqué, bravo !